[CINEMA] Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère), le nouveau succès thaï

Ce film rappelle les principes fondamentaux de la vie de famille, nécessaires au maintien de toute civilisation.
Copyright Tandem
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Il a fait un carton dans le monde entier. En Asie, bien sûr, mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande ou encore aux Pays-Bas, où il a même devancé Juré n° 2 et Emilia Pérez.

Premier film mis en scène par Pat Boonnitipat, réalisateur habitué des séries télévisées, Lahn Mah, sorti en France sous le titre Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère), doit principalement sa distribution sous nos latitudes à son succès international ; la Thaïlande faisant rarement parvenir jusqu’à nous ses œuvres cinématographiques, si l’on fait exception des films très particuliers d’Apichatpong Weerasethakul.

La place des vieillards dans la société moderne

Avec son premier long-métrage, Pat Boonnitipat pointe l’individualisme forcené, l’ingratitude et le matérialisme de nos sociétés libérales modernes, incapables de prendre soin correctement de leurs personnes âgées. Lesquelles sont trop souvent délaissées par leurs familles, plongées dans une solitude profonde ou carrément reléguées en maisons de retraite, véritables mouroirs, dans l’attente de l’héritage qui suivra leur décès…

Le récit suit M. (Putthipong Assaratanakul), un jeune amateur de jeux vidéo, sans emploi, paresseux et passablement cupide qui, apprenant que sa grand-mère maternelle Amah n’a plus beaucoup de temps à vivre, décide subitement de s’intéresser à elle et de s’en occuper au quotidien… Non moins intéressés par le pognon d’Amah et par la valeur de sa maison, ses deux fils, Kiang et Soei, aussi cyniques soient-ils, ne se donnent pas tant de peine pour capter l’héritage. C’est bien simple, moins ils voient leur mère, mieux ils se portent. Indigne, le second va même jusqu’à la voler en cachette pour rembourser ses dettes. Le plus déchirant, peut-être, est que la veille femme – magnifiquement interprétée par Usha Seamkhum – n’est dupe de personne, ni de ses fils ni de son petit-fils. Bien triste spectacle auquel elle assiste, les derniers mois de son existence…

Éloge de la piété filiale

Néanmoins, et heureusement, à mesure que les semaines passent, M. va se responsabiliser, entretenir un lien particulier avec sa grand-mère, s’attacher sincèrement à sa personne et délaisser progressivement toute préoccupation pécuniaire. Alors, l’insupportable tête à claques des débuts va se muer (tardivement) en jeune adulte consciencieux, conformément aux préceptes confucéens qui innervent les sociétés asiatiques (il n’est pas un hasard, symboliquement, que cette famille thaïlandaise soit d’origine chinoise…). Comme le dit le Xiaojing (le Classique de la piété filiale), attribué à Zengzi, disciple de Confucius : « La piété filiale commence par le service aux parents, s’étend au service du souverain, et se termine dans l’établissement de sa personne. »

Assez convenu dans son discours, mais sans fausse note et joliment interprété, le film de Pat Boonnitipat a le mérite de nous rappeler des principes fondamentaux de la vie de famille, nécessaires au bon maintien de la civilisation, qu’elle soit asiatique ou occidentale…

3,5 étoiles sur 5

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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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