Cinéma : L’Intervention, le film sur la création du GIGN

À l’heure où la branche trotsko-syndicaliste des gilets jaunes parvient insidieusement, et avec la complicité active de la caste médiatico-politique, à monter l’ensemble des manifestants et l’opinion publique contre les forces de l’ordre qui, elles, tentent d’accomplir leur devoir – avec tous les dommages collatéraux que cela peut supposer –, débarque enfin sur les écrans (une fois n’est pas coutume) un film à la gloire de l’armée et de nos héros nationaux.

L’Intervention revient, en effet, sur la prise d’otages des 3 et 4 février 1976 survenue à Loyada, à la frontière somalienne, lorsque des terroristes du FLCS (Front de libération de la Côte des Somalis) détournèrent un car scolaire d’enfants de militaires français afin de réclamer l’indépendance de Djibouti et le départ de nos armées.

Dans un contexte où la Somalie, l’Éthiopie et le Yémen du Sud soutenaient l’URSS, la perte de Djibouti eût sérieusement compromis notre assise dans la région et nos accès au canal de Suez ; l’État français ne pouvait, sur un coup de tête, céder aux revendications des terroristes. C’est pourquoi, malgré les négociations – qui, en vérité, ne pouvaient déboucher sur rien de satisfaisant aux yeux des preneurs d’otages –, fut envoyé sur place un contingent de tireurs d’élite de la gendarmerie. Au bout de deux jours, épuisés par le soleil et par les atermoiements de leur état-major face à une situation qui s’enlisait et ne pouvait aboutir qu’à une tragédie, les gendarmes prirent sur eux de désobéir aux ordres et abattirent un à un les ravisseurs qu’ils avaient depuis deux jours dans leur viseur.

Sur 31 enfants, deux fillettes furent tuées, et il y eut également huit blessés graves. Les sept terroristes furent neutralisés et, avec eux, une trentaine de Somaliens du poste-frontière qui prirent fait et cause contre la France, par soutien envers l’URSS. Cette affaire, nous rappelle un intertitre du générique de fin, conduisit un mois après à réunir plusieurs unités militaires sous le nom de GIGN, Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale.

Bien rodé de bout en bout, le film de Fred Grivois équilibre intelligemment les éléments historiques et les références au western, avec parfois des dialogues un peu balourds, mais nous gratifie, sur la fin, d’une scène de fusillade vidéo-ludique, à base de plans subjectifs au sniper, un peu trop jouissive pour être tout à fait de bon goût.

En outre, le film allège grandement le bilan des victimes côté français ; et l’assistante sociale de l’armée, Jehanne Bru, qui avait volontairement rejoint les otages pour porter secours aux enfants, est devenue, pour les besoin de la fiction, une institutrice américaine (certes magnifiquement jouée par Olga Kurylenko) tandis que d’autres protagonistes ont carrément été fusionnés par souci de simplification.

Des aménagements historiques, assez discutables dans le principe, mais qui ne gâchent en rien l’intérêt du film. Pour une fois, un réalisateur français semble avoir compris, à l’instar de ce qui se fait depuis des décennies outre-Atlantique (on pense, en particulier, au cinéma de Clint Eastwood), l’importance de filmer l’héroïsme national dans un contexte de guerre cognitive menée par les terroristes de tous bords.

3 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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