[CINÉMA] Doux Jésus, une comédie inoffensive mais au discours éculé

La bande-annonce nous avait intrigué. Peut-être aurions-nous droit à une comédie enlevée dans l’esprit de Sister Act, ce diptyque fameux des années 90 où Whoopi Goldberg incarnait une chanteuse de cabaret poursuivie par la mafia et contrainte de se cacher dans un couvent. Diptyque qui, par ailleurs, est en passe de devenir une trilogie, puisqu’un troisième volet devrait bientôt entrer en phase de tournage…
Réalisé par Frédéric Quiring, Doux Jésus, hélas, n’a pas le niveau de la franchise précitée. On aurait pu s’en douter, quand on sait la participation de l’horripilante Sophia Aram, « l’humoriste » de France Inter, à l’idée de base du scénario.
Une religieuse redécouvre la vie
Le récit suit sœur Lucie (Marilou Berry), une nonne responsable, pieuse et dévouée à sa communauté qu’elle souhaiterait, éventuellement, plus fantaisiste.
Comme tous les deux ans, les sœurs se rendent un jour chez le médecin du village afin de surveiller leur état de santé. Sœur Lucie apprend, à cette occasion, qu’elle est atteinte de ménopause précoce. Le choc à encaisser est terrible pour cette femme à peine quadragénaire qui, pour la première fois, réalise que certaines joies de l’existence lui sont tout bonnement proscrites. Sur le chemin du retour, sonnée par son entrevue médicale, sœur Lucie s’écarte du groupe de nonnes et, sans réfléchir, saute dans un bus qui l’achemine en ville. Elle qui n’est pas sortie du couvent depuis vingt ans se confronte alors aux évolutions de son époque. Elle apprend, au passage, que son amour de jeunesse est recherché pour braquage…
Un discours convenu
Sorte de croisement entre Hibernatus et Bécassine, Doux Jésus emprunte ouvertement au registre du conte – jusque dans les choix narratifs de la voix off – pour nous raconter l’histoire d’une femme qui va redécouvrir la vie et s’offrir la possibilité d’ajuster ce qui ne va pas et de combler ses manques.
Éminemment convenu, le discours du film – on le voit venir à des kilomètres – est que les religieux ne sont pas suffisamment rock’n'roll, s’emmerdent copieusement dans leur vie monacale et - plus grave - sont coupés du monde et de ses réalités… Une idée reçue qui a la vie dure. Faut-il rappeler que les couvents, contrairement aux monastères, sont généralement situés en ville et, ainsi, davantage tournés vers le monde extérieur…
Une comédie inoffensive
Certes, nous avons là une comédie gentillette, on lui pardonnera aisément ses stéréotypes. Sur l’aspect humoristique, précisément, le film de Frédéric Quiring s’en sort à peu près ; car à défaut de nous faire rire aux éclats, Doux Jésus parvient au moins à nous tirer quelques sourires ; c’est déjà ça. Le mérite revient à Marilou Berry qui, avec son visage hyper expressif, n’a aucun mal à remporter l’adhésion du spectateur. Isabelle Nanty est plutôt à l’aise, également, dans son rôle de mère supérieure un tantinet acariâtre que l’on devine autrefois plus dévergondée. Reste que l’aspect « road-movie » est insuffisamment exploité, le cinéaste ne parvenant jamais à rendre compte des distances et de leur impact sur l’évolution et la psyché des personnages.
Plutôt dispensable.
2 étoiles sur 5
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8 commentaires
Pour Sophia Aram, une idée de scénario : « ce serait un chanteuse de cabaret adhérente du RN qui irait se réfugier dans une mosquée pour échapper aux sbires de LFI, et qui ferait découvrir aux imams les joies du Rockn’Roll… ». Ça changerait, non ?
« …les religieux ne sont pas suffisamment rock’n’roll, s’emmerdent copieusement dans leur vie monacale et – plus grave – sont coupés du monde et de ses réalités… ». Si, au lieu de passer son temps à se contempler le nombril, Sophia Aram sortait de son petit monde calfeutré et allait voir ce qu’il se passe ailleurs, elle pourrait savoir que les religieux et religieuses loin de « s’emmerder », travaillent d’arrache pieds et ont monté de véritables entreprises commerciales qui tournent à plein. Allez au Baroux ou à Senanque et vous y verrez, en dehors des abbatiales, des magasins ou se vendent miel, confitures, vins, huiles d’olives savon parfums et autre, fabriqués par les moines qui ont parfaitement su s’adapter à la modernité. Les tiroirs-caisses y sont rois et parfaitement informatisés… ils ont su développer des visites payantes avec casques audio, certains proposent même de la restauration (pas donnée, mais c’est la cuisine du Bon Dieu). Ils sont parfaitement organisés, bien dans le 21è siecle et pourraient en remontrer à bien des chefs d’entreprise quant à la gestion de leurs affaires… Inculte, Sophia Aram a 50 ans de retard dans sa vision des monastères…
Sophia Aram ne pense qu ‘aux gens en télétravail , en terrasse , se rouant un joint , au RSA , aux intermittants du spectacle , bref , à tous les gros bosseurs
Un sourire, vous dites ? Même pas. Un navet, c’est tout
A boycotter d’urgence
Que l’on aille faire la même chose avec un rabbin et deux imams … juste pour voir !
Nous avons quand même eu » Les aventures de Rabbi Jacob « , mais ça c’était avant, et ça ne serait plus possible aujourd’hui .
Encore un navet à la française qui s’ajoute à une liste déjà très longue !