Christophe Girard, victime collatérale de l’affaire Matzneff ?
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Lorsque la polémique et l'indignation concernant Gabriel Matzneff battaient leur plein, avec la révélation de ceux qui avaient soutenu un auteur, une œuvre et des journaux intimes se flattant sans vergogne d'actes criminels à l'encontre de très jeunes enfants, l'hésitation n'était pas de mise et la cause était juste : il fallait dénoncer cette honte et la complaisance du milieu culturel et littéraire à cet égard. Je n'en suis que plus à l'aise pour dire que trop, c'est trop.
Surtout quand, de près ou de loin, Christophe Girard, apprécié par le maire de Paris dans le secteur culturel dont elle lui avait confié la charge, n'avait pas eu la moindre chose à se reprocher dans la gestion de l'affaire Matzneff ou dans ses propos à son sujet. À la demande de Pierre Bergé, il avait octroyé une aide à l'écrivain et il avait déjeuné trois fois avec lui, sans en être l'ami, a-t-il précisé, contrairement à l'affirmation de Gabriel Matzneff, ce qui n'est pas encore interdit, que je sache, en France ! En faisant régler par la mairie trois notes de fais. Quel scandale !
Il avait été entendu comme témoin dans la procédure diligentée pour Gabriel Matzneff et ceci aurait dû dissuader Anne Hidalgo de lui renouveler sa confiance après sa réélection. Je ne vois pas pourquoi et, au contraire, il faut féliciter cette dernière pour avoir apporté son soutien jusqu'au bout à Christophe Girard. Jusqu'à sa démission. En stigmatisant l'attitude de deux femmes écologistes, dévoyant la belle cause du féminisme avec une hystérie vindicative et une intolérance faisant fi de l'équité et de l'honnêteté.
Le garde des Sceaux, questionné par ailleurs et en général, a souligné, sur BFM TV, qu'il était pour le « combat féministe » mais que « certains et certaines se comportaient comme des ayatollahs ». Parfaitement applicable rétrospectivement à l'attaque de Christophe Girard. Celui-ci, poussé à bout, a jeté l'éponge et il a bien fait.
J'ai apprécié son geste qui n'était pas dû à une quelconque faiblesse de caractère. Au contraire. « Contre la justice de la rue et des réseaux sociaux, je n'ai pas démissionné sous la pression mais parce que j'ai estimé que ce serait invivable », ajoutant qu'il n'avait pas l'intention de se laisser « emmerder » par des comptes qui lui seraient en permanence demandés alors qu'il n'avait rien à se reprocher. Fustigeant, à cause de ce processus choquant, le « retour de Robespierre », il a estimé « la démocratie en danger » et, avec cette présomption d'innocence bafouée, il se voit comme « le premier fusible, il y en aura d'autres ».
Je comprends cette lucide amertume, cette lassitude anticipée avec sa volonté de damer le pion par le haut à ses accusatrices délirantes. Le sentiment de l'injustice est le pire qui soit quand il est fondé. Je n'évoque même pas le fait que, durant la campagne municipale, entre Anne Hidalgo et les écologistes qui la soutenaient, il n'avait jamais été question de Christophe Girard et du problème qu'il aurait représenté.
À considérer l'ensemble des fidélités et des indignations liées à Gabriel Matzneff, j'avoue que le sort réservé à Christophe Girard est tout à fait scandaleux. Ceux qui n'ont pas hésité à flatter cet auteur, à lui rendre hommage, à lui octroyer des prix, en pleine connaissance de ses turpitudes puisqu'il les décrivait, au nom paraît-il de la littérature, continuent à droite comme à gauche, dans les pages culturelles, une vague repentance formulée, à afficher leur légitimité ébréchée, leur goût contestable et leur clientélisme malsain. Rien de tel chez Christophe Girard. Mais c'est lui qui a dû partir et même s'il a bien fait, il est la seule victime en l'occurrence.
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