Chronique des Bridgerton : la reine Charlotte d’Angleterre avait-elle du sang noir dans les veines ?
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Sacrifiant à la nouvelle mode inclusive, qui veut que chaque film ou téléfilm ait son quota de « racisés », les scénaristes de La Chronique des Bridgerton, le grand succès de Netflix, ont fait de la reine Charlotte, la femme du roi George III, une Noire.
Charlotte (1744-1818) est née au sein de la famille ducale qui dirigeait le duché de Mecklembourg-Strelitz, un minuscule État allemand (3.000 km2, 105.000 habitants, en 1905 ). Bien qu’elle ne fût pas de sang royal, elle fut choisie pour épouser le roi George III d’Angleterre et de Hanovre. Mariée à 18 ans, elle eut avec son époux 15 enfants, dont 13 arrivèrent à l’âge adulte. Vivement intéressée par les beaux-arts, elle finança sur sa cassette personnelle Johann Christian Bach (un des fils de Jean-Sébastien Bach). Botaniste amateur, elle participa à la fondation de Kew Gardens, un ensemble de jardins et de serres situé à l’ouest de Londres et qui abrite une des plus importantes collections de plantes au monde. Elle patronna également de nombreux orphelinats. Quand son mari, atteint de folie, fut incapable de gouverner, elle exerça un rôle politique de premier plan, même si la régence revint à son fils George IV.
La question d’une éventuelle ascendance africaine de la reine Charlotte agite les spécialistes depuis deux siècles. Charlotte était évidemment blanche de peau, quoique de teint foncé. Seulement, sur quelques portraits que nous avons d’elle, elle présente des traits africains qui n’apparaissent pas sur d’autres peintures. Mais les peintres de l’époque avaient tendance à flatter l’apparence de leurs modèles et à éliminer ce qu’ils considéraient comme des défauts. L’artiste qui a, à plusieurs reprises, donné des traits africains à Charlotte, Allan Ramsay, était lié au mouvement abolitionniste alors naissant. Ce dernier aboutit, en 1815, à faire interdire la traite négrière et à proscrire l’esclavage, en 1832, en Grande-Bretagne et dans ses colonies. Diffuser le portrait d’une reine mulâtre servait la propagande de ce mouvement.
Charlotte avait-elle, pour autant, des ancêtres africains ? Selon les partisans de cette thèse, le sang noir aurait été transmis par une noble portugaise qui est trois fois l’ancêtre de Charlotte, Margarita de Castro y Sousa (1440- ?), qui elle-même descendait de Madagrana (1230- ?), une des maîtresses du roi portugais Alphonse III. Celui-ci, en s’emparant de la ville de Faro, a obligé le cadi de cette ville et sa fille Madagrana à se convertir au catholicisme.
Les historiens ne savent pas si Madagrana était mozarabe, donc d’origine hispano-romaine ou wisigothique, ou si elle était maure. Dans ce dernier cas, elle pourrait avoir comme lointaine aïeule une concubine noire. En tout cas, l’ascendance africaine de Charlotte, si elle est réelle, est très diluée (15 générations, 3 ancêtres métis contre 32.765 aïeux blancs !). Néanmoins, les gènes jouent parfois des tours : un couple de Noirs a donné naissance à un enfant blanc, car la femme avait un peu de sang blanc. Une petite Britannique est blanche alors que sa vraie jumelle est noire. Il se peut donc que le peu de sang noir de Charlotte lui ait donné des traits africains.
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