[Cinéma] Les Trois mousquetaires : D’Artagnan : un film d’aventure bien troussé
Attendu depuis des mois, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, signé Martin Bourboulon, est dans nos salles. Ayant déjà connu une trentaine d’adaptations, dont les plus célèbres sont celles d’André Hunebelle en 1953, de Bernard Borderie en 1961 et de Richard Lester en 1973, le roman d’Alexandre Dumas a droit à une énième itération qui se veut plus « noire » que les précédentes. La production a choisi, pour l’occasion, de mettre les petits plats dans les grands avec un budget de 72 millions d’euros et une équipe de 300 personnes mobilisées pour huit mois de tournage intensifs. Comme la version de Bernard Borderie, celle de Martin Bourboulon fonctionne en diptyque : le second film, sous-titré Milady, ne sortira qu’en décembre.
Bien connue, l’histoire s’inscrit dans le contexte des guerres de Religion, sur fond de lutte contre la maison d’Autriche. Jeune Gascon monté à Paris afin de devenir mousquetaire du roi, Charles d’Artagnan (François Civil) provoque, malgré lui, trois hommes en duel : Athos, Porthos et Aramis. Interrompus par les gardes de Richelieu, les quatre héros les mettent en déroute, se lient d’amitié et apprennent de fil en aiguille que le cardinal ourdit un complot contre la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII.
Malgré quelques aménagements bénins concernant le personnage d’Athos (Vincent Cassel), qui se voit accusé de meurtre (et non plus d’être un faux-monnayeur), cette nouvelle adaptation des Trois Mousquetaires reste à peu près fidèle au roman d’origine. Si bien que les facilités du récit, propres au genre romanesque, sont avant tout celles d’Alexandre Dumas. Lequel cultive à loisir la légende noire de Richelieu, le « bourreau de La Rochelle », dont le rêve serait de prendre le pouvoir sur un Louis XIII docile et influençable – une vision doublement fausse de l’Histoire que l’on pardonne aisément à Alexandre Dumas.
Plus intéressant, contrairement au roman et aux films qui en ont été tirés jusque-là, cette version met l’accent sur les guerres de Religion : on nous dit grosso modo que la ligne politique du roi est d’empêcher la guerre avec les protestants (ce qui est véridique sur le plan historique) alors même que ceux-là multiplient les actes de terrorisme sur le territoire et que le tandem Richelieu/Milady fait tout pour déclencher les hostilités avec eux. Prise en tenaille entre deux partis bellicistes, la France n’a donc plus qu’un seul recours : notre quatuor héroïque.
Encore une fois, cette vision d’un Richelieu antiprotestant est un mythe. Il fut bien davantage anti-Habsbourg et, par conséquent, cultivait contre l’empereur Ferdinand (catholique) ses alliances protestantes avec les princes allemands, les Pays-Bas et même l’Angleterre…
Toujours est-il que Les Trois Mousquetaires par Martin Bourboulon est un film d’aventure très bien troussé. Les acteurs sont au diapason, ceux en particulier qui incarnent les quatre héros. Leur plaisir à jouer ensemble est manifeste et communicatif. Si l’on déplore une photographie un peu trop sombre et un maquillage qui rappelle davantage la chaleur du far west que le climat de nos contrées, l’esthétique visuelle est globalement soignée. Les amateurs de prouesses techniques, à coup sûr, admireront les combats à l’épée tournés en plans-séquences. Certains ajouts narratifs ont de quoi agacer, tel le passage où le religieux Aramis (Romain Duris) se permet de tailler un crucifix pour en faire un instrument de torture (!) ou la bisexualité de Porthos (Pio Marmaï), qui n’était pas non plus indispensable…
On ne boudera pas notre plaisir pour autant, il est si rare de voir au cinéma un film faire l’éloge des valeurs verticales, du dévouement, du patriotisme et de l’amitié virile. On se prend à rêver, rétrospectivement, de ce qu’aurait pu être Vaincre ou mourir avec de tels moyens techniques et financiers. Attention, une scène post-générique de fin vous attend.
3 étoiles sur 5
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12 commentaires
C’est un film sombre et crépusculaire qui traduit bien le climat ambiant de l’époque actuelle. Où est le souffle épique du roman d’Alexandre Dumas ? Porthos, le grand Porthos, bisexuel ? Aramis, l’élégant Aramis, tortionnaire ? Athos, le mystérieux Athos, aussi affligeant et triste ? Alexandre Dumas doit se retourner dans sa tombe !
Relisez le fabuleux roman, redécouvrez les filmographies antérieures, pleines de fougue et d’humour. Vous en sortirez avec un meilleur moral.
Il fallait sans doute introduire une vision woke avec la bisexualité de Porthos pour pouvoir toucher les subventions (le sésame). Mais l’ensemble semble respecter le souffle épique de l’œuvre de Dumas, l’essentiel finalement. L’Histoire de France est respectée ; Il n’y a pas de mousquetaire noir du roi, ni de prince noir, oups ! si un au moyen-âge, mais c’était un surnom.
Les prochaines subventions iront au remake de « Vaincre ou mourir » à condition d’introduire un petit truc woke…
Pour les mêmes raisons qui sont celles des autres contributeurs, je n’irai pas voir ce film. En dépit des éloges, dès que j’ai su que le scénario avait été retouché aux goûts du jour, en faisant d’Aramis un « bisexuel », j’ai pris cette décision. Désormais, je sélectionne les productions, également celles de la télé. Ça réduit beaucoup le choix mais je refuse de me laisser polluer l’esprit et les yeux par la propagande politiquement correcte !
Nous n’irons pas voir ce film…encore du gâchis ..je resterai sur les trois mousquetaires de ma jeunesse …et quand il y a beaucoup de compliments c’est mauvais signe .
Je n’irai pas voir ce film , des adaptations à notre « modernité » qui ne me conviennent pas , je regarde à la TV les anciens films Les Trois Mousquetaires , que l’on diffuse actuellement.
j’ajoute que je ne vais plus voir les spectacles de la Comédie française , entre les décors d’avant garde , les costumes modernes ou inexistants , et les comédiens exotiques , je ne supporte plus.
Ce sera sans moi, même si l’information n’intéresse personne. Et on vit très bien sans le cinéma….
Un bon film qui se voit avec plaisir
Concernant le crucifix et la bisexualité de Porthos, on imagine aisément qu’il fallait sans doute donner des gages d’allégeance aux idée de notre époque dans un film où il était difficile de caser la diversité habituellement imposée
Dommage de vouloir à tout prix sacrifier à l’air woke du temps. En tout cas, après « Vaincre ou Mourir » – qui lui ne sacrifiait à rien – c’est une bonne nouvelle.
Rien sur la distribution féminine ? il y a une curiosité qui fait la part belle à notre « modernité » , qu’il faut ajouter aux moeurs sexuelles de Porthos. Vous me direz , en son temps , Fernandel avait bien joué Ali Baba …
Ayant appris que l’on avait fait de Porthos un Bi sexuel …je n’irai pas voir ce film …
Je suis comme vous !
Et moi non plus…