[Cinéma] Un très plaisant Voyage d’Harold Fry, de Hettie MacDonald

film L’Improbable voyage d’Harold Fry

Nous recensions, en mars dernier, l’adaptation cinématographique du journal de bord Sur les chemins noirs, écrit par Sylvain Tesson et paru en 2016 chez Gallimard. L’écrivain-voyageur racontait dans cet ouvrage sa traversée de la France à pied, afin de recouvrer pleinement ses facultés physiques suite à son terrible accident survenu en 2014.

Dans une approche similaire, L’Improbable voyage d’Harold Fry, réalisé par Hettie MacDonald, nous propose une autre traversée pédestre, en Angleterre cette fois-ci. Adapté d’un roman – purement fictif, lui – de Rachel Joyce, La Lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry, le film nous raconte l’histoire d’un retraité, incarné par Jim Broadbent. Cet homme paisible apprend un jour qu’une ancienne amie, Queenie, est mourante. En chemin pour aller lui poster une lettre de soutien, le vieil homme discute avec l'employée d’une station-service qui lui fait comprendre qu’il est important de redonner espoir aux malades. Une idée lui vient alors en tête : parcourir l’Angleterre à pied, du sud-ouest où il vit (le Devon) au nord-est (le Northumberland) où est hospitalisée son amie Queenie, à Berwick-upon-Tweed. Sans la moindre préparation, sans vêtements appropriés, sans affaires de rechange, sans bagage, Harold Fry poursuit sa route, prévient sur le tard son épouse Maureen (par téléphone !) et se lance dans un périple de plus de huit cents kilomètres, avec l’espoir que son effort physique se répercutera positivement sur la santé de son amie.

Ainsi, tandis que Sur les chemins noirs envisageait la marche comme moyen de convalescence personnelle, L’Improbable voyage d’Harold Fry l’aborde principalement sous l’angle de l’abnégation, avec une certaine dimension chrétienne – bien que le personnage principal se défende de croire en Dieu.

En vérité, cette longue marche sera aussi l’occasion pour Harold de guérir ses propres blessures du passé, de rattraper les erreurs qu’il a pu commettre avec sa famille et, peut-être, paradoxalement, de sauver sa relation avec l'épouse inquiète et esseulée qu’il laisse derrière lui, dans leur maison du Devon.

Fort de son propos sur le don de soi et de son acteur principal – Jim Broadbent nous avait déjà épaté, l’an dernier, avec The Duke –, le film d’Hettie MacDonald ne fait pas l’économie, cependant, de quelques facilités, notamment cette sur-utilisation de la musique et ses flash-back trop démonstratifs. Par ailleurs, les rencontres qui parsèment le chemin d’Harold sont trop fugaces pour être réellement significatives. L’une des trouvailles les plus judicieuses du scénario, néanmoins, est cette médiatisation imprévue de notre héros, entraînant à ses côtés un groupe d’activistes gauchos aussi agaçants qu’encombrants. Harold aura tôt fait de s'en débarrasser lorsqu’il prendra conscience que la nature initiale de sa démarche a été dévoyée.

Largement prévisible dans sa progression, dans son dénouement, comme dans son propos général, L’Improbable voyage d’Harold Fry n’est pas un grand film mais constitue une sortie cinéma tout à fait plaisante et satisfaisante pour la famille.

3 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

2 commentaires

  1. Sans doute à voir mais comme c’est sentimental les critiques ne sont pas très bonnes ..

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