[CHRONIQUE] Requiescat in pace Jean-Marie
Les préhistoriens font des rites funéraires, et donc du respect des morts, le signe de l’émergence de l’humanité et de la civilisation. Un des mythes les plus essentiels de la philosophie grecque réside dans le mythe d’Antigone et Créon qui affirme la supériorité du droit naturel, ou divin, sur les lois de la cité, au sujet, justement, du respect dû à la dépouille des défunts, en l’occurrence le corps de Polynice abandonné devant les murs de Thèbes et auquel Créon refusait une sépulture.
Ainsi donc la gauche révolutionnaire française, qui avait organisé une indécente danse macabre place de la République lors de la mort de Jean-Marie Le Pen, a démontré ce qu’elle était : une sorte de horde barbare qui campe hors de l’enceinte de la civilisation. Dans une perspective historique, le choix de la place de la République pour organiser leur sinistre bacchanale était assez justifié puisque celle-ci est née avec les massacres de septembre qui donnèrent lieu à de nombreuses scènes de profanation des cadavres des malheureuses victimes, de la princesse de Lamballe, aux prêtres réfractaires en passant par les Gardes suisses, dépecés et dont les restes furent exhibés dans Paris.
Aujourd’hui il n’y a plus, devant Dieu et l’éternité, Jean-Marie Le Pen mais seulement Jean-Marie, selon le prénom donné à son baptême. Prénom symbolique s’il en est ! Jean comme Jean le Baptiste, le précurseur, mais aussi la voix qui clame dans le désert. Et Marie, celle qui « sourit et pardonne ». Le grand face à face a eu lieu. Seul celui-ci compte.
Symbolique fut le lieu choisi pour la messe publique de requiem : la chapelle du Val de Grâce, l’une des plus belles églises de Paris et chef d’œuvre architectural du Grand siècle. Ce siècle où la France était un modèle de civilisation et de rayonnement intellectuel, artistique et politique. Ce Grand siècle qui produisit un modèle d’humanité : l’honnête homme, pétris de décence, de tenue et de retenue, d’équilibre et de discipline intellectuelle. Le contraire des braillards de la place de la République et des Fouquier-Tinville de plateaux ou d’hémicycle. Et la foule recueillie devant ce monument démontre que l’homme avait su se créer des fidélités et surtout répondu à des inquiétudes ou des préoccupations profondes d’un nombre grandissant de nos concitoyens.
Que restera-t-il de son action politique ? A l’évidence il a perçu, avant la plupart, le danger mortifère de l’absence de politique de contrôle, de choix et de limitation de l’immigration accompagnée de l’abandon de toute volonté d’assimilation. De même il avait vu la menace que représente pour la France, l‘islamisation de la société. Car une nation est aussi une part de civilisation, pas seulement un espace géographique. Il n’est que de regarder le territoire de ce qui fut l’Empire byzantin, qui dura mille de plus que l’Empire romain d’occident. Des souvenirs que le pouvoir turc s’efforce d’effacer, quelques minorités chrétiennes au Moyen-Orient et en Egypte, régulièrement persécutées, des ruines au Maghreb. Plus rien de ce qui fut l’Empire de Constantin. Alors que la bien pensance épousait sans retenue le marxisme-léninisme et soutenait les régimes communistes, il n’avait jamais cessé de dénoncer et combattre ce deuxième système totalitaire, frère ennemi du nazisme, coupable de plus de cent millions de morts et qui opprima des peuples entiers. Il avait combattu aussi avec raison la dérive de l’Union européenne, engagée dans la volonté folle de bâtir un super Etat européen, uniformisateur et centralisateur, empire ubuesque de normes, fondé sur des abandons de souveraineté successifs qui transforment les politiciens français en impuissantes marionnettes. Enfin il dénonçait l’Etat bureaucratique qui étouffe l’Etat régalien et l’initiative privée.
L’homme fut lucide avant tout le monde sur ces questions qui, aujourd’hui, conditionnent et obèrent notre avenir commun. Il fut combattant, parfois avec dans un esprit d’étudiant batailleur, mais aussi avec des provocations qui nuisirent à sa cause. Il demeure qu’il eut le mérite d’alerter les Français sur des périls bien réels. Qu’il repose donc en paix, le seul jugement qui importe ne nous appartient pas.
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