[L’ÉTÉ BV] [CINÉMA] Second Tour : Dupontel se prend les pieds dans le tapis
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Cet article a été publié le 03/11/2023.
À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des films mis en avant lors de leur sortie au cinéma. Aujourd'hui, Second tour d'Albert Dupontel.
Selon une idée répandue, Albert Dupontel, de par son inclination naturelle à l’humour potache de sale gosse (on se rappelle tous Bernie, en 1996), serait un réalisateur subversif, voire anti-système… D’aucuns, parmi ses détracteurs de centre gauche, le qualifient même volontiers, avec mépris, de « populiste », déroulant ainsi le tapis rouge à un cinéaste qui ne mérite pas tant d’honneurs.
Son dernier film en date, Second Tour, aura au moins le mérite de clarifier ses positions idéologiques et de démasquer cette fausse valeur du cinéma français.
Un récit manichéen et caricatural
Le récit suit mademoiselle Pove, une journaliste politique travaillant pour un ersatz de BFM TV, qui, en raison de son manque de complaisance à l’égard des élus, s’est vue récemment reléguée par sa hiérarchie à la rubrique football en guise de sanction. Par un concours de circonstances, Melle Pove va finalement pouvoir couvrir le second tour de la campagne présidentielle et enquêter sur le candidat de centre droit Pierre-Henry Mercier. Un candidat soutenu par le système qui a pour projet secret de trahir sa famille politique pour le bien du pays et de la planète…
Avec l’idéalisme utopique d’un gamin d’école primaire endoctriné par des instituteurs sans scrupule, Dupontel nous livre, sans grande surprise, une vision complètement manichéenne de la vie politique française : des élus assoiffés de pouvoir et d’argent face aux méchants racistes qui menacent la concorde des populations. Un échiquier qui laisse peu de place à ceux qui, comme le héros, ont à cœur de sauver ce qui importe véritablement, à savoir la faune et la flore…
Ventre mou politique et humoristique
Faux gentil, faux rebelle et vrai bourgeois, Dupontel affiche ouvertement son dédain pour les préoccupations des Français qui, à 80 %, souhaitent en finir avec l’immigration. Sur ce sujet comme sur la montée du salafisme et de l’insécurité dans les banlieues, l’ensauvagement général et le sentiment d’appartenance collective à un peuple historiquement constitué mais en voie de balkanisation, Dupontel n’a rien à dire. Il ne dit rien parce qu’il ne pense rien, sans doute protégé par moult gardiens et digicodes en bas de chez lui, et imprégné des vieilles conceptions trotskistes et sans-frontiéristes des couches populaires tel que les fantasme encore aujourd’hui l’extrême gauche bourgeoise. Dupontel se fiche de la France, vise la planète et nous prouve par son universalisme qu’il sera toujours du côté du manche, ne lui en déplaise.
Son récit, en soi, est mal fichu ; incapable de taper juste, y compris dans sa critique (pourtant légitime) des médias représentés de façon caricaturale, il cumule les rebondissements foireux à base de complot d’assassinat par le système et de révélations sur l’existence d’un frère jumeau sorti du chapeau. Ne sachant trop quoi raconter, le film se perd en cours de route, connaît un ventre mou dénué d’humour et nous sert une fin aussi téléphonée qu’expéditive.
Seuls atouts du film, Cécile de France et, surtout, Nicolas Marié assurent tout le comique de situation pour un résultat inconstant et, en définitive, indigent.
1 étoile sur 5
https://www.youtube.com/watch?v=78IsqTUJRiM
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20 commentaires
Je suis une inconditionnelle de Dupontel. A chaque film que j’ai vu de lui (je n’ai pas vu Second Tour), j’y ai trouvé de l’originalité dans sa conception et du plaisir à le voir jouer car c’est un fameux comédien. La critique a ses droits mais elle ne doit pas être faite par l’ouverture d’un seul prisme. Dupontel a un regard subtil sur les travers de la société. Il ne faut pas mêler l’orientation politique, gauche ou droite, dans la façon de juger un film. Il faut rester en dehors de ce cercle primaire et savoir garder de l’impartialité dans son jugement. En tout cas, ceux qui ont pu voir le film ce sont apparemment bien amusés. Il faut savoir en tenir compte. Le public est souvent une bonne boussole pour comprendre le sens qu’a voulu donner l’auteur à sa création.