[CHRONIQUE] 1er janvier 2025 : symbole de la « décivilisation » française

Capture d'écran présidence de la République
Capture d'écran présidence de la République

Une société qui tolère l’intolérable, qui s’habitue à ce qui ne devrait pas être habituel est-elle encore une société policée ? Ne glisse-t-elle pas de la civilisation au chaos voire à la barbarie ? Est-il normal qu’il faille mobiliser 90.000 policiers et gendarmes pour éviter le vandalisme, les violences de rue, les incendies de voitures et de poubelles, voire les pillages ? Qu’ils n’ont pu, au demeurant, totalement empêcher. Nous entrons dans une forme d’accoutumance à l’anarchie, c'est-à-dire à l’effondrement de l’autorité de l’État et à l’affaissement de la République sur elle-même.

De quoi tout ceci est-il le signe ? D’une perte de civilisation, c'est-à-dire de la situation dans laquelle une part de la population ne se sent plus tenue au respect des règles élémentaires de la vie en société : le respect des personnes, de leur sécurité, de leurs biens ; le respect de ceux qui représentent l’autorité de l’État, voire la sécurité civile et les secours.

Mai 68

Comment en sommes-nous arrivés là ? Les origines sont lointaines et domestiques. Il est intéressant d’évoquer les slogans de Mai 1968 : « il est interdit d’interdire » (boutade de Jean Yann reprise par les contestataires), « CRS SS », « on achète ton bonheur, vole-le », « autrefois, nous n’avions que le pavot, aujourd’hui le pavé », « ne négociez pas avec les patrons, abolissez-les », « vivre sans temps mort et jouir sans entrave », « le réveil sonne : première humiliation », « conjuguons le rouge et le noir »… Il est loisible à certains de sourire de ces fureurs de jeunes gens qui avaient des comptes à régler avec papa, qui se délectaient d’idéologies criminelles dont la mise en œuvre condamnaient des millions d’être humains à l’oppression, qui applaudissaient à l’effondrement du Vietnam, du Laos et du Cambodge dans la nuit totalitaire et génocidaire. Pas de quoi rire, pourtant. Mais ces jeunes gens ont empli les allées du pouvoir, des rédactions, des syndicats, de l’Éducation nationale, de mouvements associatifs. Ils ont formaté les esprits, créé des modes de penser et d’agir. L’anarchisme marxisant s’est naturellement mué en individualisme totalitaire et irresponsable et est devenu la trame de ce qu’ils appellent les « droits humains ». C’est le chacun pour soi et l’État pour tous. L’individu souverain maître de lui-même n’est plus responsable de rien mais rejette la responsabilité sur la société et ses supposées discriminations et oppressions « systémiques ». La notion même de bien commun s’est évanouie en même temps que l’idée du respect de l’autorité légitime. La civilisation européenne traduite devant le tribunal des minorités prétendument offensées et opprimées a été systématiquement déconstruite et condamnée sans appel.

Immigration incontrôlée 

Sur ce champ de ruines, une population nouvelle, nourrie de la civilisation musulmane qui, dès l’origine, fut en guerre avec la civilisation européenne, celle des roumis. Chrétienne en ses origines, qu’elle fut byzantine ou romaine. Rien ne fut fait pour ordonner, contrôler, choisir et limiter cette immigration. Il arriva ce qui devait arriver, trop souvent l’intégration se fit mal. De par la magie de lois inadaptées et d’une idéologie aussi naïve qu’irresponsable, la nationalité française fut octroyée automatiquement sans que ne soient requis ni effort, ni adhésion aux principes fondateurs de notre société, ni respect de nos mœurs. Nous avons ainsi, parfois, créé des Français « de papiers », pour reprendre une expression utilisée dans nos banlieues, qui n’aiment pas la France, à l’image de certains rappeurs. En revanche, plongés dans le bain du matérialisme d’une société sans verticalité, certains ont vite adopté le culte de l’argent, si possible facile, et se sont lancés dans le lucratif trafic de drogue. Petit commerce bien utile aux consommateurs bobos des beaux quartiers, tout autant que moyen d’acheter la paix sociale, et sur lequel les autorités ont longuement fermé les yeux.

Ainsi donc, la situation à laquelle nous devons faire face n’est nullement le fruit du hasard mais le résultat des choix d’une oligarchie politique, journalistique, administrative irresponsable ET coupable. « Tout cela finira mal », comme aurait dit Jacques Bainville, car une société décivilisée retombe en barbarie et, en fin de compte, c’est toujours l’humanité, dans sa fragilité et sa beauté, qui en fait les frais. Car la barbarie est toujours accompagnée de la cruauté et de la laideur du mal.

Et comme un symbole de tout cela, le président de la République a trouvé opportun d’inaugurer ses vœux télévisés par l’exaltation de l’inscription de l’avortement dans la Constitution. Ce qui n’est rien d’autre que de donner à l’interruption d’une vie humaine à son début - qui était une exception légalement encadrée au respect de l’humanité en son commencement - le statut d’un principe général supérieur. D’une certaine façon, le triomphe d’un principe de mort sur un principe de vie. Et c’est cela que l’on retiendra, devant l’éternité, d’Emmanuel Macron. Pour le malheur de la France, dont il n’a cure, et sans doute aussi pour le sien.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

78 commentaires

  1. Le 21ème siècle risque fort d’être celui d’un irrémédiable déclin de notre pays. Manque de lucidité de nos dirigeants, manque, de courage, idéologies mortifères, incapacité notoire d’enrayer ce déclin. Tout cela en invoquant sans cesse un État de droit, qui nous mène droit dans le mur.

  2.  » Rien ne fut fait pour ordonner, contrôler, choisir et limiter cette immigration. Il arriva ce qui devait arriver, trop souvent l’intégration se fit mal. De par la magie de lois inadaptées et d’une idéologie aussi naïve qu’irresponsable  » … « Rien ne fut fait » évidemment parce que la submersion migratoire a été planifiée : c’est un « projet » planifié : casser la matrice ethno-historique/culturelle/confessionnelle pour mieux nous asservir à une gouvernance mondialisée… Il n’y a rien de « naïf » dans tout cela ! Ne pas le comprendre c’est donner des coups d’épée dans l’eau !!

    • Je crains que vous n’ayez raison… projet planifié, mais qui les a finalement dépassé en devenant absolument incontrôlable. Ca, je ne pense pas qu’ils avaient envisagé à ce point une telle submersion suicidaire qui nous entraine vers la noyade

  3. . L' »anarchisme marxisant », pour reprendre l’expression consacrée, n’est pas seulement un joujou social. C’est un crime organisé au passif duquel des dizaines de millions de victimes ont été sacrifiées. Le nazisme a été vaincu. Pas lui. Et pourtant, le dossier d’instruction est on ne peut plus, historiquement, horriblement, documenté.
    . L’avortement est un sujet sensible en ce sens que, confronté à lui, la réalité tangible peut parfois faire fi des principes moraux ou religieux les plus ancrés. (Choses vues)
    . Avant Bainville, Montesquieu pose :  » Presque toutes les nations du monde roulent dans ce cercle : d’abord, elles sont barbares ; elles conquièrent, et elles deviennent des nations policées ; cette police les agrandit, et elles deviennent des nations polies ; la politesse les affaiblit ; elles sont conquises et redeviennent barbares : témoin les Grecs et les Romains. » (Mes Pensées. 236) Montesquieu ? Un prodige de désennui, une bible de tous les jours à livrer à tous les yeux.

  4. 68,n’a été uniquement le triomphe de l’état de droit sur le peuple. Confirmé aujourd’hui par la dictature de l’Etat de droit. Plus de 80% de nos élus en sont issus. En vérité, seule l’espèce humaine est capable s’entre dévorer depuis la nuit temps . Et en étant capable de romancer cette auto destruction. Peut être qu’il s’agit que d’un réflexe de survie ,face à une démographie qui va devenir problématique. Tout cela est réglé,comme du papier à musique, et on en sait rien.

  5. Une constitution ça se modifie, ça se change même (*) et il est possible, si un gouvernement digne de ce nom arrive au pouvoir (on est en droit, encore, de rêver), de supprimer « le droit à tuer » (dans l’œuf) 220 000embryons chaque année qui ne demandent qu’à vivre.

    * – Combien de constitutions ont vu le jour et sont mortes depuis 1789 ?

  6. Tels qu’est l’état de la France, l’exécutif quel qu’il soit, corseté par les lois Françaises, Européennes et internationales, ne peut rien faire d’autre que de la com. Nous allons vers des affrontements internes, que certains qualifient de guerre civile, mais qui n’en est pas une, puisque ce sera entre des français qui aiment la France toutes origines confondues et des étrangers de cœur, qu’ils soient ou non français de papier, c’est la suite logique à notre lâcheté.

  7. Merci pour ce bel article.
    Peut-être pourrait-il être précisé que ce que vous décrivez trouve ses sources bien avant mai 68. La lecture d’un ouvrage de René Guénon ( par exemple  » La crise du monde moderne  » ) donne un éclairage intéressant à ce qui se passe…et va suivre…( lire aussi  » Le règne de la quantité « ….du même auteur).

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