[Chronique] De Néron à Macron

macron

Les historiens de l’Antiquité s’accordent pour considérer que Néron était narcissique, transgressif, aisément mégalomane et qu’il aimait plus que tout se mettre en scène. Tout cela n’est pas sans rappeler quelqu’un.

Emmanuel Macron s’est d’abord complu dans le rôle étrange de grand ordonnateur des pompes funèbres de la République. Il a multiplié les « hommages nationaux » et les « panthéonisations » plus ou moins idéologiques. Plus que moins en général. Le problème est que n’est pas Bossuet ou Malraux qui veut. De l’emphase à la grandiloquence, le pas est vite franchi. Et de la grandiloquence à l’enflure, l’on arrive aisément au ridicule. Le fait d’avoir joué la comédie dans le secondaire pour épater sa prof de français ne vous transforme pas nécessairement en orateur de talent.

Il s’est également essayé au rôle de pompier pyromane, comme l’incendiaire de Rome, en cherchant par des « grands débats » à éteindre les incendies sociaux qu’il avait lui-même allumés. Mais le fait de débiter à la manière d’un automate, avec un regard soit vide soit exaspéré, des notes de cabinet ne fait pas un homme d’État. L’avalanche de chiffres et de références administratives ne dit rien de la finalité de son action. Elle l’embrouille d’autant plus lorsqu’il prétend poursuivre « en même temps » des politiques contradictoires.

Néron avait vidé le trésor impérial par ses dépenses somptuaires pour la Domus aurea. Macron a creusé le déficit au-delà de 3.000 milliards d’euros et continue d’embaucher des fonctionnaires alors que nous sommes déjà le pays le plus suradministré d’Europe.

Pour se mettre encore en scène, le président de la République entend faire procéder au « scellement » de la Constitution, révisée pour y faire entrer la « liberté garantie » d’avorter, place Vendôme. Liberté nullement menacée ni contestée, mais cette manifestation grandiloquente qui consiste à célébrer publiquement la transformation d’une exception au principe du respect de la vie humaine en principe constitutionnel est, à l’évidence, délibérément transgressive. Et ceux qui ont célébré avec emphase la chose semblent avoir oublié qu’ils ont été, au commencement de leur existence, cet embryon de 14 semaines dont la suppression leur semble le sommet de l’humanisme. Ils devraient, dès lors, comprendre qu’il ne s’agit pas de quelque chose d’anodin et qu’un peu de retenue devrait être la règle lorsque l’on touche au principe du respect de la vie. À la vérité, le respect de la vie d’autrui n’était pas le fort de Néron non plus.

Mais comme si tout cela n’était pas suffisant, voici qu’Emmanuel Macron se mue en chef de guerre et entend ne mettre « aucune limite » au soutien de la France à l’Ukraine. Au-delà de l’emphase guerrière, qu’est ce que tout cela signifie ? Que la France pourrait déclarer la guerre à la Russie, nation qui possède un formidable arsenal nucléaire et dont la doctrine militaire n’exclut pas le recours à des armes nucléaires tactiques de faible intensité ! Jouer le rôle de Sir Winston Churchill n’est pas à la portée de tous. Et c’est mal commencer que de suggérer que ses alliés sont des lâches, d’autant que la situation de l’Europe n’est en aucun cas comparable avec l’entre-deux-guerres que semble évoquer le président de la République. À propos, Néron s’était lui aussi lancé dans une guerre sur le territoire de l’Ukraine, contre les Parthes. Qui s’est terminée par une cuisante défaite.

Tout cela n’est pas risible mais inquiétant. Macron dramatise à souhait la guerre en Ukraine pour des raisons de politique intérieure. C’est une vieille recette assez grossière, mais il est indécent de jouer avec ce conflit. Celui-ci sera instrumentalisé à des fins électorales pour accuser le RN de défaitisme. Mais c’est si gros que le piège risque de se refermer sur son auteur. Ainsi que le disait Talleyrand : « Tout ce qui est excessif est insignifiant. » Avec ses airs de bravache, Emmanuel devrait aussi se souvenir des mots de Napoléon Ier, le patron de l’évêque d’Autun, à Mgr de Pradt, son ambassadeur à Varsovie : « Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. » Le mot de la fin de Néron ne fut-il pas « Quel artiste le monde perd en moi » ? Oui, du sublime au ridicule…

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Le croquemort de la République et de la France. Après les bébés dans le ventre de leur mère prêts à naître, le voici attaché à combattre la vieillesse en faisant supprimer nos anciens, pères, mères, grands-parents. Sans doute, en plus des économies effectuées pour le budget de son état en faillite, a-t-il une petite idée d’humanité et de générosité concernant sa tendre et chère Brigitte.

    • Le RN en grande majorité a voté pour la constitutionnalisation de l’I.V.G. dont Marine le Pen qui a sans doute pensé que ça lui donnerait des voix supplémentaires aux Européennes. Quant à Macron, Il se moque complètement de Brigitte, de la France des Français, une seule chose compte, son auguste personne.
      Je ne voterai pas RN qui prend ses positions, non sur ses convictions, mais sur ce qu’elles peuvent lui rapporter sur le plan électoral. Vive Reconquête !

  2. Je ne serai pas de ceux qui disent  »vous avez voté pour lui, alors.. » les résultats finaux étant pour moi plus que litigieux. Par contre, je ne comprends toujours pas pourquoi, une demande de destitution, suite à tous ces résultats catastrophiques, ne soit pas demandée par l’Assemblée.
    Ah oui c’est vrai, j’oubliais, si Macron se prend et agit comme Néron pour nous emmener droit dans le mur, c’est de la faute de MLP et du RN, à qui d’ailleurs on ne laisse aucune chance de s’exprimer, comme a confirmé HAYER sur Europe 1.
    Tellement facile de taper sur ceux qui sont sensés pour masquer son inaptitude et sa médiocrité.

  3. Sur une image des JO avec un personnage dans chaque rond, avez vous remarqué comment macron tient ses doigts?…

  4. Bien vu cette comparaison avec Néron.
    Maintenant la seule question est quand est-ce qu’on le vire?
    Je m’adresse là aux oppositions de cirque…

  5. Je suis d’accord avec vous. Néron a fait partie de ceux dont la légende a été « trop » noircie par ses vainqueurs et ce sont plutôt les élites romaines qui se sont débarrassé de lui, pas le petit peuple, contrairement à Macron soutenu par nos élites européennes. De toute manière Macron est un pseudo artiste contrairement à Néron qui en avait plus la fibre malgré tout et sponsorisait les arts.

  6. Cet homme est toxique pour le pays. Mais les français préfèrent les beaux parleurs aux philosophes. En leur évitant les sujets sérieux, ils ont le sentiment qu’on les protègent. L’autruche a remplacé le coq.

    • Livre tout simple, mais d’une précision chirurgicale, et d’une Ironie exponentielle…
      J’en profite pour rappeler que Michel Onfray est exclu de tous les médias de goooche, parce qu’il appuie là où ça fait mal… Bon rappel, merci Bernard 34 …

  7. Merci de cette chronique confortant mon opinion sur le choix du sobriquet que j’ai fait il y a quelques temps pour qualifier cet individu , tantôt Caligula tantôt Néron.

    • Pour ma part, je pense à Caracalla et à son édit de 212, tant la volonté de Macron l’immigrationniste de transformer la France est évidente !

  8. Il y a eu le covid, ensuite le réchauffement climatique et maintenant la vilaine guerre du fou Poutine. C’est abject de jouer sur le speurs mais malheureusement je maintiens que plus de 50% de français sont  »cons » puisqu’il a été réélu.

  9. La sociopathie est une structure de la personnalité ainsi qu’un état d’esprit caractérisé par ce que les criminologues appellent désormais la tétrade noire.
    portrait de macron
    le narcissisme : « moi seul existe, les autres ne sont que des marionnettes sur la scène de mon monde » ;
    le machiavélisme : « je suis prêt à toutes les manipulations et ne suis jamais engagé en aucune manière par ma parole ni les principes éthiques ou déontologiques qui prévalent » ;
    la psychopathie, soit l’absence totale d’affect vis-à-vis des émotions des autres, en particulier l’expression de la douleur ;
    le sadisme, c’est-à-dire la jubilation à infliger de la souffrance ou de l’humiliation à autrui.

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