[Chronique] Élargissement de l’Union européenne : pourrait-on raison garder ?

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Un article du Financial Times du 4 octobre dernier, sur le coût des élargissements projeté de l’Union européenne, a créé un certain embarras dans le petit monde bruxellois. Rédigé à partir de la fuite d’un document interne du Conseil européen sur de futurs élargissements, l’article donne en effet le vertige. Le Conseil a sobrement indiqué qu’il ne commentait pas les fuites, ce qui tend à confirmer la réalité des éléments rapportés par le journal. Rappelons que sont candidats à l’adhésion, à des degrés d’avancement divers, neufs pays : l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, le Kosovo, le Monténégro et la Serbie.

En appliquant les règles budgétaires en vigueur dans l’Union européenne pour la période 2021-2027, le coût de ces adhésions se monterait à 256,8 milliards d’euros pour le cadre financier multi-annuel. La seule Ukraine recevrait 186 milliards, dont 96,5 au seul titre de la politique agricole commune (PAC). Le rapport indiquerait que « tous les États membres auraient à payer plus et à recevoir moins de l’UE ; beaucoup d’États membres qui sont actuellement bénéficiaires nets deviendraient contributeurs nets. » Le budget courant de l’Union européenne devrait augmenter de 21 %. Le coût serait particulièrement sensible pour les États membres les plus riches comme l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas.

En matière de politique agricole commune, les États membres actuels verraient leurs dotations diminuer de 20 %. La France passerait au deuxième rang, derrière l’Ukraine, en matière de subsides agricoles et les actuels bénéficiaires dans l’UE à 27 verraient les paiements diminuer de 20,3 % par hectare cultivé ! Ce qui acculerait à la faillite nombre de nos agriculteurs dont la situation fragile est hélas trop connue.

Le rapport suppose toutefois que ces élargissements seraient à même de renforcer « la situation géopolitique » de l’UE et élargirait « le marché intérieur jusqu’à 517 millions d’habitants ». Habituelle ritournelle qui indique, une fois encore, que pour certains eurocrates, l’Union européenne est avant tout un « marché intérieur ». Or, personne ne se ferait tuer pour un marché et il est vain de prétendre créer un ensemble politique sur le seul commerce. Quant à la puissance géopolitique, on sait trop bien ce qu’il en est : un alignement systématique sur les États-Unis.

Tout cela démontre, s’il en était besoin, que les grandes déclarations et les engagements « moraux » pris sous le coup de l’émotion sont dangereux. L’attaque russe contre l’Ukraine a bien naturellement provoqué, après la sidération, un élan de solidarité. Mais prendre des engagements à la légère ne peut créer que des frustrations et des inquiétudes de part et d’autre. Avant de faire des promesses, il convient de réfléchir, de prendre du recul et de se livrer à des calculs très concrets. Et concrètement, les agriculteurs français, et plus largement de l’Union européenne actuelle, pâtiraient durement de l’adhésion de l’Ukraine, selon les règles actuelles de financement de l’UE.

Si le cas de l’Ukraine a retenu l’attention en raison de ses incidences financières, il faut s’arrêter sur le cas du Kosovo. État islamiste en proie aux mafias, construction artificielle voulue par les États-Unis, en violation de la résolution 1244 de l’ONU et du principe de l’intangibilité des frontières si souvent rappelé pour l’Ukraine, son adhésion ne devrait même pas être envisagée. Ce pseudo-État n’est pas reconnu par l’ONU, ni par Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne. Pas plus que par la Bosnie-Herzégovine et, bien évidemment, la Serbie. La guerre déclenchée contre la Serbie par l’OTAN était fondée sur une manipulation germano-américaine dénonçant un faux plan « fer à cheval » supposé organiser une épuration ethnique (manipulation dénoncée par le Wall Street Journal dès décembre 1999). Mais les États-Unis voulaient une base militaire dans les Balkans. Ils l’ont : c'est le camp Bondsteel.

Le rapport du Conseil concèderait que « les défis très significatifs pour l’UE nécessiteraient d’être sérieusement pris en compte afin que ce nouvel élargissement soit au moins accepté, à défaut d’être soutenu » par les citoyens. « Qu’en termes galants ces choses-là sont dites. » Une fois encore, l’eurocrature veut imposer aux Européens des politiques qu’ils désapprouvent. Mais l’élargissement va dans le sens du renforcement d’un super État européen. Il nécessiterait des moyens financiers accrus et, donc, plus de ressources propres, ainsi qu’une administration encore renforcée et étendue. Décidemment, l’UE rappelle la grenouille de la fable de La Fontaine. À force d’enflure, elle finira par éclater.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

50 commentaires

  1. L’Europe a été fabriqués par les États Unis qui voulaient une Europe faible et aux ordres. Et plus il y aura de pays membres plus nous serons faibles

  2. Enfin, avez vous compris que l’Union Européenne n’a rien d’Europeen et qu’elle est conforme à la volonté de ses créateurs, les US.

  3. Ce que les Etats-Unis veulent, Van Der Leyen le veut ! Élargir le cercle des affidés est le seul objectif, l’Europe compte pour du beurre dans ce projet.

  4. Les graves nuisances de l’U.E. sont une évidence. Alors, pourquoi tant de lâcheté, de déni, de soumission, en restant ainsi des victimes ? Masochisme ? Si l’on avait une once de courage, il y a longtemps qu’on serait partis en claquant la porte.

  5.  » Il faut s’arrêter sur le cas du Kosovo. État islamiste en proie aux mafias, » indique le chroniqueur. Curieusement, cet aspect des choses n’est pas évoquée pour l’Ukraine citée plus haut dans l’article. Certes l’Ukraine n’est pas un état islamiste, mais en matière de mafias, elle tient le pompon. C’est même l’un des pays les plus corrompus de la planète. Avant février 2022, Zelenski était décrit – à juste titre – comme un mafieux, un exilé fiscal figurant en très bonne place dans les Pandora Papers. Aujourd’hui, les dirigeants européens et leurs médias se prosternent matin, midi et soir devant ce très respectable bonhomme. Quant à l’UE, « à force d’enfler, elle finira par éclater », conclut le chroniqueur, c’est finalement tout le bien que je lui souhaite.

  6. On est déjà incapable de surveiller les frontières actuelles , alors non , non et non à un élargissement.

  7. A 27 c’est déjà la tour de Babel , alors non à l’élargissement , bientôt des pays du Moyen Orient ? bientôt des pays d’Afrique ?

  8. C’est plutot la destruction de l’UE qui est à envisager et l’arrestation des membres actuels et passés de la « komission » !

    • Quelqu’un dont l’esprit est emprunt de réalisme. Il faut une Europe Européenne qui œuvre pour ses membres souverains.

  9. Un pognon de dingue , et qui va payer ? la France entre autres , et l’article ne soulève pas le problème religieux , non à la propagation de l’islam.

  10. On ne doit plus laisser cette eurocrature continuer à agir impunément en notre nom : tout élargissement doit faire l’objet d’un référendum. Non, la France n’est plus riche, elle ne fonctionne que grâce à des milliards d’emprunts et elle n’est pas en mesure d’assumer une telle dépense supplémentaire, nous ne pouvons pas et nous ne le voulons pas. De plus, avec les problèmes communautaires qui secouent notre pays, on voudrait y ajouter encore plus d’insécurité avec l’adhésion du Kosovo. Mais où va-t-on? Nos dirigeants n’ont-ils toujours pas compris, malgré sondage après sondage, que la vaste majorité des français sont contre leur politique ? Français, utilisez sagement votre voix aux prochaines élections européennes, c’est la seule façon d’obtenir un parlement réfléchissant les volontés de nos compatriotes et d’expulser ces Islamo-gauchistes car ils ne changeront pas.

  11. Mais à quand le renversement de la table ! Je ne me fais pas d’illusions sur les prochains élections européennes !

  12. Sinon, le Botswana et le Zoulouland se verraient bien européens , ou alors la Mongolie intérieure.
    Dans un délire collectif et citoyen rien n’est interdit .

  13. L’union fait la force à condition que tous les chevaux tirent dans le même sens. Comme chaque état à part la France tire bien naturellement dans le sens de son intérêt et que ces intérêts vont dans des sens très divers, plus il y a de membres plus l’union est impuissante. Aucun consensus n’est possible et les décisions ne peuvent être prises que par des technocrates non élus, tout ceci allant dans le sens d’une vassalisation accrue envers les Etats Unis, ce qui était d’ailleurs bien l’objectif des fondateurs.

  14. L’élargissement de l’Union Européenne c’est non ! Parce que c’est le symbole de gros problème entre les pays d’Europe membres de l’Union Européenne et puis cette institution ne représente rien pour les peuples Européens. ..

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