[CHRONIQUE] Politique à la française : « bonjour tristesse »

La vieille classe politique s’est suicidée, elle agonise. Achevons-la avant qu’elle n’achève la France.
Capture écran Le Figaro sur YouTube
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La période politique que nous traversons ne peut qu’éloigner encore plus les Français du fonctionnement de notre République. Chacun ressent l’urgence des défis du quotidien – difficultés matérielles, ensauvagement de la société, effondrement éducatif, déserts médicaux, immigration incontrôlée – tout comme le « dévissage » de la France sur tous les plans – déficit, déclassement international, perte d’influence culturelle, décrochement économique, désagrégation sociale et sociétale – et le monde politique ne semble soucieux que d’intérêts partisans, de carrière personnelle, de préservation des situations, d’équilibres politiciens improbables. Pour le coup, c’est le retour vers le pire du passé de nos Républiques numéros III et IV. L’individualisme qui caractérise notre société a envahi le monde politique qui semble avoir « perdu le nord » et surtout le sens du bien commun.

Au cours de la longue Histoire de notre vieux pays, nous avons déjà connu ces jours sombres où il semble que le cours des événements échappe à notre volonté, comme si un implacable destin s’abattait sur notre peuple pour le conduire au désastre. Or, ce destin, c’est toujours nous qui l’avons forgé. Il n’est pas le fruit du hasard mais du refus d’accepter les réalités telles qu’elles sont, qui engendre l’esquive devant les choix difficiles, l’attentisme puis la lâcheté et le déshonneur. Car toujours le plus grand nombre préfère « un mensonge qui rassure à une vérité qui éclaire » (saint Thomas d’Aquin). La trahison des élites précède puis accompagne l’effondrement du peuple sur lui-même, comme si l’effort tendu durant des siècles pour être était devenu soudain trop lourd à porter.

Quand rien ne répond plus

Lorsque tout semble perdu, quand les Français se divisent et se haïssent, survient parfois une figure qui ressoude ce qui était brisé, galvanise les âmes et apaise les cœurs. Jeanne la Lorraine, Henri le Béarnais, Louis d’après la Fronde, Bonaparte le Corse, Charles « le Connétable ». À un moment donné, ils ont su incarner une espérance, susciter un redressement, avec les mots et dans les circonstances de leur époque mais où il existait encore, malgré tout, une conscience et un honneur français cachés quelque part.

Nous sommes dans l’avant. Quand rien ne répond plus. Lorsque la puissance d’imaginer autre chose que le statu quo est morte. Les politiciens s’agitent comme les insectes autour de lampe des nuits d’été, follement. Ils ne gouvernent plus, ils administrent. À toutes les couches du mille-feuille administratif, ce ne sont que procédures, normes, contraintes, rapports et observatoires. L’administration préfectorale bataille avec celle de la communauté de communes pour savoir si l’on a « artificialisé » 43 hectares ou 38. Chacun conclut qu’il faut créer une commission et un « observatoire de l’artificialisation ». Les « redevances incitatives » traquent les déchets mal triés, mais lorsque les particuliers gèrent mieux leurs ordures, les recettes baissent et l’on augmente la redevance. Le mot d’ordre est d’éduquer le citoyen et l’agriculteur pour qu’il taille ses haies au moment décidé par l’administration et le dissuader de curer ses fossés. Quant à la pauvre famille qui rêve d’une maison et d’un jardin pour que s’y ébattent ses enfants, il lui est enjoint de préférer l’habitat collectif à la campagne. Du Ceaușescu dans le texte. Une logique folle de contrôle social s’est emparée de l’administration et des élus, locaux comme nationaux.

Pendant ce temps, entre la rue de Varenne et la rue du Faubourg-Saint-Honoré, la bataille fait rage pour les maroquins ministériels et chaque parti y va de ses exigences, de ses « lignes rouges », de ses « têtes de Turc » et de ses mesquineries. Le but est toutefois unique : sauver le système et en tirer avantage. L’air de l’opérette « La Fille de Mme Angot » n’a jamais été aussi vrai : « Ce n’était pas la peine assurément de changer de gouvernement. » C’est de système, qu’il faut changer. Balayer les vieux modes de penser et d’administrer, de haut en bas et de bas en haut. Les anciens logiciels sont inopérants. Quarante années de gouvernement politico-administratif ont conduit à l’impasse, à l’infantilisation d’un peuple sur-administré, à l’effacement de la France dont la souveraineté a été bradée. Sans souveraineté, il n’y a plus ni de démocratie ni de possibilité d’action du politique. La vieille classe politique s’est suicidée, elle agonise. Achevons-la avant qu’elle n’achève la France.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Alors que le gouvernement Bayrou s’annonce pire que le gouvernement Barnier, par son retour de « dinosaures » opportunistes dont on ne veut plus, je pense par ailleurs que la fonction présidentielle même pose problème.
    Quand la légitimité se mesure à peu près à trois mille CRS et autant de journalistes en tant que garde rapprochée, la communication avec les citoyens se borne à une propagande par la télévision, c’est tragique!
    Droite et gauche ont tort de camper sur leurs positions selon moi, non pas que l’imposture du nouveau Monde prétendu de Macron ait du sens, mais parce que la leçon des gilets jaunes est ignorée alors qu’elle faisait sens pour la France et la nation, qu’on soit un nationaliste ou un communiste.
    Nos « politiciens » combattent cette unité pour se maintenir au pouvoir comme Macron ou Bayrou, nous devons donc les combattre, selon moi. Mais il faut aussi renier nos préjugés pour avancer.

  2. Merci, M. Buffetaut, quelle clarté dans cette France qui nous attriste, avec aucun espoir, car nous ne pouvons espérer quoique ce soi, dans une amélioration, au vu et entendu de ces personnages qui virevoltent pour obtenir un siège alors qu’ils n’ont aucune véritable expérience dans l’organisation d’un état souverain, et fier !

  3. Très bon article et bon constat, un de plus. Admettons aussi que les Français ont leur part de responsabilité, toujours prompts à se laisser effrayer au second tour des élections. Pourtant, ce n’est pas faute de les avoir prévenus ; les sondages prouvent qu’ils ne font pas confiance aux médias qui les manipulent ou encore moins aux hommes politiques. Il est évident que nombre de nos concitoyens sont, et c’est bien normal à l’image de cette société, dans le monde du travail, mais aussi dans leur rapport à la vie en général, responsables de rien, exigeants avec autrui, inconscients sur les réalités du monde, jaloux de ceux qui ont réussi, les vilains patrons, les riches surtout, mais se bousculent lors du tirage du super loto pour le devenir. Ces quarante dernières années ont fait de nous des individus infantilisés, des moutons où l’irresponsabilité individuelle, l’effort, la prise de risque ne sont plus de mise chez une majorité de Français.

  4. Quand Macron comprendra t’il qu’il doit partir ? A l’exception de quelques apparatchiks, les contribuables français le souhaitent. Le président-touriste aura visité tous les pays de la planète, le Touquet-Paris-Plage devrait convenir à sa retraite, la plage est profonde à marée basse; il touchera sa retraite à 64 ans comme nous. En attendant, il traversera la rue pour tenter de trouver un job rémunéré au SMIC.

  5. « le monde politique ne semble soucieux que d’intérêts partisans…. » et « l’infantilisation d’un peuple sur-administré… ».Mais Mr Buffetaut, ce peuple a voté il y a 6 mois et donc rejeté un changement radical ou la France , son identité et le patriotisme étaient en première ligne d’un parti. Les français ont approuvé un Front Republicain honteux et contre lequel ne se sont élevés ni les Bayrou, Retailleau, Sarkozy ( je ne le plains pas ..) et autres gamellards, dont les médias nous abreuvent de leurs soi-disant qualités. Et de rire. Les français vont en baver, grand bien leur fasse, ils le méritent bien..

  6. Un seul remède, un formidable coup de balai pour éliminer durablement ces femmes et ces hommes politiques corrompus et usés dont on arrive pas à se débarrasser. Vous les videz par la porte, ils rentrent par la fenêtre. On le voit actuellement avec la composition du gouvernement Bayrou où l’on va retrouver ceux qui nous ont amené dans la situation actuelle. A croire qu’il n’existe pas une nouvelle génération composée de jeunes femmes et d’hommes aux compétences reconnues qui sauront redresser notre beau pays en train de sombrer sous la présidence d’un monarque qui se prend pour Louis XIV.

    • Complètement d’accord et comme a dit quelqu’un de célébre : on ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.

    • D’accord avec vous, GO.
      Un formidable, un magistral coup de balai pour vider la France de ces « Et moi Et moi ! » à l’affût est indispensable.
      J’attends avec intérêt et inquiétude la composition du gouvernement Bayrou. Va-t-il opter pour la sagesse ou la largesse ? Réponse connue d’avance.

  7. Je me demande qui va oser aller se montrer dans un gouvernement Bayrou. Des gens en fin de vie politique, des gens qui n’ont rien à perdre et à gagner une petite pension de retraite, des gens qui espèrent encore se faire un dernier coup bas, l’extrême centre va vider ses tiroirs et si c’est vide, maintenant, il y a les hologrammes avec comme avantage pour nous, c’est qu’il ne faut pas les payer, enfin, je suppose…

  8. Je vous laisse imaginer mon voeu le plus cher pour 2025. Urgent de le voir quitter la tête de l’état avant qu’il termine son entreprise de destruction de notre pays en cadenassant tout pour ses copains, afin d’empêcher le relèvement de la France par un autre gouvernement.

  9. En 7 Ans d’exercice du pouvoir, Macron a démoli la France, l’a endetté à un point qui nous plongera pendant des décennies dans la pauvreté ou plus encore, une France colonisée par l’Algérie. Nous seront colonisés ou il y aura une guerre civile. Pensez à la prophétie de Churchil.

  10. Un Béarnais nous en avons un, il ne se prénomme pas Henri mais François et il ne semble pas être fait dans le même bois. Lui, ce serait plutôt la navigation à la godille.

  11. Depuis cinquante ans nous avons une classe politique pitoyable qui n’a de cesse de se remplir les poches en oubliant la vie et la survie du pays. Je crois que le petit henri de Pau va nous remettre des has been. Quelle honte!

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