[CHRONIQUE] Gouvernement d’intérêt général : nouvelle fantaisie macronienne !
Après la chute du gouvernement Barnier, le président de la République a annoncé qu’il souhaitait la constitution d’un « gouvernement d’intérêt général ». Des esprits malins auraient pu faire remarquer qu’il s’agissait d’une forme de pléonasme, car il est difficile, dans le principe, d’imaginer un gouvernement dont le but soit le « désintérêt général » ! Quoi qu’il en soit, la ficelle était un peu grosse. En effet, la notion classique de gouvernement d’union nationale aurait impliqué de discuter avec le Rassemblement national, dont les élus représentent la bagatelle de 11 millions de Français, mais aussi LFI et ses enragés, revenus moins nombreux au palais Bourbon mais toujours plus bruyants.
La réalité est toute simple : il s’agit, principalement, de frapper d’ostracisme les élus du RN et, au travers eux, leurs électeurs. Il échoit donc à M. Bayrou de concocter un gouvernement à la sauce béarnaise. Mais pour parvenir à assurer une certaine pérennité à son équipe gouvernementale, il lui faudra, a minima, accepter de parler à Marine Le Pen, présidente du premier groupe parlementaire hors coalition, et Jordan Bardella, président du premier parti de France.
En vérité, les contorsions de la vieille oligarchie politique pour tenter de contourner le Rassemblement national, parti devenu central dans la vie politique française, sont aussi ridicules que pitoyables. Finalement, son logiciel semble bloqué à la période chiraquienne durant laquelle la droite conformiste s’était soumise aux oukases de la gauche et condamnée à perdre régulièrement les élections. La politique est l’art du réel, et vouloir nier la réalité politique, le poids du RN, conduit immanquablement à l’impasse. Michel Barnier en a fait les frais.
Que n’a-t-on pas entendu, au moment du vote de la motion de censure ! Marine Le Pen aurait été « irresponsable », la censure serait un « acte très grave » qui allait précipiter la France dans chaos. Comme disait Talleyrand, « tout ce qui est excessif est insignifiant ». La France n’est pas plus dans le chaos aujourd’hui qu’hier, et ce n’est certes pas le Rassemblement national qui est responsable de la situation catastrophique de notre pays sur les plans financier, économique, migratoire, sécuritaire, éducatif, international. De surcroît, le RN n’a fait qu’user d’un droit constitutionnel qui a été mis en œuvre 52 fois, depuis 1958, et n’a abouti que deux fois. La droite conformiste est d’un toupet confondant. Elle considère comme naturel d’ignorer les élus de la droite nationale, de les mépriser, au besoin de les calomnier, mais elle exige leur soutien - discret, de préférence !
Rapidement, certains commentateurs politiques ont souligné que, finalement, Marine Le Pen avait eu raison parce qu’un sondage la créditait de 38 % d’intentions de vote au premier tour, en cas d’élection présidentielle anticipée. Explication bassement politicienne. Non, Madame Le Pen a eu raison parce que le projet de budget était un mauvais projet, qui alourdissait encore la fiscalité pour les Français, qui sont déjà le peuple le plus imposé de l’UE et de l’OCDE : 42 milliards financés à 70 % par des hausses d’impôts et seulement 30 % par des économies (Haut Conseil des finances publiques).
Ce budget n’était que la traduction de l’impuissance du système politico-administratif à engager les réformes structurelles nécessaires pour libérer la France de la pesanteur bureaucratique et fiscale. Ce que, d’une certaine façon, M. Le Maire a reconnu devant l’Assemblée nationale en tentant d’esquiver sa responsabilité par l’inconséquence cinquantenaire du système. L’administration française considère, en effet, que l’État et les collectivités locales ont un droit de tirage sans fin sur le patrimoine et les fruits du travail des Français, comme si la nation était au service de l’impuissance publique. Inversion totale des valeurs. L’État est au service de la société ; toute conception contraire est d’essence totalitaire. Le relèvement du pays ne sera possible que par un bouleversement profond des pratiques administratives, institutionnelles et politiques d’une ampleur inédite depuis Bonaparte. Il nécessitera de mettre à bas le mille-feuille administratif français, de s’affranchir de la tutelle bruxelloise, de briser la résistance de certains corps de l’État, de se libérer des entraves juridiques abusives. Bref, il s’agira de gouverner et non plus de gérer le système.
François Bayrou y parviendra-t-il ? En a-t-il seulement la volonté ? Seule une alternance profonde mais calme et assurée pourrait le permettre. Ce Béarnais, à l’ombre du château de Pau, se veut réconciliateur. N’est pas Henri IV qui veut.
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Un vert manteau de mosquées
4 commentaires
Excellent
On va pouvoir les mettre en TIG travaux d’intérêt général
Un gouvernement d’intérêt général c’est fait pour servir un général gouvernant des intéressés.
Il est tout de même curieux de faire porter au RN seul la responsabilité de la censure. Sans les autres partis, dont le PS, il n’y aurait pas eu de censure.
Il parait que Bayrou est intelligent. S’il l’est réellement, il a déjà compris qu’il doit sa nomination aux forces « anti-républicaines » qui ont voté la censure, il devra donc être gentil avec elles…