[Chronique] Union européenne : ce qui se trame est bien pire que ça…

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Le Figaro Vox a publié, le 23 avril dernier, une tribune collective signée par 50 personnalités dénonçant le « tour de vis fédéraliste » prôné par une résolution du Parlement européen votée le 22 novembre dernier, puis par l’Assemblée nationale le 29. Le texte de cette résolution tire son origine de la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui avait été lancée le 9 mai 2021. Ces personnalités remarquent d’emblée de jeu le fait que « l’Union européenne n’en finit pas de dériver vers une supranationalité écrasante. D’année en année, la devise "unis dans la diversité" a cédé sous une centralisation uniformisatrice effaçant les identités et les souverainetés. » Constat hélas parfaitement réaliste, et c’est des deux mains que j’aurais signé cette tribune comme ancien membre du Parlement européen et juriste de droit européen.

Enracinés contre déracinés

Il est important de noter que les signataires viennent d’horizons divers, de la gauche et de la droite, des intellectuels et des syndicalistes. S’y côtoient Arnaud Montebourg et Jean-Claude Mailly, Florence Kuntz et Nicolas Dupont-Aignan, Michel Onfray et Marcel Gaucher, Pierre-André Taguieff et tant d’autres. Preuve s’il en est qu’il est un clivage qui dépasse la vieille dialectique droite-gauche c’est celui des enracinés et des déracinés, des mondialistes et des souverainistes. Sans souveraineté nationale, la souveraineté du peuple s’évapore. Car, enfin, qu’est-ce qu’une nation si ce n’est un peuple organisé en corps politique. Détruire la souveraineté de la nation, c’est détruire la souveraineté du peuple. C’est détruire du même coup « le politique » pour le remplacer par la technocratie et le tout économique.

Décidément, on ne pouvait plus faire confiance aux peuples !

L’oligarchie européenne a été traumatisée par le rejet du traité portant Constitution pour l’Europe en 2005, puis par le Brexit en 2016, devenu effectif en 2020. Il y avait bien eu des signes avant-coureurs : le rejet du traité de Maastricht par le Danemark en 1992 et du traité de Nice par l’Irlande en 2002. Décidément, on ne pouvait plus faire confiance aux peuples. D’où l’idée d’organiser une Conférence sur l’avenir de l’Europe, dont les organes de délibération étaient composés d’hommes politiques, de « spécialistes », de 800 citoyens tirés au sort et d’une plate-forme numérique soigneusement encadrée. Un ersatz de référendum, en quelque sorte, mais sans risque démocratique. Nous en revenons au temps des magistrats athéniens tirés au sort. C’est sans doute ce que l’on appelle le progrès. Durant le débat à l’Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlanges a lâché, comme une sorte d’aveu : « Je ne vois pas au nom de quoi on pourrait rejeter une consultation de citoyens, qu’elle soit représentative ou non est secondaire ! » Comme de juste, cette conférence a eu les conclusions que l’oligarchie attendait : la fin des décisions à l’unanimité et la majorité qualifiée étendue à tous les domaines, y compris la défense et les affaires étrangères. Les souverainetés nationales sont mortes, vive l’illusoire souveraineté européenne.

Un saut vers un État supranational européen uniformisateur

En vérité, il ne s’agit même plus d’un « tour de vis fédéraliste » mais d’un saut vers un État supranational européen uniformisateur, rouage de la mondialisation. Tout cela était inscrit dans les textes et la jurisprudence, et depuis très longtemps. Dès l’arrêt Costa c/ENEL du 15 juillet 1964, la Cour de justice de l’Union européenne affirmait : « Le transfert opéré par les États, de leur ordre juridique interne au profit de l’ordre juridique communautaire [...] entraîne donc une limitation définitive de leurs droits souverains… » Or, cet abandon qui concernait « des domaines restreints » s’est généralisé, traité après traité. Conjuguée avec l’article 5 alinéa 3 du traité de Lisbonne qui inverse le principe de subsidiarité, cette jurisprudence est le fondement juridique d’un État supranational centralisé.

Dans un État fédéral « classique », il existe un État fédéral et des États fédérés avec des compétences délimitées. Aux USA, il existe de grandes différences entre États sur le plan pénal, environnemental, sociétal, fiscal… L’UE, elle, n’a aucune limite et peut tout embrasser dans un délire uniformisateur, au gré des abandons de souveraineté des États membres, et que la résolution incriminée voudrait encore accélérer afin de les rendre irréversibles par la fin du droit de veto des États, dans les quelques pans de souveraineté qu’il leur reste. Au bout du compte, l’UE est devenue une adepte du « centralisme démocratique ».

Pour donner un coup d’arrêt à cette dérive, l’idée d’un référendum est séduisante, mais nous avons vu ce qu’il en était des référendums avec celui de 2005. L’oligarchie gouverne mal mais se défend bien et sans scrupules. Elle impose ses projets par l’ambiguïté et les tours de passe-passe institutionnels. Puisque l’UE ne tient ses pouvoirs que par les abandons de souveraineté acceptés par les gouvernements des États membres, la solution réside dans une alternance claire et déterminée à restaurer la souveraineté française et à redonner à la France le contrôle de son destin. Vite !

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Et l’Union Européenne n’est qu’une étape vers le gouvernement mondial que les milliardaires promeuvent depuis plus d’un siècle (création de la Fondation Rockefeller en 1913). Ce n’est pas un fantasme, Jean Monnet l’a écrit dans ses Mémoires.

  2. Il faut impérativement provoquer le frexit en votant pour des eurosceptiques convaincus tel que MM ASSELINEAU et PHILIPPOT pour une chance de survie de la France.

  3. La Révolution Française dans son principe retirait la souveraineté au Roi pour la confier au peuple. Ce dernier a accepté que sa souveraineté soit confié à des représentants élus. Aujourd’hui, cette représentativité n’existe plus, la souveraineté échappe au peuple. Si un principe ne fonctionne pas, il se doit d’en changer. A bien y regarder si deux cents ans ont suffit à détruire plus ce que la Royauté à mis plus de mille ans à bâtir, c’est que l’un était très certainement plus fiable que l’autre.

  4. Content de voir écrit « Union Européenne » et non Europe comme beaucoup le clame à gorge déployée afin que les petits esprits n’y voient aucune différence.
    Ceci dit je devrai voir l’avenir de plus de 400 millions « d’individus » pardon de gens heureux si j’en crois les promesses de notre turlupin national qui nous sert de président.
    Comme l’écrivent de belles plumes plus évoluées que moi pour décrire certains détails qui nous montrent sans ambiguïté que les peuples réunis de force dans un conglomérat n’ayant pour base que l’unité de la part de quelques faiseurs non élus mais qui se sont accaparés d’un pouvoir immense capable aujourd’hui de contraindre des pays entiers à adhérer à cette folie collective. Ils ont oublié « volontairement ou pas » un paramètre qui me paraît essentiel: la langue parlée.
    Pour moi le suicide français est déjà très avancé et celui de leur pseudo europe n’est qu’une question de temps 20 ans tout au plus avant que leur belle invention ne se termine par une islamisation générale sauf sursaut des peuples…on peut encore rêver.
    Pardonnez mon charabia « je m’y mets » j’ai laissé parler mon cœur de Français sans me soucier de la mise en forme que certains prendront pour un délire sans doute.

    • Pas de délire, rassurez-vous, mais la triste réalité. Nous allons être « parqués » comme des moutons , que nous sommes. Le grand abattage a déjà commencé.

  5. Que les nations européennes viennent éventuellement à parler qu’ une seule langue officielle comme les Etats Unis ou l’ Allemagne fédérale …Alors on pourra envisager une fédération européenne tout en permettant à chaque nation de conserver sa souveraineté .
    Notons : C’ est ce qui avait été prévu dans les années 1960 ,au point que la dite méthode Assimil s’ était penchée sur la création d’ un langue qu’elle pensait baptiser  » eurolich ?) »

    • maintenant nous avons le « globish » et pourquoi l’UE s’exprime en anglais, je ne comprends pas. Les USA ne s’expriment pas en espagnol….
      Pour ce qui est du français, une langue de l’ONU et de l’UE si je ne m’abuse, j’attends d’écouter. Et pour ce qui est de trouver en français l’explication d’un produit, il faut bien chercher. J’ouvre le site de la SNCB et c’est en anglais. Je téléphone et j’ai un message en anglais. Je compulse la pub, pardon le « folder » du supermarché et il y a du globish à chaque page ! Que fait Macron ?

  6. Petit à petit, discours après discours Macron nous conditionne pour accepter l’inévitabilité d’un état fédéral. Depuis 2017, c’est la seule constance de ses mandats, pas de en même temps là, c’est sa lubie. Lui qui cite souvent De Gaulle, ce dernier doit se retourner dans sa tombe ! Nous ne voulons pas d’une fédération, nous voulons garder notre souveraineté, nous pouvons agir ensemble dans un cadre de pays indépendants : c’est possible sans fédéralisme. La France a déjà relégué une grande partie de sa souveraineté dans certains domaines et quel en est le résultat? L’agriculture : nos paysans se meurent, la balance commerciale est déficitaire. L’immigration : le Grand Remplacement progresse inlassablement. La justice : elle est de plus en plus laxiste. La sécurité : on doit avoir recours aux couvre-feux pour maintenir l’ordre dans nos villes. Quelques exemples qui donnent une idée du palmarès européen. Votons, votons, votons c’est une question de survie pour notre pays.

    • Se reporter sans doute à notre antiquité grecque, des pays farouchement indépendants mais qui s’unissaient pour un danger extérieur, tous grecs réunis.
      Militairement je crois possible de former dans chaque groupe de pays au moins une grande unité dédiée à l’UE, ce qui ferait un poids militaire très important. Exemple,la France s’organise avec l’Italie, ou encore l’Espagne et le Portugal. Je signale aux lecteurs que les pays du Benelux sont organisés en coopération. La petite marine belge est sous commandement néerlandais mais cela nous permet d’avoir une petite marine intéressante, et il y a une frégate belge en Mer Rouge !

  7. L’humanité a connue d’horrible guerres nos bien pesants ne s’y trompent pas en y voyants des problèmes entre nations donc supprimer les nations c’est supprimer d’éventuels conflits sauf que ces nations de cultures différents ne se sont pas développés uniformément voir même différemment en causes les cultures qui viennent de leur histoire. Pour arriver a une seul nation qui ne pourrait qu’être en paix puisque uniforme il faut supprimer l’histoire de chaque nation actuel Macron ne s’y est pas trompé puisqu’il vois la France sans une histoire passé sauf qu’un peuple sans son histoire n’a pas d’avenir mais alors développe une rancune tenace pour sa mémoire effacé.

  8. Depuis sa fondation, l’Union Européenne a pris pour modèle les Etats Unis d’Amérique. Hors, ces derniers ne se sont pas bâtis en fédérant les autochtones, les Comanches, les Cheyennes et autre Pawnies. Non, leur ciment a été l’immigration depuis l’Europe. Que ceux qui en doutent encore comprennent que pour suivre ce modèle, l’UE n’avait pas d’autre solution que noyer les « tribus » nationales d’origine sous un flux d’immigrants. Ainsi nous sommes voués à être bientôt les derniers des Mohicans européens. A moins que nous nous décidions à accrocher à nos ceintures le scalp des Von der Leyen, Macron et consort…

  9. Il est nécessaire de provoquer le frexit en votant pour des eurosceptiques convaincus tel que MM ASSELINEAU et PHILIPPOT, les autres candidats restant soumis à Bruxelles céderont toujours aux instances Bruxelloises…Mais nous allons souffrir de la dette colossale engendrée par 40 ans d’impéritie politique, Macron en constituant l’apothéose.

  10. L’U.E est semblable à un lotissement immobilier sans clôture et où les propriétaires des maisons sont contraints de laisser leur porte d’entrée ouvertes à tous. Les conséquences ? Et bien tous ceux qui arrivent vont choisir la maison qui leur semble la plus confortable et vont contraindre à quitter les lieux les propriétaires. Le syndic qui gère cela imposant donc ce genre de règlement.Une seule solution, reprendre ses droits,virer les « squatters »et le syndic.Faites le parallèle.

  11. Les niais ont voulu une administration à l’URSS ils l’ont mais c’est reconfortant de savoir ce qu’il en adviendra beaucoup apres beaucoup de larmes

  12. Agir vite, mais avec qui ?
    Dernière entorse à la démocratie ne notre Jupiter : prendre la parole pour sa campagne alors qu’il sait pertinament que cela est interdit… mais ce qui est dit est dit et pour le moment l’ARCOM se tait…
    Honte à cet hideux personnage !

  13.  » la solution réside dans une alternance claire et déterminée à restaurer la souveraineté française et à redonner à la France le contrôle de son destin. Vite !  » oui très vite mais pour cela il faut changer ces élus qui bradent notre pays il y a urgence .

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