Christophe Castaner est passé au tableau… puis mis au piquet. Si on arrêtait (enfin) la com’ ?
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Toute la presse en bruit, les réseaux sociaux aussi : le passage de Christophe Castaner dans l’émission « Au tableau » sur C8.
On connaît le principe : un politique - en l'occurrence un ministre - passe devant une classe d’enfants âgés de 8 à 12 ans, censée lui poser des questions qui fâchent avec l’ingénuité qui caractérise leur âge. C’est le « Dessine-moi un mouton » version télévisuelle, avec ce présupposé saint-exupérien que l’enfant serait plus franc, clairvoyant, philosophe, qu’il verrait mieux avec le coœur « l’essentiel [qui] est invisible pour les yeux ».
Sauf qu’évidemment, il ne s’agit pas d’une vraie classe, que les questions ne sont pas spontanées - puisqu’elles ont été vues en amont avec des adultes préparant l’émission - et que, de ce fait, elles ne « fâchent » pas vraiment. On en a gommé toutes les aspérités pour ne laisser poindre qu’une impertinence sous contrôle, celle très respectueuse du premier de classe qui a bien appris sa leçon. C’est, d’ailleurs, toujours le politique - tel un professeur - qui a le dernier mot. Une fois la question posée, l’enfant n’y revient plus.
Le moyen de faire autrement ? Laisser la bride sur le cou aux petits chenapans susciterait un beau bobinard. Mais convenons que l’exercice est aussi spontané que dans les années 40, quand une petite fille en chaussettes et manteau anglais avec un gros nœud-nœud dans les cheveux allait tendre un bouquet de fleurs au préfet de passage en récitant son compliment.
Le politique qui alterne sourire, blagounettes et pédagogie bienveillante offre l’image d’une « belle personne », puisqu’il est gentil avec les enfants.
Christophe Castaner confie, à leur demande, la genèse du petit nom dont on l’a entendu affubler Édouard Philippe - "mon poulet" -, dit que s’il devait donner un surnom à Laurent Nuñez, ce serait "ourson" (et Benalla, "serpent" : forcément, c’est moins mignon). La prochaine étape de tout cela se déroulera sans doute à la crèche, à faire des galipettes sur le tapis d’éveil, en expliquant, le pouce dans la bouche, pourquoi son doudou s’appelle Dédé.
Et c’est toujours du ton le plus patelin que Christophe Castaner - se présentant comme le ministre du « vivre ensemble » - s’est exprimé… sur les gilets jaunes. On sent qu’il veut rester mesuré, prenant garde de ne pas froisser, mais tout y est, du prosaïsme des revendications des gilets jaunes comparé à la grandeur de Mai 68, qui a "changé le regard sur la vie", aux menaces reçues par sa famille… en passant par la justification des tirs de LBD - "On a eu une dizaine de tirs où, par accident, il y a eu des tirs sur le visage" -, croquis des parties du corps susceptibles d’être visées à l’appui, alors que l’IGPN n’a pas rendu les conclusions de ses enquêtes, quand le mouvement des gilets jaunes n’est même pas terminé. Bref, alors que nul n’a le recul pour évoquer objectivement ces sujets.
Les réactions sur les réseaux sociaux sont, évidemment, très vives : on met sa progéniture à l’école pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Pas pour qu’elle fasse ce genre de travaux dirigés.
Face à la levée de boucliers, la production de l’émission a dû se justifier, expliquant que l’idée d’aborder la question des LBD venait des écoliers.
Et hop, une nouvelle opération de com’ qui fait flop...
Puisqu’il est à la mode, en cette période de grand débat, de dénoncer les gabegies, je proposerais bien une petite économie supplémentaire : supprimer - ou réduire drastiquement - le budget communication du gouvernement. Pour mettre un terme aux plumes, aux nez rouges, aux petites phrases punks et autres excentricités fruits d'une créativité débridée. Refaire de nos politiques d'austères hommes de dossiers, enfermés dans leur bureau avec experts et conseillers. Ils auront peut-être, comme jadis, la mine aussi sombre que leur costume et, avec leurs administrés, un peu plus de distance… mais c’est peut-être celle-ci - quand elle est jointe à des résultats concrets - qui suscite ce fameux respect oublié ?
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