[CHRONIQUE] C8 menacée : nos libertés en péril

Cyril Hanouna lors de l'émission de rentrée de TPMP © Capture écran C8
Cyril Hanouna lors de l'émission de rentrée de TPMP © Capture écran C8

Le Conseil d’État se prononcera, cette semaine, sur le recours formé par C8 contre la décision de l’Arcom de ne pas renouveler sa fréquence TNT. D’ores et déjà, le rapporteur de la haute juridiction administrative s’est prononcé en faveur du rejet de ce recours. Nous sommes là face un épisode très grave de conséquences, de la guerre menée contre le groupe Canal et Vincent Bolloré, bête noire de l’extrême gauche, des Verts, des socialistes et de l’extrême centre.

Chacun se souvient de l’invraisemblable audition du chef d’entreprise breton, le 13 mars 2024, dans le cadre de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les fréquences TNT, présidée par Quentin Bataillon et dont le rapporteur était le LFIste Aurélien Saintoul. Entre questions oiseuses qui n’avaient aucun rapport avec le sujet et le reproche, à peine voilé, fait au dirigeant du groupe d’être un catholique assumé, une partie de la représentation nationale avait fait preuve, une fois encore, de sa médiocrité et de son sectarisme. Pêle-mêle étaient évoqués le cardinal Sarah, des questions relatives à la gestion des équipes du groupe, une rencontre avec le président de la République, des ragots sur l’activité africaine du groupe Bolloré. Un mauvais inventaire à la Prévert qui dissimulait mal la rage de certains de voir le succès d’un groupe médiatique libre porter atteinte à l’hégémonie idéologique des médias du système faite de wokisme mondialisé et de néo-marxisme.

Dans ce combat contre la liberté d’expression, tout est bon. À l’occasion des élections européennes et législatives, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a reçu un signalement relatif à tous les candidats du RN et de Reconquête tendant à faire rejeter leurs comptes de campagne au motif que « les sociétés audiovisuelles du groupe Bolloré, particulièrement Europe 1, CNews et C8, contribuent intensément à la propagande électorale pour les partis d’extrême droite… y compris en mettant en place de nouvelles émissions précisément pendant la campagne, telle la nouvelle émission On marche sur la tête »… ce qui aurait contrevenu à l’article L 52-12 troisième alinéa du Code électoral prohibant les aides en nature de personne morale et la publicité commerciale. Dans sa sagesse, la CNCCFP n’a pas fait droit à ce signalement.

La manœuvre avait un triple but : faire rejeter les comptes de campagne des candidats et, éventuellement, les faire déclarer inéligibles, priver les partis concernés de ressources mais, et peut-être surtout, à causer des difficultés judiciaires au groupe Bolloré au moment des renouvellements de fréquence. Le tout sous un prétexte juridique fallacieux.

À l’évidence, certains ne supportent pas les opinions divergentes et n’hésitent pas devant les moyens pour contrôler les opinions et l’information. Finalement, en deux siècles, rien n’a changé et la maxime de Saint-Just demeure en vogue dans la gauche révolutionnaire et au-delà : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. » Les Jacobins ont ouvert le grand bal du totalitarisme, qui s’épanouira si bien à partir de 1917. Le syllogisme est toujours le même : les Jacobins représentent le peuple, le Parti communiste « l’avant-garde consciente du prolétariat », le Parti national-socialiste la « race » allemande. Qui s’y oppose combat le peuple, le prolétariat ou la race allemande et mérite donc « moralement » d’être éliminé.

Évidement, après Robespierre, Lénine, Adolf, Staline, Mao et les autres, il fallait trouver des moyens plus subtils. Nos totalitaires contemporains ont retenu la leçon de Camille Desmoulins : « Ce sont les tyrans maladroits qui usent des baïonnettes. Les tyrans habiles usent de la loi. » Ainsi, la gauche révolutionnaire et le mondialisme oligarchique, cuisinés à la même sauce woke, usent et abusent d’un État de droit dévoyé, de règles « déontologiques », pointilleuses jusqu’à l’absurde, et d’autorités « indépendantes » pour pratiquer un harcèlement juridique qui vise à étouffer des voix libres.

C’est, bien sûr, la liberté d’expression qui est menacée, mais encore la liberté de choix des citoyens dans l’accès à l’information et l’autonomie des journalistes face à une « vérité » officielle. Rappelons-nous que la Pravda signifiait vérité ! À cela s’ajoute une sorte de détestation obsessive, qui relève sans doute de la psychanalyse, à l’égard de Vincent Bolloré qui cumule tout ce que hait la gauche française : la réussite matérielle, le goût d’entreprendre, les traditions familiales, l’enracinement et le catholicisme. Mais la désignation à la vindicte révolutionnaire de cet homme et, avec lui, de journalistes qui travaillent dans son groupe, Cyril Hanouna et Pascal Praud notamment, a quelque chose de profondément inquiétant qui n’est pas sans rappeler des heures très sombres de notre Histoire. Devant ces menaces, il n’y a qu’une réponse, la devise du maréchal de Lattre de Tassigny : « Ne pas subir ». Et dénoncer sans relâche cette imposture révolutionnaire.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

59 commentaires

  1. « Qui tient l’information et l’éducation tient le peuple » , ce crédo la gauche dans sont entière totalité , que ce soit les partis , syndicats ou les associations diverses et varier , l’applique depuis mai 1968 ; tel des fourmies elles a pris lentement place dans tout les rouages important des administrations jusqu’au sommet , ce qui lui permet maintenant avec un faible effectif de nuire sur la majorité des habitants habitantes de ce pays , cela quelque soit leur position social.

  2. Curieuse façon de faire justice en mettant au chômage 400 personnes d’une chaine dont le seul réel problème est un animateur du soir. L’ARCOM ne se grandit pas d’exercer une censure déséquilibrée. Voudrait-on s’en prendre à « l’empire Bolloré », en attendant de passer à une autre chaine qui ne prône pas la bienpensance ? Cette si merveilleuse presse de gauche, qui défend par tradition la veuve, l’orphelin, et toutes les pseudo victimes de la société, a montré la pérennité de son intolérance en gardant le silence sur cette injustice.

  3. Que l’on soit pour ou contre, à partir du moment où les journalistes français ne sont pas monté au créneaux lors de la fermeture de RT France, je le disais à mon épouse à cette époque, ils ont laissé s’ouvrir une porte à la fermeture d’une presse qui déplait.
    La France n’était en guère contre la Russie,
    RT était accusé d’être une chaîne de lu pouvoir russe. Comme si TV5Monde ou RFI n’était pas dans la veine du pouvoir en France.
    Il fut un temps où la solidarité des journaliste avait un sens, quelque soit les opinions.
    C’est révolu comme tant d’autres principes.
    C’est toujours pareil avec les français; tant que ça ne me touche pas je ne bouge pas.

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