[CHRONIQUE] « Chacun doit prendre part à l’effort » : vraiment ?
Les propos tenus par Bernard Arnault lors de la présentation des comptes du groupe LVMH, sur la « taxation du made in France qui pousse à la délocalisation » a provoqué l’indignation de commande de la gauche et des Verts. Madame Tondelier s’est lancée dans un discours surréaliste sur « le bilan carbone » du chef d’entreprise ! Nous savons que le seul nom du président de LVMH provoque un réflexe pavlovien de haine chez LFI, il fallait donc s’attendre à des réactions furibondes. Le message d’Antoine Léaument sur X, traitant Bernard Arnault de traitre a, une fois de plus, illustré la maxime de Talleyrand « tout ce qui est excessif est insignifiant ».
Le président du MEDEF, au micro de RTL, a apporté son soutien au grand patron français et déclaré sans ambages : « ceux qui peuvent partir partent. Et ils ont raison ». Et a déploré la surdité et l’indifférence des politiques : « ils n’écoutent même pas. On parle à un mur. »
La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, avait réagi à la sortie du Conseil des ministres : « Je comprends sa colère [celle du PDG de LVMH]. Je comprends que dans la condition budgétaire dans laquelle nous nous trouvons, chacun doit prendre sa part aux efforts » et a ajouté qu’elle appartenait à « un gouvernement pro-entreprise ». Il eût été possible de lui rappeler les mots du poète Pierre Reverdy « Il n’y a pas d’amour, il n'y a que des preuves d’amour. »
Mais il eût été opportun de lui poser la question de savoir qui a mené la France « dans la condition budgétaire dans laquelle » elle se trouve ? Depuis des décennies, politiciens et hauts fonctionnaires endogames n’ont cessé de creuser les déficits en conjuguant les promesses électorales démagogiques et un étatisme fétichiste. Pour arriver au résultat fabuleux d’une sphère publique obèse gérant des services publics à la dérive.
Si l’État est coupable, les collectivités locales, qui s’empilent les unes sur les autres, le sont tout autant. Embauches pléthoriques, création de services que personne ne demande, folie de construction de locaux administratifs… La gabegie est partout. Le tout fondé sur l’idée que les Français sont des êtres immatures qu’il faut enserrer de règles et de prescriptions pour faire leur bien malgré eux, et les assommer d’impôts car l’administration saurait mieux qu’eux ce qu’il faut faire de leur argent.
Plus de fonctionnaires
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre 1997 et 2022, la population a augmenté de 14 % et l’emploi public de 23 %, tandis que les emplois privés progressaient de 18 %. L’intempérance des collectivités locales est notoire : + 46 % dans la période contre + 7 % pour l’État (Fipeco). Tout ceci se traduit logiquement par une sur-administration et une sur-imposition, parfaitement inefficaces puisque les déficits publics ne cessent de croître et l’activité productive de peiner. La réalité est que les Français n’en peuvent plus et que l’oligarchie politico-administrative non seulement ne le perçoit pas, mais encore est totalement incapable de se remettre en cause. La réduction de la bureaucratie et l’introduction de responsabilité et de discipline dans l’octroi des prestations semblent impensables pour des gens qui se bornent à gérer le système et à en profiter tant qu’il est encore temps. A l’évidence, tout le monde ne prend pas part à l’effort.
L’impuissance est partout, aussi parce que les politiciens ont jugé bon de transférer leur souveraineté à l’Union européenne ou à des organes internationaux, sous le contrôle de juridictions qui s’érigent en instruments de gouvernement. N’ayant plus de pouvoirs réels, ils se donnent l’illusion d’agir par la dépense ! Les mots du sinistre Saint-Just, pour une fois, sonnent juste : « Tout homme en place ne fait rien par lui-même et prend des agents secondaires. Le premier agent secondaire a les siens et la République est en proie à vingt mille sots qui la corrompent et la saignent. »
Si la République a réussi une chose, c’est d’arriver en deux siècles au niveau de sclérose auquel l’Ancien régime était arrivé en huit siècles. C’est sans doute ce que l’on appelle le progrès. Nous ne pourrons sortir de ce bourbier par les habituelles demi-mesures. Il nous faudra une volonté d’une fermeté inouïe. Sinon, il nous restera à regarder la France sombrer sans retour.
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9 commentaires
Et plus 1400milliards de dettes en 7 ans , ça passe crème
Cela suffit ! Ce n’est pas le peuple qui dépense, mais bien ceux qui ont malheureusement été élus depuis 50 ans, et qui ont confisqué la démocratie, et ils sont partout, à tous les « étages » de la république, même chez LFI !
Chacun mais d’abord ceux qui en décident pour les autres, comme ces gouvernements de stagiaires éphémères qui engrangent 40000€ d’indemnités de départ. L’exemplarité n’est pas enseignée à l’ENA en la matière. On se fout du monde et on demande aux retraités de se priver de 10 ou 20 euros par mois. Barnier comme Bayrou ou Lombard devraient avoir honte. Je ne parle même pas de Lemaire … Les progressistes autoproclamés ont au moins une tradition, voler les français.
Chef d’entreprise (env 50 personnes) en retraite, je puis vous assurer qu’au lieu de créer en France, il y a 15 ans, je partirais à l’étranger et j’invite tous ceux qui ont encore cette envie qui se raréfie, à se barrer sans délai. Plus rien à aire ici.
Bravo Monsieur Arnault.
L’assistanat en France (quand elle n’est pas justifiée) fait qu’une grande partie de ces gens ne participent jamais à l’effort collectif. Les classes moyennes sont les grandes perdantes car c’est de leur poche que sort l’effort demandé à chaque fois.
Les territoriaux ont la vie belle: les secrétaires de mairie très bien payées, équivalents catégorie A avec primes, et le tout SANS concours, les bureaux à ne rien faire – département animaux errants, pff! – les ronds-points fleuris à l’année, jardinés toutes demi-heures, pour avoir un label « Ville Fleurie » avec visites d’inspecteurs des fleurs tralala, etc. Et lorsqu’on leur parle d’économies ce sont eux qui crient le plus fort qu’on les étrangle, alors qu’ils ont pendant des décennies dépensé notre argent sans compter, en versant toutes les subventions du monde. Mentionnons encore les poses de ralentisseurs non réceptionnées, donc mal fichues et hors normes, qui abîment autant les voitures des bons conducteurs que des mauvais. Les canaux qui ne sont plus drainés, l’entretien de base qui n’est plus fait. Ca suffit !
…2012 il faut participer à l’effort, 2013 il faut participer à l’effort, 2014 il faut participer à l’effort, 2015 il faut participer à l’effort, 2016 il faut participer à l’effort, 2017 il faut participer à l’effort, 2018 il faut participer à l’effort, 2019 il faut participer à l’effort, 2020 il faut participer à l’effort, 2021 il faut participer à l’effort -injectez-vous, 2022 il faut participer à l’effort, 2023 il faut participer à l’effort, 2024 il faut participer à l’effort, 2025…Beaux efforts pour aboutir à une paupérisation du pays.
Il n’y a pas une virgule à changer dans l’exposé de monsieur Buffetaut. Merci monsieur tout est parfaitement analysé et expliqué. Preuve en est que nous avons des personnes capables pour redresser notre pays. A eux de prendre les commandes, à nous, le peuple, de les soutenir dans faille !
Oui, mais c’est quoi la « fermeté inouïe », M. BUFFETTEAU pourrait nous en dire quelques mots ? J’ai appris à devenir prudent !