[Chronique] Vœux présidentiels : Macron en campagne européenne

macron

Les vœux sont un exercice formel et souvent sans grand intérêt. Emmanuel Macron s’est essayé au lyrisme sans être convaincant. L’évocation des Lumières et de la Révolution française, qui revient dans nombre de ses discours, est usée jusqu’à la corde. Pas grand-chose à retenir, donc, sauf ce qui sera la thématique de la campagne européenne de la « Macronie ».

Le président de la République a mentionné les élections européennes de juin prochain et est revenu sur un thème qu’il chérit : la « souveraineté européenne ». D’une certaine façon, c’est acter qu’il n’y a plus de souveraineté française. Fait politique qui est la conséquence des abandons successifs de souveraineté actés par les traités européens tous portés par l’oligarchie politico-médiatique. Et si, d’aventure, le peuple souverain refuse un traité, à l’instar du projet de traité établissant une constitution pour l’Europe, ladite oligarchie s’arrange pour le faire adopter quand même par voie parlementaire, à quelques modifications mineures près. Incroyable forfaiture démocratique enveloppée dans les oripeaux de la légalité, à défaut de la force de la légitimité.

Signe qui ne trompe pas, le Parlement passe la plus grande partie de son temps à transposer des directives européennes dans le droit français. Jacques Delors prophétisait, en 1988 : « Dans dix ans, 70 à 80 % de la législation adoptée sera sous influence européenne. » Notre vie parlementaire est ainsi devenue une sorte de théâtre de marionnettes dont les fils sont tirés à Bruxelles.

La souveraineté française, c'est-à-dire la liberté française, est passée par pertes et profits. Le président de la République se raccroche donc à la chimère de la souveraineté européenne. Chimère, en effet, car pour qu’il y ait souveraineté, il faut qu’il y ait souverain. En démocratie, le peuple. Mais il n’existe pas de peuple européen, seulement des peuples avec leurs cultures, leurs histoires, leurs langues, leurs caractères et leurs passions. Leurs intérêts, aussi. Et plus on étend l’Union européenne, plus la pseudo-souveraineté européenne se distend et plus la démocratie réelle s’évanouit. Ce n’est pas un hasard si le taux d’abstention croît partout. Les citoyens ne sont pas dupes, ils perçoivent bien que leur vote tend à devenir un simulacre, puisque ceux qu’ils élisent n’ont pas la réalité du pouvoir, coincés entre les décisions eurocratiques et les juridictions supranationales qui agissent comme des cours de cassation censurant les choix démocratiques.

Quelle souveraineté réelle, lorsque les États européens se trouvent sous commandement militaire américain et leur diplomatie subordonnée aux options géopolitiques américaines ?

Quant à la souveraineté économique, elle est, elle aussi, un leurre car l’Union européenne a sacrifié l’industrie au « doux commerce » dans une vision naïve du libre-échange, devenu une sorte d’idéologie indépassable ! Or, il n’existe pas d’économie forte sans une base industrielle forte et, à cet égard, la pandémie du Covid a été un révélateur de notre extrême dépendance industrielle.

La « Macronie » va donc monter cette rossinante boiteuse de la souveraineté européenne qui n’est que dépendance à l’égard des États-Unis. Lesquels se satisfont très bien d’une Union européenne, grand marché sans force politique ni inspiration, sous direction allemande. Elle jouera l’air de l’ouverture sur le monde mais, en fait, de la soumission à la mondialisation et réclamera « plus d’Europe », vieux slogan qui postule qu’il faut persévérer dans la construction d’un État supranational qui ne cesse d’élargir ses compétences traité après traité avec la prétention, au nom d’un principe de subsidiarité inversé (art. 5 § 3, traité de Lisbonne), d’absorber toutes les compétences nationales au motif qu’elles pourraient être mieux exercées « en raison des dimensions ou des effets de l’action envisagée, au niveau de l’Union ». À force de compétences accordées à l’Union européenne, nous en venons à des compétences résiduelles laissées aux États membres.

Là où Emmanuel Macron parlait juste, c’est lorsqu’il énonçait que les élections de 2024 seraient un choix décisif. Ne nous trompons pas et votons utile, pour envoyer au Parlement européen une délégation forte et cohérente de députés attachés à la liberté française et à la vraie Europe, celle des patries. L’enjeu est celui de notre liberté.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Cet homme là est le fossoyeur du pays. Aucune sincérité, aucun attachement au pays, et je m’interroge sur ses véritables compétences pour diriger.

  2. Traitre à sa fonction et traitre à sa patrie ! Détruire la souveraineté française égale détruire la France et détruire la démocratie, qui ne peut exister que dans le cadre d’une patrie souveraine.

  3. Il voudrait essayer de Briller là aussi ? Peine perdue …la prétention peut perdre un individu…et le rendre complètement ridicule et dangereux.

    • c’est une évidence depuis son apparition sur la scène politique, et peut-être se voit-il « Maître du Monde » ?

  4. La France est trop petite pour l’appétit de ce monsieur à qui l’on baratine depuis l’enfance qu’il est un petit génie. Il laissera dans notre Histoire le souvenir d’un illusionniste pas apprécié du peuple mais en attendant il continue son travail de fossoyeur.

  5. Discours ronflant et vide, regard fixe, dilaté, vide, halluciné : les Français ont bien raison d’avoir peur pour l’avenir de leur pays. Le 9 juin votez et faites voter patriote, et criez sur ceux (20%) qui n’ont pas encore compris.

    • Entièrement d’accord, qui peut encore croire en sa parole ! Il poursuit un seul but , être le futur président de l’Europe, j’espère qu’il ne le sera jamais ! Encore trois ans à le subir mais dans quel état sera notre pauvre France ?

  6. Un Etat Européen et Macron le Président son rêve depuis toujours, sans oublier Leyen comme premier ministre
    l’avenir qui nous attend !

  7. A moins que Macron ne s’en soit pas aperçu, la souveraineté européenne est de plus en plus une souveraineté allemande qui n’est pas plus vertueuse pour autant, même si les Allemands ont la réputation d’être sérieux. Cette Ursula VD Leyen semble inamovible en dépit d’une corruption avérée, sans qu’aucun contre-pouvoir de son pays n’aie pu l’arrêter, ce qui n’est pas bon signe. Leur intention cette fois-ci n’est peut-être pas de tous nous faire marcher au pas de l’oie, mais ils pourraient nous faire payer la reconstruction et la normalisation sous US et OTAN de l’Est, pays qui seront certainement des débouchés commerciaux pour eux, vu leur proximité, mais pas pour nous. Mais à part réfléchir aux moyens de nous imposer encore plus de migrants, ce président a-t-il toutes les billes pour penser à si long terme ?

    • Ce « président-des-cercueils » a tout à fait compris ce qui se passe car il est là pour justement créer les dérives issues de ses « actions » ! … Croire qu’il voudrait faire quelque chose pour rétablir la souveraineté étatique dans l’UE est soit débile soit suicidaire ! …
      Détruire cette « UE fédérale » dirigée par et pour l’Allemagne … Créer une « Europe des nations » avec un petit groupe de pays vraiment européens … en excluant l’Allemagne qui n’a jamais travaillé « pour l’UE » …

      Regardez « bien » les gesticulations de macron depuis quelques temps et vous « comprendrez » que rien ne va plus ! …

  8. Une seule option pour sauver la France, le FREXIT, sans cela nous courons à la mort. Reste le problème du taux de participation aux européennes. Combien de Français vont prendre la peine de se déplacer???

  9. Il se prétend que la liste renaissance pourrait être placée sous l’égide de Bruno Lemaire. Je dis chouette, chouette, chouette, si le ministre de la finance et non pas de l’économie, triomphe de cette campagne comme il a triomphé de la dette publique, il y aura pour la première fois de l’histoire des élections, un score négatif.

  10.  » Ne nous trompons pas et votons utile, pour envoyer au Parlement européen une délégation forte et cohérente de députés attachés à la liberté française et à la vraie Europe, celle des patries. L’enjeu est celui de notre liberté. » Nous allons suivre ces conseils à la lettre monsieur le président , tous aux urnes pour se débarrasser de vous , ce sera toujours ça de pris .

  11. « souveraineté européenne » Je me demande si tout aussi vaniteux qu’il soit, notre Jupiter a la souveraineté conjugale…m’étonnerais !

    • Le Frexit, non, nous sommes prisonniers de l’euro, cadeau empoisonné du non-regretté Delors ! Et renoncer à l’euro, c’est la ruine annoncée pire que la Grèce ! La solution , avec les élections européennes est de bouter tous ces gauchistes européens hors de l’UE !

  12. Votons utile dit le chroniqueur. Il se mouille nettement moins que Macron pour l’Europe. Du courage que diable, dites pour qui. Le RN, le seul en capacité de gagner, vous fait peur également ?

    • Pour ma part, je partage plus les vues d’E. Zemmour que celles de M. Le Pen. Dans ses efforts de dédiabolisation, elle est devenue trop ″tiède″ à mon avis. Mais ça a marché et elle a toutes ses chances pour 2027. Je suis d’accord avec vous : il faudra alors voter pour elle afin de virer la Macronie destructrice, les traîtres LR et la gauche dévastatrice. Par contre, pour les Européennes, avec un mode de scrutin proportionnel, je voterai Marion Maréchal car il faut que les idées de Reconquête! continuent à être diffusées pour influencer le RN. L’idéal serait, qu’à terme, tous les amoureux de la France ne forment plus qu’un seul parti vraiment patriote !

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