[Cinéma]Those About to Die, un feuilleton poussif sur les gladiateurs

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Alors que vient de paraître, sur la Toile, la première bande-annonce officielle de Gladiator II, laissant augurer le pire pour la suite du chef-d’œuvre de Ridley Scott prévue en salles pour novembre, débarque sur Prime Video un feuilleton ambitieux sur le même sujet. Intitulée Those About to Die (en français, « Ceux qui vont mourir »), cette fiction en dix épisodes adapte librement le roman homonyme de Daniel P. Mannix, publié en 1958, qui fut notamment l’une des sources d’inspiration de… Gladiator (!).

Produit et en partie réalisé par Roland Emmerich, cinéaste spécialisé dans les films-catastrophe au goût douteux (Independence Day, Godzilla, Le Jour d’après ou encore 2012…), Those About to Die nous raconte la fin de règne de l’empereur Vespasien, mort en 79, et la rivalité qui oppose ses deux fils Titus et Domitien. Dans l’ombre de cette dynastie des Flaviens, qui aura laissé un héritage pour le moins contrasté aux yeux des historiens, évoluent une dizaine de personnages fictifs, des anonymes aux parcours divers qui, évidemment, auront une incidence déterminante sur la grande Histoire… Parmi ceux-là, Tenax, propriétaire voyou de la plus importante taverne de paris du Circus Maximus, s’associe à Scorpus, un aurige populaire et adulé, afin de monter sa propre faction de conducteurs de chars. En parallèle, trois frères espagnols récemment débarqués à Rome tentent de vendre leurs chevaux andalous, tandis que Cala, une femme numide, cherche à tout prix à racheter ses enfants réduits en esclavage. Le plus grand d’entre eux, Kwame, contraint à la gladiature, doit combattre au quotidien dans l’arène s’il espère un jour recouvrer sa liberté.

Des Numides subsahariens?

Disons-le d’emblée : si l’essentiel du récit est fictif – et d’intérêt plutôt inégal –, ses bases historiques sont à peu près fidèles à ce que nous connaissons, à savoir que Vespasien était un empereur conservateur et bon gestionnaire, qui rassurait le Sénat par sa pondération et fit beaucoup pour renflouer le Trésor, notamment par de nouvelles taxes – on pense, bien sûr, à celle sur la collecte de l’urine qu’utilisaient comme dégraissant les fabricants de laine. Sa construction de l’amphithéâtre flavien (communément surnommé « Colisée ») est largement évoquée et le récit de sa mort correspond à ce que nous ont rapporté les historiens de l’époque. La relation problématique de son fils Titus, vainqueur de Jérusalem, avec Bérénice n’est nullement laissée de côté, ni l’éruption du Vésuve, ni la perversité de Domitien, cette « bête féroce particulièrement cruelle » que décrivait Pline le Jeune.

Plutôt rigoureux sur le plan historique, on regrette que le récit n’ait ménagé aucune place aux grands témoins de la période : Pline l’ancien, Quintilien, Martial, Plutarque, Épictète ou Tacite…

Ambitieux sur le plan narratif et esthétique, Those About to Die présente néanmoins des défauts majeurs : de trop nombreux plans ratés à base de fonds verts (surtout pendant les courses de chars), des dialogues parfois caricaturaux, une sous-exploitation du talent d’Anthony Hopkins dans le rôle de Vespasien et une appétence (gourmandise ?) désormais habituelle dans les fictions américaines pour le trash, la violence gratuite et le sexe (homosexuel, de préférence…). Et que dire de ces personnages numides, et donc d’origine berbère d’Algérie, incarnés par des acteurs subsahariens ? À croire qu’aux yeux des Américains, les Africains, fussent-ils du nord, sont tous uniformément noirs – ou comment draguer le public issu des minorités. De là, sans doute, les choix musicaux de la bande-annonce…

Une fiction certes divertissante, mais très discutable.

2,5 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

2 commentaires

  1. D’accord, mais ça se laisse quand même regarder. Il faut dire que je suis fan de Sara Martins…

  2. J’ai vu et bof …sauf que , à bien des aspects, mais je le savais déjà , pas de quoi se glorifier d’être issu de cette « grande » civilisation mais aucunes raisons d’en avoir honte et en conclusion, heureusement que le christianisme ait transformé l’empire romain et bien au-delà…

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