[Chronique] Nouvelle-Calédonie : répétition générale ?

Les gouvernements de droite et de gauche se sont évertués à transformer la France en mosaïque multiculturelle.
Capture d'écran franceinfo
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Comparaison n’est pas raison et l’explosion de violences, de pillages et de meurtres de Nouvelle-Calédonie n’est évidemment pas similaire aux émeutes urbaines qu’a connues la métropole en 2023. Les ressorts de l’embrassement sont entremêlés et divers : syndrome postcolonial, influences étrangères, réforme constitutionnelle relative au corps électoral, maladresses gouvernementales, poids du passé dans une société multiculturelle, effondrement de l’État régalien. Néanmoins, il est intéressant d’étudier certaines données qui peuvent être comparables à la situation métropolitaine.

La Nouvelle-Calédonie est un archétype de société multiculturelle qui compte environ 280.000 habitants. Cohabitent, sur ce territoire, de multiples communautés : les Kanaks (41,21 % de la population), les « Caldoches », Néo-Calédoniens d’origine française (24,12 %), les métis (11,33 %), les Wallisiens et Futuniens (8,3 %), les Asiatiques (Indonésiens, Vietnamiens, Chinois, Japonais…), les Tahitiens et Ni-Vanuatu. Donc, une mosaïque de cultures qui devrait réjouir les chantres de la diversité. Ceux-ci, pourtant, dans le cas particulier, ont tendance à dénier leurs droits démocratiques à ceux qui n’appartiennent pas au « peuple premier » - près de 60 % de la population. De surcroît, l’exemple n’est pas très probant. À l’évidence, le multiculturalisme n’est pas si facile à vivre. Une fois encore, les faits viennent contredire l’idéologie.

Au demeurant, il n’est pas nécessaire d’avoir fait Normale Sup pour constater que faire vivre en harmonie des sociétés multiculturelles est plus compliqué que dans le cas de sociétés plus unies sur le plan culturel. Et point n’est besoin d’évoquer le Rwanda ou le Moyen-Orient, il suffit de regarder l’histoire récente de l’Europe, de l’Irlande au Pays basque, de la Bosnie-Herzégovine au pseudo-État du Kosovo ou, dans un mode mineur, la Belgique avec les Flamands et les Wallons ou l’Espagne et la Catalogne. Il est évident que les différences culturelles peuvent devenir des antagonismes, voire des conflits ouverts. N’en déplaise aux idéologues. Les empires multiculturels ont tous fini par s’effondrer dans la douleur et n’avaient tenu que grâce à une fidélité dynastique qui n’est plus de saison.

Le profil des émeutiers mérite l’intérêt. Une analyse des émeutes de l’été 2023, publiée par Vie publique (21/9/2023), indique que les émeutiers et pillards étaient de jeunes hommes de moins de 25 ans, peu ou pas diplômés et sans revendications idéologiques ou politiques affirmées. Or, ce profil ressemble à celui des émeutiers de Nouvelle-Calédonie. L’interrogation qui demeure est de savoir qui instrumentalise cette jeunesse sans repères tombée dans la violence. En vérité, dans les deux cas, la réponse semble assez claire : des ennemis de la France. Pourtant de nationalité française. Preuve que la forme juridique ne présuppose en rien la loyauté affective et civique.

En Nouvelle-Calédonie, l’État est apparu dépassé par les événements dès le début du mouvement insurrectionnel. Les citoyens ont donc été contraints de créer des milices d’autodéfense ! La décadence de l’État régalien a donc éclaté au grand jour. L’État français n’est plus qu’un État lourd, à défaut d’être un État fort. En métropole, il avait été aussi dépassé et incapable d’assurer la sécurité des biens.

Quant au gouvernement, il s’est borné à égrener les habituelles déclarations martiales sur l’ordre républicain et la fermeté totale des institutions. Personne n’y croit plus.

Ainsi, le chaos de la Nouvelle-Calédonie semble préfigurer ce qui pourrait survenir en métropole. Depuis des décennies, les gouvernements de droite et de gauche se sont évertués à transformer la France en mosaïque multiculturelle. Le Président Hollande a même confessé qu’il ne voyait plus comment éviter la partition. Le responsable politique n’est plus qu’un commentateur des événements qui les « accompagne ». L’aveuglement idéologique et la faiblesse de l’action politique encouragent et nourrissent l’effondrement de l’État et la déstructuration de la société. La responsabilité du système oligarchique est écrasante. Si nous ne voulons pas que la situation de la Nouvelle-Calédonie soit une répétition générale, il faut changer d’urgence tous les paradigmes de l’action politique. Il nous faut une alternance forte. Vite. Avant qu’il ne soit trop tard.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Il y a un proverbe Turc qui dit :  » Quand un bouffon déménage dans un palais , il ne devient pas un roi . Le palais devient un cirque » …. ça me fait penser à l’élysée !

  2. En Nouvelle Calédonie les blancs envahissent le pays des noirs, en France c’est l’inverse, mais les conséquences sont (ou seront) les mêmes: la guerre civile.

  3. le gouvernement s’enfonce de plus en plus les kanacs sont chez eux ils ne veulent pas devenir minoritaires dans leur propre pays il s ont un exemple flagrant celui des Français qui petit a petit deviennent minoritaires .étant donné l’immigration incontrôlée naturellement je blâme avec force toutes ces émeutes et morts mais notre gouvernement est entièrement responsable

  4. Aide toi et le ciel t’aidera, voilà ce qu’il faut retenir. N’ayant aucune confiance en les politiques de tous bords, il est préférable de se préparer à l’autodéfense. Attendre un soutien de l’état en cas de soulèvement ethnique, me semble utopique, nos bons politiques ne penseront, le désordre venu, qu’a sauver leurs prébende.

  5. Le point commun entre les émeutes de banlieues métropolitaines et celle de Calédonie ? Il faut sans doute aller le chercher du côté de chez Hannah Arendt :  » Toute nouvelle génération est une génération de barbares qu’il nous appartient de civiliser ». Les nouveaux critères sociétaux nous interdisent ce devoir, ce effort de civilisation de la jeunesse, et elle se retrouve réceptive aux manipulations, car non outillée pour les discerner. L’autre point commun est qu’à Paris comme à Nouméa, on souffre de l’incompétence hautaine de Macron et ses affidés.

  6. En clair il faut remettre l’église au centre du village au sens propre comme au figuré.

  7. Et qui paiera pour tout ça ?
    TOUS les français, pas seulement les calédoniens, quelque soit leur racines !

  8. Et notre chef de guerre qui donne des leçons aux grandes nations alors que sur une simple ile c’est le bordel. Ce type est vraiment un garnd malade.

  9. oui,mais pa d’illusion çà se fera avec des larmes et du sang.Je sais de quel « côté » je serai

  10. Ce qui se passe en Nouvelle Calédonie est un avant goût de ce qui nous attends en france si nous laissons ce gouvernement au pouvoir . Marine Le Pen nous a déjà trahi à plusieurs reprises au sein de l ‘UE nous ne pouvons donc pas compter sur elle , le seul parti digne de confiance est reconquête qui fera tout pour redresser ce pays et nous sauver de ces barbares .

    • Oui, je suis également déçu par MLP et mes intentions pour le prochain scrutin s’orientent vers Reconquête.

  11. Les Caldoches ont peur, s’enferment, se barricadent, se regroupent, s’organisent et s’arment pour défendre leurs familles, leurs enfants, leurs biens, leurs entreprises afin de faire face à des émeutiers armés et dangereux. Situation qui pourrait bien arriver en Métropole, nous dit le philosophe Michel Onfray. L’ordre, le calme et la sérénité qu’appelle de ses vœux le premier ministre Attal ne seraient alors que de vains mots dans l’utopie du vivre ensemble, du multiculturalisme, de nos politiciens, impuissants, peu clairvoyants, hors-sol, coupés du monde réel extérieur. Leurs discours n’étant que rêveries sucrées, apposées sur une réalité cauchemardesque… Ce chaos risque même, dans un avenir proche, de devenir extrême. Quels seront les élus capables de mettre en œuvre des mesures radicales qui empêcheront la France de sombrer, car ils sont surarmés, ils pillent, ils mettent le feu, ils violent, ils tuent, ils imposent !

  12. Espérer n’est pas une réalité. Et revendiquer son identité n’est plus la fierté de la majorité des français. Faudra assumer les temps qui viennent et être capable de se battre s’il le faut. On verra qui est qui est qui.

  13. Et l’autre a l’Élysée qui fait «  le beau » et qui menace poutine d’une intervention militaire française alors qu’il est en dessous de tout , incapable de pacifier les centaines de banlieues dans l’hexagone comme en Nouvelle Caledonie , celui qui laisse des centaines d’attaques au couteau , celui qui détourne le regard lorsque des fonctionnaires se font massacrer parce qu’ils transportent des détenus , celui qui regarde d’un regard vide les enseignants se faire égorger ainsi que des prêtres ou des chauffeurs de bus ..un individu responsable d’un chaos inouï

    • Il faut se souvenir de sa phrase en 2017 il avait dit « c’est moi ou le chaos » lors du face à face avec Marine Le Pen. En fait nous lavons eu les deux pour le même prix. Je crois qu’aucun président n’a eu à faire à autant de désordre…incroyable!

  14. J’ai du mal à croire qu’on ne peut pas sécuriser une île qui ne compte que 300000 habitants,comme la corse ou les hautes Alpes.. surtout si les indépendantistes ne représentent que 5% de la population..

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