Chrétiens d’Orient : l’exil comme issue ?
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La démographie se nourrit de chiffres qui reflètent des faits mesurables. Les minorités religieuses ne trouvent plus, au Moyen-Orient, de raisons suffisantes de rester sur place. Les guerres étrangères ou civiles et l’insécurité ont raison de l’attachement légitime à une terre où leurs aïeux ont vécu. C’est devenu trop dangereux. Il faut partir pour tenter de vivre.
L’Histoire est aussi faite d’exils. La famine pousse à chercher ailleurs la nourriture que ne donne plus une terre tarie, c’est le départ de la tribu de Jacob en Égypte. Le vainqueur chasse le vaincu, c’est la conquête de Canaan par Josué. Ou alors il l’asservit et le déporte quand, par exemple, les juifs se retrouvent en Babylone ou sont déportés dans l’Empire romain par Titus victorieux. Notre histoire récente a vu aussi des exils : le rapatriement des pieds-noirs chassés du Maghreb ; les « boat people » réfugiés de guerres cruelles au Vietnam, au Laos, au Cambodge ; les migrations d’Afrique du nord ou subsaharienne en Europe pour y constituer un sous-prolétariat européen, faute d’un développement autochtone à même de faire vivre un continent en explosion démographique ; les réfugiés des trop nombreuses guerres du Moyen-Orient depuis (entre autres facteurs d’explication possible) qu’un islam radical et impérialiste, qu’il soit chiite ou sunnite, y a droit de cité. Il serait incomplet de ne pas aussi mentionner ici que notre veulerie et notre égoïsme de nations occidentales nous font privilégier nos approvisionnements en pétrole à l’intérêt des populations locales à vivre dans la paix et la prospérité.
Les Églises d’Orient sont nombreuses et diverses, une mosaïque qui a su préserver au cours des siècles des identités ancrées dans des territoires parfois grands comme des mouchoirs. Elles vivent au quotidien sous des persécutions, à des degrés divers : au Pakistan, combien d’Asia Bibi sont en prison sans bénéficier du soutien médiatique qui, in fine, a permis sa libération ? Dans d’autres pays du Moyen-Orient, la situation est moins dangereuse, mais est-elle satisfaisante, la liberté de conscience et de culte en toute sécurité est-elle garantie ?
Et nous, quels secours concrets apportons-nous à ces frères en humanité et parfois aussi dans la foi, ainsi qu’aux autres minorités persécutées ? Les quelques manifestations autorisées ou non, les discours et les appels à l’aide ne sont-ils pas dérisoires ? Qu’il soit ici permis de rappeler l’attitude jalouse de l’organisation du semi-marathon de Paris, exaspérée, il y a peu d’années, par la mobilisation des associations dont SOS Chrétiens d’Orient qui avait fait tant de bruit médiatique et sur les réseaux sociaux, lui laissant la portion congrue dans la bataille du buzz.
En ce jour de Noël, les chrétiens célèbrent l’incarnation de Dieu dans une condition d’homme fragile, pauvre et démuni : un enfant, Jésus. Dans l’évangile de Matthieu, au chapitre II, cet enfant est emmené par ses parents Marie et Joseph en exil en Égypte pour fuir la persécution d’Hérode. S’il est légitime, aujourd’hui, de questionner la politique d’immigration désordonnée en vigueur chez nous depuis des décennies, il convient de se poser aussi la question suivante : qu’avons-nous fait qui était en notre pouvoir et de notre responsabilité pour leur permettre de vivre en paix et dans la prospérité chez eux ?
Aussi joyeux Noël que possible à eux et à nous. Paix aux hommes de bonne volonté.
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