[Chronique] Après la trêve olympique, quelle rentrée politique ?

©shutterstock_editorial_2142921871
©shutterstock_editorial_2142921871

Dans la Grèce antique, les Jeux olympiques étaient l’occasion d’une trêve sacrée. Les guerres étaient prohibées, tout comme les exécutions capitales. Puis le cours sanglant de l’Histoire reprenait. Ne nous y trompons pas : après l’euphorie olympique et la période estivale, les petites manœuvres politiques vont reprendre, probablement dans le bruit et la fureur pour faire croire qu’il s’agit de « grande » politique. Mais dans l’épisode politique ouvert par les élections européennes et poursuivi par la dissolution, rien n’est grand. Tout n’est que calculs politiques plus ou moins vicieux, notamment de la part du chef de l’État.

La dissolution fut présentée comme œuvre de clarification. Elle n’a fait qu’augmenter la confusion. Personne n’a gagné les élections, quoi que braille le Nouveau Front populaire qui, avec à peine un tiers des électeurs, prétend imposer son programme d’extrême gauche à 70 % des Français. Il serait possible d’en rire, mais l’Histoire nous enseigne que l’extrême gauche minoritaire a toujours imposé sa volonté à une majorité apeurée et bêlante. C’est vrai de toutes les révolutions.

Ce foutoir est évidemment l’œuvre de l’occupant de l’Élysée. Mais aussi des électeurs, et notamment de la droite et du centre conformiste qui ont cautionné l’alliance électorale contre-nature entre la Macronie et le Nouveau Front populaire. Pour s’effaroucher, ensuite, de l’élection d’ex-dealers ou de fichés S ! Et, par-dessus tout, des menaces sur leurs portefeuilles ! En parlant des bourgeois, Lénine disait déjà : « Il nous vendront la corde pour les pendre. » Finalement, la bourgeoisie frileuse semble toujours priser le rôle du dindon de la farce.

Le Nouveau Front populaire, alors même qu’il est incapable de rallier une majorité à l’Assemblée nationale, a sorti de son chapeau une candidate pour Matignon. Lucie Castets, archétype de ce que peut proposer l’oligarchie urbaine déracinée, mondialisée et pseudo-progressiste comme pedigree ! Ancienne élève de Sciences Po et de l’ENA qui a travaillé pour la Banque mondiale avant de se mettre à l’abri dans l’administration française. Elle a exercé la fonction de conseiller aux finances et au budget de la ville de Paris avant de devenir directrice des finances et des achats de la capitale. Lorsque l’on sait que la dette de la ville devrait atteindre 8,8 milliards, à la fin de l’année, et que la durée de désendettement de Paris devrait passer de 13 à 15 ans alors que le seuil d’alerte est de 12 ans, il est possible de s’interroger sur la pertinence du choix.

Cette dame est aussi co-porte-parole du collectif « Nos services publics » et entend les défendre. Dans l’État le plus cher d’Europe, la question n’est pas celle des moyens ou du nombre mais de l’affectation des ressources et des hommes. C'est-à-dire de la gestion d’une sphère publique pléthorique dont l’obésité est le problème majeur de la France. L’emploi public, en France, représente 21 % de l’emploi total, contre 17 % au Royaume-Uni et en Espagne, 14 % en Italie et 11 % en Allemagne (FIPECO, 15/5/2024). Vouloir ruiner la France productive par un matraquage fiscal délirant pour accroître encore le poids administratif qui pèse sur nos épaules relève de la démence.

Lucie Castets a estimé utile d’exposer sa vie privée par voie de presse, ce qui n’a aucun intérêt. L’exposition de son orientation sexuelle n’est pas un argument politique. Ce n’est que de l’impudeur. Il est pitoyable que nos politiciens confondent action politique et communication de magazines de salon de coiffure.

La rentrée politique s’annonce donc pitoyable et certains propos du général de Gaulle résonnent avec une criante actualité : « Vous pensez si les nostalgiques des jeux parlementaires de la IVe vont en profiter […] il y a pour eux de beaux jours en perspective... » « Chacun va donc maintenant faire chauffer sa petite soupe, sur son petit feu, dans sa petite marmite, et dans son petit coin, en s’imaginant vivre des jours tranquilles » (Le Général m’a dit, Jean d’Escrienne, Plon, 1973). Quant à la France...

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Et les Jeux Paralympiques ? On n’ en parle plus ? Ils ont pourtant une signification très profonde et sensible. Une autre occasion pour Monsieur Macron de se montrer à féliciter et serrer des mains de tous côtés. C’est ce qu’il fait de mieux.

  2. Pour connaître et avoir rencontré un grand nombre de chefs d’entreprises , je reste abasourdi par le comportement d’Emmanuel Macron qui engage un montant inavouable de fonds dans le financement de ces ( ses ?) jeux alors que la France est surendettée et qu’une procédure pour dettes excessives est engagée par l’Europe !
    Aucun dirigeant responsable n’aurait pris le pari de ruiner son entreprise pour la jouissance de son seul EGO.
    Preuve s’il en est du respect et de l’amour que M. Macron porte à NOTRE PAYS!

  3. Pendant qu’on célèbre nos nageurs et nos judokas, la Commission européenne réclame une nouvelle censure des réseaux sociaux, et notre « ministre démissionnaire » de l’Intérieur promet que les leçons de la sécurisation de Paris pour les JO seront retenues pour la suite. Et tout le monde de saluer nos « forces de l’ordre » qui sont, il est vrai, le dernier soutien de la macronie.
    Vous avez aimé les voies du périphérique fermées, les rues grillagées, les QR codes, les policiers armés dans les rues et les décisions de l’ARCOM ? Vous allez adorer la France post-JO.

  4.  » l’Histoire nous enseigne que l’extrême gauche minoritaire a toujours imposé sa volonté » en général par la force des armes.

  5. Mais dans même temps après la trêve olympique il a la trêve para-olympique qui précède la trêve de la rentrée scolaire juste avant la trêve de Noël

  6. Bref,je refais à quoi veut l’entendre « donnez donc des jeux et du pain » et ils vous foutront une paix royale, hein Macron !
    Société de oufs.
    En attendant, préparez vous à raquer sur l’autel du désendettement du Pays…

  7. Après les flonflons et les paillettes les cigales et les fourmis vont elles faire Nation . Héphaïstos du haut de son Olympe en a décidé. Va t il précipité notre pays dans les abîmes wokistes et nous enfermer dans ses certitudes et même au-delà ? La démesure de ces événements il va falloir les payer quoi qu’il en coûte et le commun des mortel en fera les frais c’est la seule certitude que je puisse avoir !!!

  8. Parlons des sujets qui fâchent, comme le coût de ces JO .combien vont -ils rapporter et combien vont ils coûter ?
    Que faire des installations des JO

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois