[Cinéma] Vers un avenir radieux, évocation nostalgique du PCI par Nanni Moretti

Capture d’écran (2999)

Dans le cinéma de Nanni Moretti, on peut dire qu’il y a à boire et à manger. Chéri par l’ensemble de la critique de gauche qui l’encense régulièrement en festival, le cinéaste italien (Journal intime, Mia Madre, Tre Piani) nous a souvent exaspéré par ses discours, parfois amusé avec deux ou trois idées de mise en scène. Sa dernière comédie en date, Vers un avenir radieux, ne fait pas exception.

Porté à l’écran et interprété par Moretti en personne, le récit met en scène un alter ego du cinéaste, Giovanni, en plein tournage d’un film sur les conséquences italiennes de l’insurrection de Budapest en 1956. L’occasion, pour lui, d’aborder les dissensions au sein du Parti communiste italien, tiraillé entre ceux qui désiraient rester fidèles à Moscou et ceux qui souhaitaient au contraire s’en affranchir. Nostalgique de cette époque chargée d’insouciance et d’idées utopiques, Giovanni souffre des temps actuels. Bourré de médicaments et d’antidépresseurs, le cinéaste de gauche perçoit avec douleur le délitement de la culture comme celui de son foyer : sa fille ne respecte plus les rites familiaux, s’embourgeoise et fréquente un homme qui a plus du double de son âge ; son épouse Paola envisage de le quitter, soutenue moralement par son psy. Quant au financement de son film – projet qui n’intéresse que lui véritablement –, il semble directement menacé par la banqueroute du producteur, un Français exalté et courtisan au possible, campé par un Mathieu Amalric sautillant et insupportable comme jamais.

Véritable film dans le film, le récit de 1956 mettant en scène l’aveuglement d’un journaliste communiste, Ennio, à l’égard des Soviétiques fait largement écho à l’aveuglement de Giovanni à l’égard de sa famille qu’il croyait acquise et immuable. Dès lors, les deux hommes sont renvoyés dos à dos pour un destin, semble-t-il, partagé.

Cinéaste de gauche revenu du communisme, Nanni Moretti pointe volontiers les illusions d’Ennio mais, néanmoins, se montre plein d’indulgence envers Giovanni dont les idées bobos – qui sont évidemment les siennes – ne font l'objet d'aucune remise en cause.

Aussi nombriliste et pontifiant que le personnage principal – qu’il a choisi d’incarner –, Moretti agace, convoque ouvertement Fellini dans la séquence finale alors qu’il nous fait davantage penser à Woody Allen dans sa façon de se mettre en avant.

Irritant, souvent brouillon dans sa construction, Vers un avenir radieux offre malgré tout quelques bonnes surprises : une séquence corrosive sur les producteurs de Netflix et un passage tout aussi savoureux sur les archétypes visuels du cinéma policier, contre lesquels s’emporte Giovanni devant un parterre de techniciens sidérés.

2,5 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

6 commentaires

  1. Un film ennuyeux de bout en bout.
    J’ai failli partir dès la première demi-heure, mais on reste en espérant qu’il va se passer quelque chose

  2. A propos, je n’ai jamais compris
    1°- la vénération de certains pour le communisme, frère jumeau du fascisme et le pire régime tyrannique actuel (voyez la Corée du nord, par exemple). – – – – – –
    2° – la tolérance de la classe politique actuelle pour cette idéologie odieuse, meurtrière, barbare…

    • La totalité de la classe politique n’a obtenu son poste qu’après accord de la haute administration. Cette dernière est infiltrée de puis 1945 par de puissants réseaux communistes (merci Thorez, merci de Gaulle) qui sont peu à peu devenus inexpugnables. Ceci explique cela.

    • Actuelle ? ça dure depuis des dizaines d’années ! Il faut sans cesse rappeler le récit que fit Edouard Herriot à son retour d’URSS dans les années 30 ! Une montagne d’aveuglement. Sartre aussi, c’est pas mal et ça va juqu’à la complicité active et au mensonge. Pour d’autres, c’est plus « complexe » : Dans les camps nazis, certains (par exemple Hélie de Saint Marc) furent sauvés par les communistes. Les solidarités nées dans les combats de la Résistance expliquent aussi bien des comportements gaullistes par ailleurs soucieux de négocier avec les communistes pour éviter à la France une guerre civile à l’italienne ou à la grecque. Et puis la nécessité de faire contrepoids à l’hégémonie (impérialiste) américaine …..

  3. Amis de BV un lecteur franco italien assidu vous dit 2 choses : 1/l’héritier direct du PCI, c’est le PD d’aujourd’hui : des gens d’une mauvaise foi abyssale que Macron aimait bien (Gentiloni; Letta, etc… ) , une catastrophe pour l’Italie que le gouvernement actuel s’efforce de relever 2/Le prédécesseur de l’actuel Président de la République, Giorgio Napolitano, membre du PCI lors de de l’écrasement de l’insurrection de Budapest par les chars soviétiques, avait appuyé l’action de l’URSS, qu’il avait qualifiée de contribution à la paix mondiale. Le dit Napolitano encensé par le Figaro Magazine il y quelques années ….

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois