[L’ÉTÉ BV] [CINÉMA] Club Zero, charge féroce contre l’hygiénisme écolo-puritain

photo-output
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 06/10/2023.

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des films mis en avant lors de leur sortie au cinéma. Aujourd'hui, Club Zero, de Jessica Hausner.

Ils l’ont détesté, Libération, L’Obs, Le Parisien, La Croix, Télérama, Première, Les Inrocks, Les Cahiers du cinéma. Le dernier film en date de Jessica Hausner a tapé juste, à en croire les qualificatifs peu flatteurs auxquels il a eu droit, dans la presse : « paresseux », « facile », « caricatural », « consternant »

Et pour cause : c’est à la sociologie de ces pseudo-élites intellectuelles, et à la forme d’esprit qui va avec, que s’en prend Club Zero. Le récit nous raconte l’arrivée, dans un lycée privé, d’un nouveau professeur, Miss Novak, en charge de dispenser des cours « d’alimentation consciente » : un énième délire de type scandinave et d’inspiration protestante qui consiste à se concentrer longuement sur chaque bouchée de nourriture afin d’habituer l’esprit à en réduire progressivement la quantité et de purifier ainsi son corps et son esprit…

Subjugués par leur gourou, un petit groupe d’élèves marchant dans les pas de Greta Thunberg, gosses de riches à moitié paumés, endoctrinés depuis leur plus jeune âge par les idéologies woke – qui vont de l’androgynie banalisée à l’apocalypse écologique –, se sent investi d’une mission quasi divine : lutter contre la surconsommation et « sauver la planète »

Rhétorique puritaine

« Conscience », « éveil », « contrôle de soi », toute cette rhétorique puritaine et millénariste, à base de développement personnel à deux sous, exacerbe chez eux un amour de soi et un orgueil monstres. L’orgueil de ceux qui pensent avoir eu accès à la Vérité et appartiennent désormais au camp du Bien. Des rebelles conformistes, prosélytes et sectaires comme notre époque en produit par centaines de milliers dans les écoles sous l’influence de professeurs aussi malhonnêtes que militants.

Rapidement, les élèves les plus zélés vont passer la vitesse supérieure et décider, sous l’influence de Miss Novak – véritable « joueur de pipeau de Hamelin » –, de ne plus manger du tout, avec les conséquences dramatiques auxquelles on peut s’attendre.

D’un humour diffus, pince-sans-rire et corrosif, Club Zero aborde frontalement la prise de pouvoir totalitaire, dans l’espace public, des donneurs de leçons écolos-hygiénistes et l’influence néfaste qu'ils exercent sur nos enfants, réduits à l’état de moutons prêts pour la tonte. Plus fin qu’il n’y paraît, en dépit d’une séquence choc qui était largement dispensable, le film de Hausner nous montre en conclusion comment les enfants, en jouant la corde sensible, finissent à leur tour par influencer leurs parents, toujours prompts à suivre le mouvement, de peur de se laisser dépasser par leur époque.

Amusant et glaçant à la fois.

4 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Ben voyons ! Ce film n’a pas été grassement subventionné par le contribuable spolié. Mais surtout ce film ne met pas en avant la bonne diversité, celle liée aux origines et à la couleur de la peau, éventuellement à l’orientation sexuelle LGBTQ-I, en fait ce film n’est pas suffisamment raciste si l’on se réfère à la vraie définition du racisme …

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois