[Cinéma] Novembre : le réalisateur de BAC Nord raconte les cinq jours clé après les attentats de 2015
![Novembre Novembre](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2024/04/IL20240414001847-Capture-decran-2022-10-13-a-15.31.29-929x522.png)
À peine un mois après la sortie de BAC Nord, son précédent long-métrage, le réalisateur Cédric Jimenez avait contacté France Inter pour s’excuser de la « récupération » de son film par « l’extrême droite ». Comme s’il craignait d’être grillé à tout jamais dans le milieu – très à gauche – du cinéma, Jimenez se livra en direct à un véritable exercice de retournement de veste pour fustiger ceux qui, comme lui la veille, avaient fait le choix de décrire ce que leurs yeux voyaient… Ce jour-là, pour sauver sa réputation auprès de la profession comme auprès des journalistes, le réalisateur se couvrit de ridicule et perdit la crédibilité que son film venait de lui apporter.
C’est donc avec l’image en tête d’un cinéaste versatile et sans grand courage intellectuel que nous abordons son nouveau long-métrage, Novembre. Lequel se donne pour objectif – salutaire – de rendre hommage aux policiers de la SDAT (Sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire) qui, cinq jours durant, s'acharnèrent à identifier les responsables des attentats de 2015 et à mettre la main sur leur tête pensante, Abdelhamid Abaaoud.
Le film s’ouvre à Athènes, dix mois avant la tuerie du Bataclan, lorsque le terroriste parvint à filer entre les doigts des services de police. Le flic (fictif) qu’incarne à l’écran Jean Dujardin comprend alors que cet échec aura de lourdes conséquences : la scène suivante nous plonge directement au soir du 13 novembre lorsque plusieurs attaques simultanées frappent la capitale. Pudique, le cinéaste choisit judicieusement de ne rien montrer du carnage, ni les victimes, ni les bourreaux. Il concentre son récit sur le travail des différentes unités de police dépêchées dans l’urgence afin d’enquêter. Si les policiers qui nous sont montrés à l’image ont été inventés pour les besoins de la fiction, ils sont inspirés, nous dit-on, des véritables acteurs de l’enquête. Le scénariste Olivier Demangel a pris soin, au préalable, de solliciter ces derniers pour l’élaboration de son script.
Qu’il s’agisse des enregistrements vidéo des caméras de surveillance, des écoutes, des filatures, des fausses pistes, des interrogatoires qui ne mènent à rien, des coups de bluff et des coups de chance, comme ce témoignage inespéré d’une jeune femme qui héberge la cousine d’Abaaoud et sera mise à contribution pour localiser le terroriste à Saint-Denis, tout nous est raconté. Le cinéaste a cependant le bon goût de ne pas trop s’étendre sur la polémique indigne lancée par Mediapart à propos des ratés de l’opération policière.
Véritable film-dossier à suspense, documenté et factuel, Novembre a pour contrepartie une écriture plus que succincte des personnages, Cédric Jimenez le reconnaît d’ailleurs volontiers : « On ne sait pas qui ils ou elles sont. C’est un choix de mise en scène, un choix narratif, un parti pris […] Le parti pris, c’était l’enquête. Les personnages sont là, ils existent, mais toujours au service de l’enquête. » Malgré cela, l’on retiendra la prestation d’Anaïs Demoustier en fliquette débutante et ingénue qui s’implique tant qu’elle peut mais commet l’erreur de laisser les émotions altérer son jugement, contrairement à son supérieur direct campé par Jérémie Renier. Elle est l’âme de ce film.
Avec une mise en scène plus épurée, moins empruntée que dans un autre de ses films, La French, ou BAC Nord, Jimenez livre là son œuvre la plus sérieuse, la plus aboutie. Un film qui, par son sujet, sera sans doute plus facile à assumer que le précédent…
4 étoiles sur 5
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12 commentaires
Je n’irai pas voir ce film.
Car:
Je n’aime pas les lâches
Je n’aime pas les truqueurs ( le voile ajouté).
Boycott total pour ma part du cinéma français suite à leur tribune envers les non vaccinés. Ils ont besoins de nous . Retour de boomerang.
I D E M
Naturellement, le fim ne parle pas du scandale de l’intervention au Bataclan avec 2 heures de retard qui a laissé aux terroristes le temps de massacrer un maximum de gens. Même la Commission d’enquête parlementaire ne s’en est pas émue, alors que ce retard était factuel.
+++
Un très bon film . A voir .
Je suis étonnée que vous n’ayez pas évoqué le choix de faire porter le voile dans le film à la jeune femme musulmane qui les aide et devient une héroïne. Dans la vraie vie elle ne le porte pas et elle a tenu à le faire savoir suffisamment fort pour que son avocat obtienne que ce soit mentionné dans le générique.
J’y vois une manœuvre pour éviter encore une fois l’amalgame. Non tous les musulmans ne sont pas des terroristes, il y a aussi des héros voilés en France.
Votre avis ?
C’est sûr, il faut quand même être subtil. Il y a des sots, des abrutis et des terroristes dans tous les camps malheureusement. C’est le fanatisme qui est dangereux. Le problème est qu’une certaine catégorie se démarque en ce moment à ce sujet. Regardez la pauvre gamine de 12 ans retrouvée hier dans une malle….No comment.
« pour s’excuser de la « récupération » de son film par « l’extrême droite » »
Comme d’hab., soumis à l’extrême connerie !
Déjà que l’affaire de l’informatrice voilée a mis à mal le fond du traitement de cet attentat de l’ISLAM contre la civilisation…
+++
Après une telle introduction, on n’a plus trop envie de regarder ce film… Quel besoin d’aller s’excuser pour une pseudo « récupération par l’extrême-droite », alors que les réactions sont venues aussi bien de droite que de gauche ? Et alors que la gauche dure a été la première à parler de film facho, il va s’excuser auprès de France Inter ? Quel courage, quelle lucidité, quelle clairvoyance ! Ceci dit, la présence d’un comédien à l’ego surdimensionné, si peu crédible en flic énergique et volontaire – Jean Dujardin, pour le nommer -, laisse présager le pire. Du coup, l’envie d’aller voir Novembre commence à se faire lointaine…
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