Cinq cents euros pour chaque jeune ?

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Le président socialiste du conseil départemental de Gironde est un partisan affirmé du revenu universel ou, à défaut, du RSA étendu aux jeunes entre 18 et 25 ans dont il « exige » (le mot n’est pas trop fort) l’instauration. Pour lui, le coût pharaonique de cette mesure n’est pas un obstacle puisqu’on a trouvé de l’argent pour payer le chômage partiel provoqué par la crise sanitaire, aider les restaurateurs, les intermittents du spectacle et les commerçants, et qu’on va dépenser 100 milliards d’euros pour relancer l’économie.

Verser autour de 500 € à chaque jeune entre 18 ans et 25 ans serait une mesure salutaire à adopter d’urgence si nos caisses étaient remplies. Or, elles sont vides. Donner 6.000 € par an à tous les jeunes majeurs de moins de 25 ans coûterait 31,5 milliards d’euros, auxquels on pourrait retirer tout ou partie des bourses (6 milliards d’euros), l’APL étant sanctuarisée Pour finir, on peut estimer à 25 milliards d’euros le coût d’une telle aide. Or, ce montant serait insupportable pour nos finances. Peut-on raisonnablement augmenter les impôts alors que nous sommes les champions européens des prélèvements fiscaux ?

Il faudrait, pour financer cette mesure, majorer de 25 % l’impôt sur le revenu ou augmenter la TVA à 25 %. Le slogan « Faites payer les riches » n’a aucun sens. Rétablir l’impôt sur la fortune et supprimer le prélèvement forfaitaire à 30 % ramènerait, au mieux, 3 milliards d’euros dans nos caisses. Augmenter à 70 %, voire 90 %, la tranche maximale ne rapporterait pas plus d’un milliard d’euros. Pour trouver les 21 milliards restants, il faudrait spolier les classes moyennes, celles qui gagnent plus de 2.000 € par mois. C’est tout bonnement impossible. On peut aussi, bien entendu, pour équilibrer les comptes, diminuer les aides aux entreprises, minorer ou supprimer le CICE, augmenter les impôts de production ou l’impôt sur les sociétés - politique suicidaire pour notre économie. Quant à emprunter 25 milliards de plus par an, c’est de la folie pure alors que notre déficit courant est de 100 milliards, pour 330 milliards de recettes. Le plan de relance XXL et le soutien à l’économie depuis le début de la crise sanitaire sont des dépenses limitées dans le temps et on peut éventuellement les financer par des prêts, mais il n’en est pas de même pour des mesures pérennes.

Faute d’obtenir le RSA pour tous les jeunes, le conseil général de Gironde va financer une mesure plus modeste. 300 à 500 jeunes de moins de 29 ans (sur un total d’environ 200.000 jeunes de 18 à 29 ans habitant la Gironde) choisis par l’action sociale et les services de santé recevront une aide pendant 3 mois à un an pour un montant maximum de 3.000 €. Le but étant de lutter contre la précarité sanitaire. Le coût ne sera que de 820.000 € sur 18 mois. Cette aide sera la bienvenue pour ceux qui la toucheront, mais elle ne concernera que peu de jeunes et donne l’impression de n’être qu’un gadget destiné à prouver le côté social du président du conseil général de Gironde avant les prochaines élections. Mais, sans doute, son département ne pouvait faire plus financièrement.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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