Cinéma : Le Prix de la vérité, beau film sur la place du christianisme en Inde
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Dire que le cinéma indien est mal distribué en France est un euphémisme. Surprenant, quand on sait que l’Inde est le premier producteur de films au monde. Sans doute n’avons-nous pas, en Occident, tous les codes culturels pour savoir apprécier ces œuvres. Néanmoins, celle dont il va être question dans les lignes suivantes est des plus accessibles.
Coproduction indienne et américaine sortie en 2019 dans ses deux pays d’origine, Le Prix de la vérité, réalisé par Aneesh Daniel, aura attendu 2023 pour débarquer sur les écrans français... dans un nombre de salles très limité. Un scandale pour un film politique d’une telle ampleur, qui questionne la place du christianisme en Inde. Cette sortie en France, nous la devons au distributeur Saje, spécialisé dans la diffusion d’œuvres chrétiennes – on lui doit également la distribution, plus récemment, de Vaincre ou mourir.
Le Prix de la Vérité revient sur l’assassinat, en janvier 1999, du missionnaire australien Graham Staines et de ses deux fils âgés de six et dix ans, brûlés vifs dans leur voiture alors qu’ils dormaient paisiblement, par une cinquantaine de nationalistes hindous.
Le récit suit Manav Banerjee, un jeune journaliste indien venu dans l’État d’Orissa (rebaptisé Odisha en 2011) afin de tenter sa chance dans la presse locale. Le rédacteur en chef d’Orissa Times lui demande alors de faire ses preuves et, pour cela, d’enquêter sur le pasteur évangéliste Graham Staines, soupçonné d’acheter la conversion des populations les plus pauvres de la région – une pratique tout bonnement illégale, passible d’emprisonnement.
D’abord méfiant à l’égard de Staines, suspicieux même, Banerjee échange peu à peu avec lui et découvre un homme pieux, foncièrement désintéressé. Un homme qui, depuis trente ans, recueille et soigne, aux côtés de son épouse Gladys, les lépreux, largement ostracisés par l’ensemble de la société.
Ébranlé dans ses convictions, le journaliste se trouve alors face à un dilemme : répondre aux attentes de son rédacteur en chef et assurer ainsi son avenir professionnel au risque de mettre le feu aux poudres ou bien défendre la vérité…
Au-delà de l’horreur du fait divers, le réalisateur chrétien Aneesh Daniel brasse plusieurs sujets majeurs. Tout d’abord, les limites de l’expansionnisme messianique, perçu chez certains hindous comme une menace pour l’identité culturelle indienne. Une crainte que l’on peut aisément comprendre – et qui n’est pas sans rappeler le film Silence de Martin Scorsese sur le sort peu enviable des jésuites dans le Japon du XVIIe siècle.
Second sujet majeur qu’aborde le cinéaste : la laïcité, système bancal instauré en 1947 lors de la partition entre l’Inde et le Pakistan. Si le « pays des purs » fut conçu comme un État musulman, l’Inde a fait le choix contraire d’un État neutre sur le plan religieux afin de permettre la cohabitation de toutes les confessions. Un choix ambigu dans la mesure où la définition de la laïcité varie en fonction de l’individu : neutralité totale ou approche positive vis-à-vis de toute religion. Il semble que la seconde définition entraîne inévitablement la guerre des prosélytes, tous bords confondus. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la démographie qui a le fin mot de l’histoire, et les hindous en prennent peu à peu conscience. La laïcité apparaît dès lors comme une notion utopique, dépassée, propre au XXe siècle…
Quoi qu’il en soit, si le film d’Aneesh Daniel reste en surface de ces sujets pour des raisons évidentes, il ne peut que nous sensibiliser, en tant qu’Européens, au statut des minorités chrétiennes en Inde. Linéaire, bien construit, poignant, son récit se laisse toutefois aller à quelques facilités mélodramatiques que l’on pardonne volontiers, compte tenu du sujet. Soulignons la prestation convaincante des deux acteurs principaux, Sharman Joshi et Stephen Baldwin.
4 étoiles sur 5
https://www.youtube.com/watch?v=Prl0SFiEssc
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3 commentaires
Il ne convient pas de parler de certaines choses. Surtout, il n’est pas commode de parler de questions liées au christianisme. Ça ressemble à quelque chose de moche, comme dirait le divin gauche. Pardons! Appelons les choses par leur nom: la gauche pitoyable et sinistre.
Dommage que l’on n’entende pas parler de ce beau fils dans nos médias grassement subventionnés par le con-tribuable spolié ….
A voir ..