[CHRONIQUE] Politiciens, gouvernement : ça sert à quoi ?

Macron est un sous-préfet, parfois aux champs quand il va faire de « l’immersion » à Thouars (Élysée dixit)...
Capture d'écran Nouvelle République
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Une enquête réalisée en février dernier par OpinionWay pour Sciences Po et le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) sur le thème « En quoi les Français ont-ils confiance aujourd’hui ? » révélait de façon crue l’état de déréliction de notre système politique. Ainsi, 74 % des Français n’ont pas confiance dans la politique et 71 % considèrent que la démocratie ne fonctionne pas bien. Et dans le détail institutionnel, les résultats ne sont guère plus brillants : 72 % des Français n’ont pas confiance dans l’institution présidentielle, 74 % n’ont pas confiance dans l’Assemblée nationale, 69 % n’ont pas confiance dans le Parlement européen, 75 % n’ont pas confiance dans le gouvernement. Il est permis de se demander pourquoi le Parlement européen bénéficie d’un cote un peu moins mauvaise ? L’éloignement, sans doute.

Une impuissance politique voulue

Faut-il s’en étonner, tant le personnel politique nous joue, depuis si longtemps, une si mauvaise pièce de boulevard ? Le problème est que ce mauvais spectacle est tragique pour la France et les Français. Tout est à changer, les acteurs comme le texte !
La situation politique issue de la dissolution rend, en pratique, le gouvernement quasi impuissant et le condamne à des contorsions sémantiques sans efficacité. Et notre monde politique court en rond comme un canard sans tête. La fin ne sera pas plus gaie que celle du volatile, mais c’est aussi de la France qu'il s’agit, ce qui ne prête pas vraiment à rire.
Plus grave, encore, que les péripéties politiciennes actuelles, l’impuissance politique a été voulue. La majorité des politiciens, depuis des décennies, n’a eu d’autre horizon que l’abdication de la souveraineté française au profit du gouvernement technocratique et impérial de l’Union européenne. Ils se sont condamnés au rôle de sous-fifres. Depuis Maastricht, il n’a été question que de transferts de pans entiers de souveraineté, donc de pouvoir, donc de possibilité d’agir. Tout y est passé, ou presque. Non seulement nous ne décidons plus de rien, mais encore Bruxelles décide pour nous. Et pour faire bon poids, nous nous sommes mis sous la juridiction de cours de justice internationales qui n’hésitent pas à censurer nos politiques nationales.

Macron en immersion...

Macron est un sous-préfet, parfois aux champs quand il va faire de « l’immersion » à Thouars (Élysée dixit), le plus souvent en vadrouille diplomatique où il amuse la galerie comme un GO du Club Med, tandis que les choses sérieuses se déroulent ailleurs. Quant aux élus nationaux, faute d’exercer des pouvoirs qu’ils ont abandonnés, ils prétendent nous dicter notre vie dans les moindres détails : où nous pouvons circuler, avec quel type de voiture ; comment nous devons faire le tri sélectif ; quels travaux nous pouvons exécuter sur notre maison ; comment défigurer nos paysages terrestres et maritimes avec des éoliennes à l’efficacité aussi faible qu’intermittente… Très souvent pour répondre aux injonctions verdoyantes de Bruxelles. Sans oublier de déstructurer la société par des lois dites sociétales. Ça ne coûte rien et donne satisfaction à certains cénacles frénétiquement acharnés à détruire la civilisation judéo-chrétienne.

Des Français accablés d'impôts et de normes par un État impuissant

Pendant ce temps, les Français doivent supporter l’État le plus cher du monde, mais leur sécurité n’est plus assurée, leurs frontières sont des passoires, des quartiers entiers sont hors la loi, leur école ne cesse de dégringoler dans les classements internationaux, les hôpitaux sont en crise, les déserts médicaux se multiplient, la liberté académique n’est plus assurée dans certaines universités, notre diplomatie est impuissante, notre armée, certes efficace, est devenue une armée en miniature.

En revanche, les citoyens, notamment ceux qui travaillent et entreprennent, sont accablés de règles, de normes et d’impôts mis en place par des armées de bureaucrates qui prospèrent dans le mille-feuille administratif. En fin de compte, nos politiciens impuissants ne servent à rien, sauf à emmerder les Français - pour reprendre le mot du Président Pompidou. C’est tout le système et l’esprit du système qu’il faut changer. Plutôt que pour eux-mêmes, c’est pour la France que l’on souhaiterait que les politiciens travaillent. L’électoralisme pourrit tout, encourage les promesses coûteuses et le clientélisme. Il fait de l’élection la fin de la politique alors qu’elle n’en est que le moyen.

Nous aboutissons à un système sans âme servi par des êtres sans caractère et sans ampleur de vue : « Chacun va donc maintenant faire chauffer sa petite soupe, sur son petit feu, dans sa petite marmite, et dans son petit coin, en s’imaginant vivre des jours tranquilles » (de Gaulle à Jean d’Escrienne). C’est tout le contraire de « jours tranquilles » qui se profile. Et le temps est bien lointain où Richelieu pouvait écrire : « Il faut que certains veillent, afin que d’autres puissent dormir en paix à l’abri de leurs veilles. » C’était une autre France et surtout une autre âme de gouvernement.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Dans l’espace, il existe des lieux effrayants appelés « Trous Noirs ». Ils sont dotés d’un pouvoir attractif gigantesque: toute matière qui s’en approche, tout système planétaire est absorbé sans rémission,mais ils n’émettent aucune lumière !
    Notre France est un « Trou Noir ». Nous sommes gouvernés par un Trou Noir financier.
    Le peuple américain s’est débarrassé de Biden et de sa clique en élisant Trump.
    Mais il reste des  » satellites- trous-noirs » à la tête des satellites US.
    Saurons-nous imiter la Grande Démocratie ?
    Oui, si j’en crois l’Histoire. Tous les « victimismes » ont disparus en 2 générations: absorbés par un « Trou Noir »

  2. Pour faire bref, politiciens, gouvernement, ne servent à rien puisque la France est tombée très bas en quelques décennies à cause de leur grande incompétence. A ce jour, elle est ruinée et toutes nos institutions sont à l’agonie. Sans eux, le résultat n’aurait pas été pire.

  3. Les politiciens français sont tous des avocats ratés ou des étudiants qui après 10 ans d université , ne savent rien faire de leurs 10 doigts et se tournent alors vers la politique pour accéder à des avantages financiers sans bosser, seul 2 ou 3 sont placés à des postes clés par les puissants lobbys auquels ils obéissent au doigt et à l œil, et ils se foutent tous royalement de la cause du peuple dont ils sont déconnectés, c’est pour cela que la France est tombée si bas depuis 40 ans , la faute aussi aux français qui ont de la peau de saucisse sur les yeux et ont cautionné ce désastre

  4. Excellente synthèse des conséquences désastreuses de nos lâches abandons. Des élites toujours prêtes à se défausser de leurs responsabilités en créant des structures parallèles sans légitimité démocratique. L’Etat est devenu une gigantesque machine à produire de la norme et des atteintes aux libertés. Pondre des lois ou des décrets inapplicables donne l’illusion d’un travail juste et rémunérateur des mandats conférés à nos élus, sans que ces derniers ne soient responsables de rien. La crise Française est une crise de nos élites cooptées dans un cercle restreint de privilégiés qui défendent pied à pied leurs privilèges de caste. Nos institutions gangrénées par l’affairisme ou l’électoralisme ne sont plus à même de penser où se situe l’intérêt national ni celui de ses citoyens. Notre machine d’Etat tourne à vide produisant chaque jour incohérences ,injustices , mépris du droit, et in fine, mort de la démocratie.

  5. Votre édito est encore une fois la réalité consternante que nous subissons depuis au moins 40 ans et sans doute pour moi depuis 68 (il n’y a qu’à regarder l’âge de la plupart de nos ministres mais aussi de leurs conseillers), mais ce qui m’ennuie c’est que toutes ces causes et leurs effets nous les connaissons alors j’aimerais que l’on me parle plutôt des solutions, parce que à la vitesse où nous allons dans le mur cela va faire très mal.

  6. Chez nos voisins suisses, pas de grèves, pas de manifestations de rue. Le peuple donne son avis, s’exprime et prend les décisions par la « votation ».
    Chez nous, depuis 2017, 1300 milliards se sont ajoutés à la dette du pays, déjà colossale.
    Et personne n’est responsable!
    Pas le Mozart de la finance, pas ses ministres, pas ses commissionnaires, ni le sénat, ni l’assemblée nationale!
    A quoi servent ces irresponsables et autres inutiles?
    La responsabilité est évidemment cherchée chez les chômeurs , responsables du chômage, chez les retraités qui ont arrêté de travailler, chez les malades!
    Il faut évacuer ces irresponsables et ces inutiles, supprimer le sénat dont 30% boudent les réunions, supprimer l’assemblée nationale, d’autant que ces deux chambres s’auto-augmentent sans vergogne.
    Voila des pistes d’économies! Et si on en venait à la démocratie, c.a.d aux décisions du peuple? Certes ce n’est pas dans sa culture mais si on ne commence pas un jour ça ne le sera jamais.
    Belle utopie n’est ce pas?

    • Raletout vous avez raison ils sont incapables de dirigés un pays trop de députés trop de sénateurs trop de hauts fonctionnaires qui ne servent à rien qu’à creuser le trou du déficit et toutes les associations qui nous ruines .

    • Vous avez raison et le calcul est simple, nous sommes 64 millions et 30 millions vivent de l’Etat sous une forme ou sous une autre, soit en gros un Francais travaille pour l’autre, donc dans le prolongement un Francais sur deux paye les impôts pour tous les autres.

  7. Hier, se faire élire représentait, pour le plus grand nombre, « faire don de sa modeste personne pour améliorer le sort et la vie de ses concitoyens ». Aujourd’hui, se faire élire, c’est, pour le plus grand nombre, la consécration d’un égoïsme forcené doublé d’un esprit fureteur et magouilleur pour « faire fructifier son esprit d’entreprise au profit affirmé de ses propres éléments de train de vie » en utilisant les opportunités ouvertes par les diverses réclamations d’électeurs intoxiqués et abétifiés.

  8. « Nous aboutissons à un système sans âme servi par des êtres sans caractère et sans ampleur de vue ». Bonne définition du socialisme, caractérisé par l’hypertrophie triomphante et hégémonique de l’administration.

  9. « La majorité des politiciens, depuis des décennies, n’a eu d’autre horizon que l’abdication de la souveraineté française… » Ces mêmes politiciens qui tueraient père et mère pour accéder aux plus hautes fonctions n’ont qu’une chose en tête une fois élus, abdiquer leur pouvoir au profit d’instances supra-nationales. Aucun carriériste ne renonce benoîtement à la puissance que lui confère sa charge sans être menacé ou corrompu. Manifestement, tous nos dirigeants sont l’un ou l’autre, si ce n’est les 2 en même temps.

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