[Cinéma] La Famille Asada, une comédie tendre et joviale du Japonais Ryôta Nakano

film la famille Asada

Depuis que son père lui a offert son premier appareil lorsqu’il était encore enfant, Masashi Asada est un mordu de photographie. N’ayant jamais envisagé autre chose que d’en faire son métier, c’est dans ce domaine qu’il fit ses études, pour un diplôme sans réel débouché. Tandis que ses proches s’inquiètent de le voir désœuvré, une idée lui vient en tête : se lancer dans une collection de photos qui mettrait en scène sa propre famille dans des contextes ou situations fantaisistes. Déguisés en pompiers, en yakuzas, en pilotes de Formule 1, en restaurateurs ou en super-héros, les Asada se prêtent au jeu avec un plaisir sans cesse renouvelé. De sorte que Masashi parvient, non sans difficultés, à commercialiser un véritable recueil de photos qui le fait connaître du grand public. Son concept commence tout juste à s’élargir à d’autres familles lorsque survient, en 2011, un terrible séisme dans la région du Tōhoku, faisant plus de 18 000 victimes. Masashi décide alors d’apporter bénévolement son aide aux habitants en centralisant et en nettoyant les photos trouvées des disparus afin que leurs proches puissent les récupérer et préserver ainsi leur souvenir.

Inspiré de la vie réelle du photographe Masashi Asada, le dernier film en date de Ryôta Nakano risque bien de faire date et de rafler quelques récompenses à l’international (méritées, pour une fois). Comédie tous publics aux accents dramatiques, La Famille Asada réunit tous les ingrédients du film populaire japonais. Portant fièrement et sans complexe les valeurs confucéennes, l’œuvre de Nakano célèbre sans équivoque l’amour filial et replace la famille au centre de la société – condition nécessaire, nous dit le Xiaojing (Le Classique de la piété filiale), à la préservation du bien commun.

Maladroit envers ses proches, relativement peu présent, le personnage de Masashi n’en demeure pas moins conscient du bien que procurent à sa famille les photos qu’il met en scène et qui permettront d’immortaliser leurs instants de bonheur. Et c’est précisément parce qu’il sait faire preuve, quand il le veut, d’un tel dévouement envers les siens que Masashi s’avère capable, dans un second temps, d’aider autrui : d’abord les familles qui font appel à ses services afin de scénariser des photos, puis celles qui cherchent désespérément dans les décombres du séisme une image de leurs proches disparus. Cette valorisation finale du service bénévole à la personne, du capital humain et des liens familiaux, qui n’a pas grand-chose à voir avec l’individualisme hédoniste auquel nous incite la modernité, a tout pour faire hurler un esprit progressiste, matérialiste et utilitariste cohérent. Bizarrement, notre presse de gauche, empêtrée semble-t-il dans une espèce d’orientalisme béat, superficiel et souvent ignorant, a encensé le film sans s’apercevoir que son discours se situait aux antipodes des valeurs qu’elle défend habituellement. Un discours qu’elle qualifierait volontiers « d’extrême droite » s’agissant d’un film français…

Dans le ton et l’esprit, La Famille Asada nous rappelle par moments Good Bye, Lenin!, le chef-d’œuvre de Wolfgang Becker, ou L’Adieu, de Lulu Wang, car le film mêle aussi bien l’humour et le drame dans ce récit plein de tendresse, de nostalgie et d’indulgence.

À voir évidemment en famille.

4 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Les japonais font tout bien. Ils ne galvaudent pas leur nationalité et l’immigration est minime. Ils travaillent pour réussir et n’attendent pas d’être assistés. Je travaille avec eux depuis 30 ans. Leur dette est nationale et détenu par uniquement des japonais. Il y a bcp à apprendre pour nos assîtes et nos gouvernants.

  2. Je ne suis pas physionomiste mais, channel élégant, cravate stricte et cheveux peignés, on voit bien qu’il ne s’agit pas d’acteurs français actuels

  3. Pris au propre piège de leur connerie pour plaire aux japonnais , trop bien . Rien de tel qu’une belle famille , unie , tendre et drôle comme il en existe encore beaucoup en France n’en déplaise aux gauchos et autres tordus .

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