Cinéma : Couleurs de l’incendie, de Clovis Cornillac, un des plus beaux rôles de Léa Drucker
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En 2017, Albert Dupontel signait, avec Au revoir là-haut, l’un des films les plus inventifs de sa carrière en termes de mise en scène. Adapté du roman homonyme de Pierre Lemaitre, le long-métrage bénéficiait d’emblée d’un scénario solide. Le récit imaginait sur un ton tragi-comique une histoire de vengeance sur fond de trafics de cercueils et d’arnaque aux monuments aux morts au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, la suite de ce roman à succès, Couleurs de l’incendie, a droit également à une adaptation cinématographique réalisée par le comédien et cinéaste Clovis Cornillac.
Exit la guerre de 14-18 et son bilan désastreux. La suite d’Au revoir là-haut démarre à la fin des années 1920, à la veille du krach boursier, et met en scène des personnages secondaires du premier volet. Autant dire à nos lecteurs qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vu ou lu Au revoir là-haut pour comprendre et apprécier Couleurs de l’incendie.
Lorsque son père décède, Madeleine Péricourt (Léa Drucker) hérite avec son fils d’un véritable empire financier. Refusant d’aider un oncle en difficulté (Olivier Gourmet), cupide et mauvais gestionnaire, puis repoussant les avances de Gustave Joubert (Benoît Poelvoorde), un ancien collaborateur de son père, Madeleine s’aliène les deux hommes qui, de connivence avec un journaliste véreux ayant autrefois abusé de son fils, l’induisent en erreur et la poussent à investir toute sa fortune dans le pétrole roumain. Placement hasardeux qui se solde peu après par un échec et provoque sa ruine personnelle. Avec son fils handicapé, Madeleine connait alors les affres du déclassement et du déshonneur et mûrit secrètement un projet de vengeance, aidée par son ancien chauffeur M. Dupré (Clovis Cornillac)…
Moins baroque que le film de Dupontel, moins flamboyant (tapageur ?) dans sa mise en scène, Couleurs de l’incendie en prend le contre-pied total, fait le choix d’un académisme revendiqué et s’inscrit avec humilité dans la pure tradition du cinéma classique français des années 30 aux années 50, époque où les cinéastes savaient encore s’effacer devant leurs œuvres et assumaient non pas l’art et toute la prétention que cela suppose, mais le simple divertissement populaire avec, parfois, ses grosses ficèles. D’où, peut-être, certaines critiques négatives qu’on a pu lire çà et là dans la presse…
Évoquant la littérature d’Alexandre Dumas comme le cinéma de Christian-Jaque – là où Dupontel penchait davantage du côté de Cocteau –, Clovis Cornillac se fait l’artisan modeste d’une machinerie bien huilée qui, derrière la critique acerbe de la finance sous la Troisième République, de la corruption, de l’ambition folle et de la course au progrès technologique, laisse néanmoins percer la magie et l’enchantement. Celle, en l’occurrence, d’un enfant handicapé qui retrouve subitement la parole grâce à la musique ou d’une cantatrice vieillissante incarnée par Fanny Ardant, qui illumine de sa douceur et de sa bonté un récit chargé de nuages.
Placide et espiègle à la fois, Léa Drucker tient ici l’un de ses plus beaux rôles ; le tandem qu’elle forme à l’écran avec Clovis Cornillac, plus en retrait, est l’un des atouts majeurs de ce film.
4 étoiles sur 5
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7 commentaires
Les romans de Pierre Lemaitre sont une merveille de littérature. ( Au Revoir là haut, prix Goncourt 2014). Dommage qu’ils soient aussi piteusement portés à l’écran. C’est une insulte à de si belles œuvres littéraires.
Trop classique et très ennuyeux, moyen en tout : la mise en scène surtout, l’interprétation aussi……Léa Drucker toujours aussi quelconque et à côté de son rôle.
Fanny Ardant sauve le film , quelle classe ! Mais L’incendie n’est qu’un feu de paille . Le roman de Pierre Lemaitre méritait mieux.
Au vu des différentes interview et critiques, je suis très tentée mais n’ai pas encore réussi à le caser dans mon agenda. Ce sera donc pour la prochaine semaine, encouragée par votre critique. Merci
Tout n’est pas forcément à mon gout chez Clovis Cornillac mais qui peut se targuer de réussir un sans fautes ? Au vu de la bande-annonce, je vais aller le voir ne serait-ce que pour Léa Drucker qui s’améliore de film en film.
Ceux qui cherchent du porno du sensationnel du LGBT seront déçus , le cinéma ancien avait des idées un thème et le goùt d’apporter un moment de bonheur à tous les âges. La grande époque des « enfants du paradis » n’est pas irrémédiablement finie et c’est tant mieux.
Film d’une très grande qualité, scénario, esthétique, jeu des acteurs dont Léa Drucker extraordinaire. Du grand et beau cinéma qui redonne l’envie de fréquenter les salles obscures, exit les niaiseries et autres films enfantins ou « plombants ». Un grand bravo M.Cornillac
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