Choisir le sexe de son enfant : il suffit d’aller ailleurs

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Le Figaro raconte l’histoire d’une famille de Lyon : le père, la mère et leurs trois filles. Le couple voudrait que cette famille grandisse, mais avec la certitude que le nouveau-né soit un garçon. Le couple part une semaine à Chypre et, dans l’enclave turque de l’île, Madame suit un parcours de fécondation in vitro (FIV) avec diagnostic préimplantatoire (DPI). Elle retourne ensuite en France, enceinte d’un garçon. Le coût est de 7.400 euros, hôtellerie comprise. Eh oui, les cliniques s’occupent de « packager » au mieux leurs offres, pour la satisfaction de leurs clients. Bien sûr, il est illégal en France d’user du DPI pour sélectionner un embryon à implanter en fonction du sexe. Pour l’instant.

Le désir d’engendrer un enfant est naturel, et sans doute même instinctif, que l’on soit homme ou femme. Il n’est pas de jugement à porter a priori sur ce désir. Mais est-il légitime de tout désirer dans les moindre détails, d’abandonner les ornières de l’inconnu pour n’emprunter que les chemins trop bien balisés d’un avenir planifié ? Est-il légitime d’attendre de la technique qu’elle repousse les limites que la nature a fixées ? La technique et l’aisance économique ouvrent les chemins de l’omnipotence, la capacité de tout faire, ou presque. L’orgueil de l’homme en est flatté : il est en situation de contrôle. Mais les dégâts collatéraux sont immenses.

L’enfant, d’abord : il n’est accepté qu’à la condition que son sexe soit conforme à l’attente de ses parents. Demain, de nouveaux critères seront utilisés pour trier les embryons, la couleur des yeux, la carnation, la couleur des cheveux, par exemple. L’enfant à naître, objet du désir projeté par ses futurs parents, doit cocher les bonnes cases pour faire leur bonheur, alors si des techniques permettent d’obtenir un meilleur score, pourquoi s’en priver ?

La médecine, ensuite : elle se fourvoie en permettant que des techniques élaborées pour soigner l’infertilité soient détournées, dévoyées à des fins qui n’ont rien de médical et tout de commercial. Au secours, François Rabelais, tes confrères d’aujourd’hui ont oublié que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » !

Ces instrumentalisations manifestes des enfants à naître comme de la médecine déshumanisent notre société. Que la France soit, à ce jour, un peu mieux préservée que d’autres pays plus ou moins civilisés ne change rien à ce constat.

Depuis longtemps, déjà, les futurs parents chinois choisissent le sexe de l’enfant en avortant les fœtus de sexe féminin. Il en résulte un déficit de quarante millions de femmes, soit 3 % de la population. En France, 96 % des trisomiques subissent une interruption médicale de grossesse. Mais si l’on ose le mot eugénisme, les progressistes sourcilleux lèvent les boucliers et poussent des cris d’orfraie, niant la réalité de ce qui se pratique déjà. L’avortement sélectif, la PMA et le DPI, c’est en quelque sorte l’eugénisme du Meilleur des mondes et de Bienvenue à Gattaca, ce n’est pas mieux que les Lebensborn, et c’est aujourd’hui !

Je ne sais pas à quoi ressembleront les débats autour de la révision de la loi de bioéthique. PMA, GPA, DPI, autoconservation ovocytaire, filiation, insémination post-mortem, embryon : j’aimerais tant qu’au lieu d’être abordés comme des DROITS reproductifs, l’angle choisi soit celui de la RESPONSABILITÉ, tant vis-à-vis des enfants à naître que du bien commun. S’aligner sur le moins-disant éthique de l’étranger pour relocaliser en France un eugénisme par nature totalitaire ne devrait pas être l’ambition d’une nation civilisée. Corollaire indispensable : quand accepterons-nous de vivre en risque, avec toutes les incertitudes que cela implique ? Dans les affaires, le risque, c’est autant la menace que la chance.

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