[CHRONIQUE] Politique à la française : « bonjour tristesse »
La période politique que nous traversons ne peut qu’éloigner encore plus les Français du fonctionnement de notre République. Chacun ressent l’urgence des défis du quotidien – difficultés matérielles, ensauvagement de la société, effondrement éducatif, déserts médicaux, immigration incontrôlée – tout comme le « dévissage » de la France sur tous les plans – déficit, déclassement international, perte d’influence culturelle, décrochement économique, désagrégation sociale et sociétale – et le monde politique ne semble soucieux que d’intérêts partisans, de carrière personnelle, de préservation des situations, d’équilibres politiciens improbables. Pour le coup, c’est le retour vers le pire du passé de nos Républiques numéros III et IV. L’individualisme qui caractérise notre société a envahi le monde politique qui semble avoir « perdu le nord » et surtout le sens du bien commun.
Au cours de la longue Histoire de notre vieux pays, nous avons déjà connu ces jours sombres où il semble que le cours des événements échappe à notre volonté, comme si un implacable destin s’abattait sur notre peuple pour le conduire au désastre. Or, ce destin, c’est toujours nous qui l’avons forgé. Il n’est pas le fruit du hasard mais du refus d’accepter les réalités telles qu’elles sont, qui engendre l’esquive devant les choix difficiles, l’attentisme puis la lâcheté et le déshonneur. Car toujours le plus grand nombre préfère « un mensonge qui rassure à une vérité qui éclaire » (saint Thomas d’Aquin). La trahison des élites précède puis accompagne l’effondrement du peuple sur lui-même, comme si l’effort tendu durant des siècles pour être était devenu soudain trop lourd à porter.
Quand rien ne répond plus
Lorsque tout semble perdu, quand les Français se divisent et se haïssent, survient parfois une figure qui ressoude ce qui était brisé, galvanise les âmes et apaise les cœurs. Jeanne la Lorraine, Henri le Béarnais, Louis d’après la Fronde, Bonaparte le Corse, Charles « le Connétable ». À un moment donné, ils ont su incarner une espérance, susciter un redressement, avec les mots et dans les circonstances de leur époque mais où il existait encore, malgré tout, une conscience et un honneur français cachés quelque part.
Nous sommes dans l’avant. Quand rien ne répond plus. Lorsque la puissance d’imaginer autre chose que le statu quo est morte. Les politiciens s’agitent comme les insectes autour de lampe des nuits d’été, follement. Ils ne gouvernent plus, ils administrent. À toutes les couches du mille-feuille administratif, ce ne sont que procédures, normes, contraintes, rapports et observatoires. L’administration préfectorale bataille avec celle de la communauté de communes pour savoir si l’on a « artificialisé » 43 hectares ou 38. Chacun conclut qu’il faut créer une commission et un « observatoire de l’artificialisation ». Les « redevances incitatives » traquent les déchets mal triés, mais lorsque les particuliers gèrent mieux leurs ordures, les recettes baissent et l’on augmente la redevance. Le mot d’ordre est d’éduquer le citoyen et l’agriculteur pour qu’il taille ses haies au moment décidé par l’administration et le dissuader de curer ses fossés. Quant à la pauvre famille qui rêve d’une maison et d’un jardin pour que s’y ébattent ses enfants, il lui est enjoint de préférer l’habitat collectif à la campagne. Du Ceaușescu dans le texte. Une logique folle de contrôle social s’est emparée de l’administration et des élus, locaux comme nationaux.
Pendant ce temps, entre la rue de Varenne et la rue du Faubourg-Saint-Honoré, la bataille fait rage pour les maroquins ministériels et chaque parti y va de ses exigences, de ses « lignes rouges », de ses « têtes de Turc » et de ses mesquineries. Le but est toutefois unique : sauver le système et en tirer avantage. L’air de l’opérette « La Fille de Mme Angot » n’a jamais été aussi vrai : « Ce n’était pas la peine assurément de changer de gouvernement. » C’est de système, qu’il faut changer. Balayer les vieux modes de penser et d’administrer, de haut en bas et de bas en haut. Les anciens logiciels sont inopérants. Quarante années de gouvernement politico-administratif ont conduit à l’impasse, à l’infantilisation d’un peuple sur-administré, à l’effacement de la France dont la souveraineté a été bradée. Sans souveraineté, il n’y a plus ni de démocratie ni de possibilité d’action du politique. La vieille classe politique s’est suicidée, elle agonise. Achevons-la avant qu’elle n’achève la France.
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5 commentaires
Parfait article. Nos grands hommes ( et cela inclut Jeanne d’Arc) ont su décider et gouverner, deux concepts évanouis dans les méandres judicio-administratifs: la justice est devenue le premier pouvoir, l’administration reste et amortit toute velléité de changement. La lutte contre ces pouvoirs semble se dessiner: mais aux USA seulement, où les nominations de Trump semblent montrer qu’il a l’intention de régler quelques comptes avec ceux qui ont plombé son premier mandat. Ce sera très intéressant à suivre.
Excellent réquisitoire du local au national !
Il y a un sujet qui n’a été qu’évoqué, que dis- je, à peine effleuré par la presse et sur lequel depuis semble peser une omerta qui nous rappelle les heures etc, etc…Que sont devenus les bouquins de Melenchon? Après l’incendie de la grande bibliothèque d’Alexandrie, leur vol ou leur dégradation seraient une perte irréparable pour l’humanité.
Dieu soutiendra les vrais Libéraux
Il indique le théâtre des « deux ânes » en lui disant, c’est là qu’il faut aller.