Ciotti ou Pécresse : et après ?
Ne nous leurrons pas : la victoire d’Éric Ciotti au premier tour de la primaire des LR n’est pas un triomphe romain. C’est un beau, voire un très beau résultat, pour celui qui passait pour le challenger de ce scrutin, mais son avance sur Valérie Pécresse n’est que de 665 voix. On ne va pas refaire le match, mais imaginons que Philippe Juvin (3.532 voix, soit 3,13 %) n’ait pas été candidat, il est fort probable que l’ordre d’arrivée du quinté aurait été différent. Les résultats du second tour semblent écrits, compte tenu des ralliements à la candidature de la présidente de la région Île-de-France de Xavier Bertrand, Michel Barnier et Philippe Juvin, même si l’on considère que les cartes sont rebattues et que c’est une nouvelle élection : Valérie Pécresse devrait donc être désignée comme candidate des LR à la présidence de la République.
Marine Le Pen, commentant ces résultats, parle de « quatre-quarts breton » (25,59 %, 25 %, 23,93 % et 22,36 %, respectivement, pour Ciotti, Pécresse, Barnier et Bertrand). Valérie Pécresse a beau ironiser, se laissant aller à la grossièreté (histoire, peut-être, de gommer son image de « Versaillaise », méritée ou pas, c’est une autre histoire…) en déclarant que « comme Marine Le Pen est bretonne, j’imagine qu’elle aime les quatre-quarts, et elle va en bouffer beaucoup », c’est une réalité évidente : les militants LR se partagent grosso modo en quatre quarts. Cela signifie qu’il n’y a pas, qu’il n’y a plus de leader naturel dans cette formation politique, très lointaine héritière des partis gaullistes qui cultivaient la mystique de l’homme providentiel et, par voie de conséquence, du candidat naturel à l’élection présidentielle. On se souvient de l’investiture de Nicolas Sarkozy, seul candidat de l’UMP, en janvier 2007, avec 98,1 % des voix. Un score à faire pâlir d’envie les nostalgiques de l’Union soviétique !
Quatre quarts, oui, mais quatre quarts qui se répartissent, sur le papier et pour l’heure, en deux parts inégales : un quart (Ciotti), trois quarts (Pécresse, Barnier, Bertrand, Juvin).
Un quart que l’on peut qualifier de droite dure, souverainiste, identitaire. Éric Ciotti n’a-t-il pas affirmé qu’en cas de duel Macron-Zemmour, il voterait Zemmour ? Cela dit, son souverainisme, sa défense de l’identité française et de l’ordre ne l’ont pas empêché de voter Renaud Muselier qui, depuis, a quitté les LR, au second tour des élections régionales, en juin dernier, contre Thierry Mariani. Un souverainisme, une défense de l'identité française et de l'ordre qui n’iraient très probablement pas jusqu’à voter pour Marine Le Pen si cette dernière se retrouvait face à Emmanuel Macron.
Comment qualifier les trois autres quarts ? Difficile à dire. D’autant que Pécresse, Barnier et Bertrand se sont lancés dans une sorte de surenchère sécuritaire et souverainiste durant la campagne.
Au-delà de la désignation du candidat des LR à l’élection présidentielle, cette primaire devrait permettre, en principe, de dégager une ligne politique claire et un nouveau rapport de force au sein d’un mouvement décidément orphelin d’un vrai leader. La campagne ne fait que commencer et tout peut encore bouger, mais si ce candidat ne devait pas, une nouvelle fois, porter sa formation politique au second tour de l’élection présidentielle et qu’il en appelait, au soir du premier tour, à 20 h 01 pétantes, soit à voter pour Emmanuel Macron, soit à s’abstenir, il ne resterait plus à ce parti qu'à suivre le chemin autrefois emprunté par le Parti radical.
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