[Chronique] Mais où va la République ?

MARIANNE

Le président de la République a célébré avec faste le 80e anniversaire du débarquement de Normandie. C’est juste et il existe une forme d’urgence, car les vétérans ne seront probablement plus de ce monde dans dix ans. Ce type de commémoration contribue à forger ou raviver le « roman national », à condition de ne pas tordre l’Histoire pour des arrière-pensées politiciennes anachroniques. Il est juste, en effet, de rendre hommage aux milliers de jeunes hommes morts sur les plages ou dans le bocage de Normandie, dont la majeure partie n’étaient pas français et donnaient leur vie pour libérer un pays qui n’était pas le leur. Comme il est juste de faire mémoire des civils morts sous les bombes durant ces combats, triste caractéristique de cette Seconde Guerre mondiale qui causa plus de morts civils que militaires. Il est juste, encore, d’insister sur le fait que le combat était aussi un combat contre un système totalitaire inhumain et criminel, le national-socialisme, qui fut vaincu. Mais cette victoire laissa en place un autre système totalitaire tout aussi criminel et impérialiste qui s’abattit sur l’est de l’Europe. Il est juste, enfin, de rappeler que les armées russes contribuèrent de façon décisive à la défaite allemande, avec un nombre effroyable de pertes (13.600.000 militaires et 7.500.000 civils) dû à la férocité allemande et au mépris de la vie humaine du système communiste.

Mais il serait intéressant de s’interroger sur les causes de ce désastre humain et civilisationnel que fut la Seconde Guerre mondiale. La responsabilité retombe, évidemment, sur le gouvernement national-socialiste allemand et ses chefs - Adolf Hitler en premier lieu. Mais l’impéritie, la faiblesse, la lâcheté et l’aveuglement des gouvernements de la IIIe République ne sont pas pour rien dans le désastre de juin 1940. Le mauvais gouvernement des peuples est la cause des pires désastres humains. Pourtant, les mises en garde et les avertissements n’ont pas manqué, durant l’entre-deux-guerres. Dès 1919, Keynes et Bainville (Les Conséquences économiques de la paix et Les Conséquences politiques de la paix, livres publiés en 1919) mirent en garde contre les conséquences inéluctables des désastreux traités de paix de 1919, qui sont encore à l’origine de certains de nos conflits contemporains. Au nom d’un pacifisme bêlant, et à cause du souvenir des horreurs de la guerre de 14-18, les provocations d’Hitler laissèrent les démocraties parlementaires sans réaction, lorsque l’on pouvait encore réagir à peu de frais. Bainville avait prévenu : « Tout cela finira mal », mais il ne pouvait être entendu, car monarchiste. La IIIe République, comme fascinée, marchait vers le désastre. Tous le pressentaient, personne ne réagissait à temps car, comme le disait saint Thomas d’Aquin, les hommes préfèrent toujours un mensonge qui rassure à une vérité qui dérange. Et quand le désastre fut là, l’Assemblée nationale du Front populaire ne trouva rien de mieux que de confier le pouvoir au maréchal Pétain !

Nous devrions tirer les leçons de l’Histoire. Jour après jour se déroule la litanie des faits divers qui, par leur fréquence, deviennent des faits de société : un mineur isolé poignarde un éducateur et met le feu au foyer où il était hébergé, un mineur connu des services de police refuse d’obtempérer, s’enfuit et cause la mort d’un jeune homme de trente ans… tout cela après la succession d’attaques au couteau mortelles, d’assassinats liés au trafic de drogue, d’émeutes, d’attaques contre les forces de l’ordre, d’atteintes répétées à la laïcité dans une démarche islamique organisée sans que l’État ne réagisse efficacement. Or, tout cela n’est pas le fruit du hasard mais la conséquence de politiques irresponsables en matière d’immigration, de politique pénale et de politique sociale.

Mais à cela pourrait s’ajouter l’effondrement de notre système médical qui se traduit par les déserts médicaux et la misère hospitalière, le recul permanent de notre système éducatif dans les classements internationaux, l’endettement monstrueux de la France et la poursuite aveugle des déficits publics dus, ici encore, au mauvais gouvernement de l’État et des collectivités locales accros à la dépense publique et à l’inflation administrative. À cette impuissance subie par incompétence s’ajoute l’impuissance voulue par les abandons de souveraineté entre les mains de l’Union européenne, qui fait que le gouvernement français n’a plus de maîtrise réelle sur des pans entiers de l’action politique. Point d’orgue : la remise de la France sous dépendance stratégique des États-Unis, voulue par Sarkozy. Ainsi, la France n’est plus maîtresse de son destin et, logiquement, mesurant son impuissance, un président de la République, Hollande, finit par confesser qu’il ne voyait pas comment éviter la partition du pays !

Où va donc la République ? Sous la férule de l’État le plus cher du monde, la France semble courir vers la catastrophe. La seule interrogation reste de savoir quand elle se produira, quel sera l’événement qui enclenchera l’effondrement final. Rien ne semble plus répondre, dans la cabine de pilotage. La politique est réduite au verbiage. Il en est toujours ainsi dans les régimes finissants, ils périssent toujours plus de leurs faiblesses que de la force de leurs adversaires.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

22 commentaires

  1.  » Il en est toujours ainsi dans les régimes finissants, ils périssent toujours plus de leurs faiblesses que de la force de leurs adversaires. » « La multitude des lois est une marque du dérèglement d’un État. Le bonheur d’un État dépend de l’observation des lois, et non pas de leur multiplication. « — Étienne François de Vernage. « Quelle époque terrible que celle où des idiots dirigent des aveugles », William Shakespeare.

  2.  » Il est juste, encore, d’insister sur le fait que le combat était aussi un combat contre un système totalitaire inhumain et criminel, le national-socialisme, qui fut vaincu. En êtes-vous certain? L’Europe de Bruxelles, dirigée de fait par l’Allemagne sous les ordres des USA, n’est-elle pas, dans une certaine mesure, « un système totalitaire inhumain et criminel »?

  3. « Et quand le désastre fut là, l’Assemblée nationale du Front populaire ne trouva rien de mieux que de confier le pouvoir au maréchal Pétain ! » Il serait plus juste de dire que personne n’a voulu se porter volontaire pour endosser le rôle ! Ce qui fait penser à Valérie Hayer, unique candidate à assumer la gifle électorale. Tout le monde calomnie le Maréchal alors qu’on félicite et congratule Hayer… N’est-ce pas un peu contradictoire ?

  4. « À chacun de nous, Dieu offre le choix entre la vérité et la tranquillité. Ce choix, faites-le ; jamais vous n’obtiendrez à la fois l’une et l’autre. » Ralph Waldo Emerson

  5. Non l’origine de la deuxième guerre mondiale est dans la première, et les fausses paix qui l’ont suivi. La première guerre mondiale a été totalement fabriquée, des années à l’avance, par une minuscule élite de Grands Marchands judéo-anglo-saxons, basée Londres et New York. Pour des motifs de Profits. Nous vivons toujours la même problématique, qui peut nous conduire à une troisième guerre mondiale. Pas pour la Démocratie, pour le Fric.

    No, the origin of the Second World War is in the first, and the false peaces that followed it. The First World War was completely fabricated, years in advance, by a tiny elite of Judeo-Anglo-Saxon Great Merchants, based in London and New York. For profit motives. We are still experiencing the same problem, which could lead us to a third world war. Not for Democracy, for Money.

  6. J’aime ce texte , merci pour cette réalité !
    Sarkosy nous a remis sous la « houlette  » des USA , nous a fait entrer dans l’OTAN ( machine à écraser les peuple ) qui nous oblige à suivre les USA dans une guerre déguisée contre la Russie pour en faire un ennemi de l’Europe et venir comme libérateur d’un monde qui n’existe plus !!!

  7. Bonne analyse. Il est tout à fait juste de rendre hommage à la jeunesse qui s’est battue, qui a été tuée, pour sauver notre culture et notre liberté. Enfin, ce serait juste si machiavel avait rendu hommage à toute la jeunesse, sans oublier les millions de morts parmi les jeunes russes qui ont donné leur vie pour combattre le nazisme. Mais Macon a encore parodié, déformé l’histoire, en refusant d’accueillir un représentant de ces millions de Russes et en recevant comme un prince le président de l’Ukraine, ce pays qui nourrissait un nombre effarant de nazis. Rappelons que le premier soldat tué lors du débarquement est un soldat français abattu par un nazi ukrainien. Si ça avait été un soldat français, ou ukrainien, abattu par un nazi russe machiavel en aurait parlé et reparlé, n’en doutons pas.

  8. Notre beau pays est devenu la poubelle du monde. Une destruction depuis plus de 40 années en est la cause grâce à des dirigeants incompétents et profiteurs.

    • Pourquoi toujours ces « 40 ans » alors que la dégradation a débuté en 58 avec ce colonel prétendument sauveur de la France

      • Ne pas vouloir reconnaître que le Général DE GAULLE s’est insurgé face au nazisme mais aussi face aux USA semble vous « écorcher la bouche » ! … Le déclin de la FRANCE n’a commencé que lorsque « pompompidou » est venu avec son idéologie mondialiste ! … Il n’a pas eu le temps car il est resté en poste trop peu de temps … Le suivant giscard a scellé le destin de la FRANCE avec son « regroupement familial » … Les autres ont largement amplifier ce désastre et macron vient de planter « le clou mortel » au coeur de la « République française » …
        Le machiavel a encore frappé ! …

      • N’importe quoi, si vous êtes « pied noir », je vous comprend, mais ne vous approuve pas pour autant, tout ce qui est excessif est dérisoire.

      • Celà a commencé bien plus tôt, remontons donc en arrière, puisque Christian Laborde trouve dérisoire la critique de son idole, juste admissible si l’on est pied-noir ! En effet, la dégradation ne s’est pas limitée aux mensonges et à la trahison de la parole donnée en 58 et suivantes ayant généré les massacres de milliers d’européens, de berbères et arabes fidèles à la France ! Déjà, en 40, l’armistice n’étant pas encore signée, partir en Angleterre avec le chef du MI6, le 16 juin, était une désertion, pour confier en décembre 41 au général Odic « N’avouez jamais que l’armistice ne pouvait être évité » ! Ensuite, et pour n’évoquer que celà, encourager la guerre civile entre « résistants » et « collaborateurs » présumés (qui se perpétue aujourd’hui, sous une forme amoindrie) et laisser faire les massacres et jugements sommaires à la Libération qui ont fait plus de 100 000 victimes d’après le ministre de l’intérieur de l’époque, tout en nommant le déserteur Thorez, ministre d’État ont affaibli la France. Si la division des français, renouvelée lors du conflit algérien, n’a pas participé à la dégradation de la France, je ne connais plus la signification des mots !

  9. Pourquoi la politique française est-elle réduite au verbiage ? Parce que tout se décide ailleurs, à l’union européenne. Mais, on n’écoute pas l’évidence quand certains évoquent le Frexit, comme on n’écoutait pas les monarchistes en 1919. Tout cela finira mal, en effet…

  10. Les combattants « n’étaient pas Français en majorité » ou bien « la plupart des combattants étaient étrangers » mais en aucun cas « la majorité n’étaient pas Français ». Au Concours d’Entée en Sixième vous auriez été sanctionné cher Monsieur

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