« Christophe Colomb est de retour » : une nouvelle claque de Trump aux wokistes

Cela ne va plaire ni aux wokistes, ni aux militants Black Lives Matter, ni aux indigénistes, ni aux démocrates peureusement à la traîne des uns et des autres. « Christophe Colomb est de retour », a annoncé Donald Trump. Comme celui-ci ne fait jamais les choses à moitié, ce sera même « un retour en force »!

Quand Floyd détrônait Colomb

En 2020, après la mort de George Floyd, Colomb avait été chargé de tous les péchés de la race blanche. Les villes de Chicago, Boston et San Francisco avaient démonté les statues du « révélateur du globe » (comme écrivait Léon Bloy), tandis que des manifestants renversaient celle de Baltimore et en jetaient corps et morceaux dans le port. Ailleurs, Colomb était décapité. Alors président, Trump avait dénoncé les « militants radicaux » et un type de « révisionnisme historique qui tente d'effacer Christophe Colomb de notre patrimoine national ». « Ensemble, écrivait-il, nous devons préserver notre Histoire et mettre un terme à cette nouvelle vague d'iconoclasme en nous dressant contre ceux qui propagent la haine et la division. »

Loin d’avoir cette vision courageuse de l’Histoire, Joe Biden, l’année suivante, se couchait. Il n’alla pas jusqu’à supprimer la traditionnelle Journée Christophe Colomb (Columbus Day, le deuxième lundi d’octobre), mais institua que ce jour devienne « en même temps » la Journée des Peuples indigènes, laissant chaque État libre de fêter l’une ou l’autre, ou les deux. Trump abroge cette situation bâtarde. « Je rétablis par la présente le Jour de Christophe Colomb selon les mêmes règles, dates et lieux qui ont été les siens pendant de nombreuses décennies dans le passé », a-t-il publié, sur son réseau Truth Social, message relayé sur X.

Colomb, un migrant italien comme tant d’autres

La mise en cause du Columbus Day par les radicaux et Joe Biden était d’autant plus incongrue qu’à l’origine, cette fête était — pourrait-on dire — immigrationniste. Colomb était italien (les récents doutes jetés sur cette origine n’ont pas convaincu) et sa fête fut instituée en 1892 pour défendre les immigrés américains d’origine italienne. Ils formaient une communauté à la fois nombreuse et menacée. « Le lynchage massif de 11 Italo-Américains à La Nouvelle-Orléans en 1891 a été à l'origine de cette fête. Les Italo-Américains constituaient le deuxième groupe ethnique le plus lynché aux États-Unis », écrit le site de la Société culturelle italienne de Caroline du Nord, dans un fier plaidoyer de défense de leur grand homme.

Les Américains d’origine italienne sont donc, plus que d’autres, très attachés au Columbus Day. En 2021, ils ont pris la décision de Joe Biden pour ce qu’elle était : une remise en cause des « racines européennes et immigrées de l’Amérique » qui les invisibilise en tant qu’ethnie. Voir dans cette fête une célébration de l’homme blanc colonisateur est une inversion historique, alors que cette fête célèbre d’abord le migrant qui part à l’aventure. « Nous partageons le même optimisme qui a conduit Christophe Colomb à la découverte du Nouveau Monde », rappelait Trump.

Les Indiens, des autochtones venus d’Asie

Sous le tweet de Donald Trump, les réactions sont variées. Certains se réjouissent : « J'ai voté pour ça », dit l’un. D’autres écrivent que Colomb n’a pas découvert l’Amérique, puisque des peuples indigènes y étaient déjà présents. Curieux argument. Les Indiens ont expérimenté, dans leur chair et dans leur existence en tant que peuples, un avant et un après qui rend la découverte très concrète. Eux-mêmes, s’ils avaient traversé l’Atlantique, auraient découvert l’Europe.

La Société culturelle italienne de Caroline du Nord rappelle aux Indiens qu’à la base, eux aussi étaient des migrants, venus d’Asie. « Natives » (« autochtones »), certes, mais à l’ancienneté. En restaurant la Journée Christophe Colomb, Trump entend réaffirmer cette longue histoire migratoire qui est celle du continent américain, et des États-Unis particulièrement. D’une pierre deux coups : il adresse aussi un message de sympathie aux électeurs d’origine italienne qui sont parmi ses plus fidèles soutiens.

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