Classement de Shangaï : l’Arabie saoudite achète des chercheurs !
En Arabie saoudite, on n'a pas seulement du pétrole, on a de grands chercheurs. Ou, plutôt, si l'on en croit L'Express, qui se réfère à une enquête publiée dans le quotidien espagnol El País, on en achète. À prix d'or, sans regarder à la dépense. Quand on a les moyens, c'est bien connu, on peut se permettre bien des choses. Il ne faudrait pas, cependant, tout mettre sur le dos des dirigeants saoudiens. La responsabilité en incombe aussi aux chercheurs qui se laissent acheter, sans oublier les défaillances du financement de la recherche et le système de classement des universités.
Le classement de Shanghai, l'un des plus connus, est un palmarès des meilleures universités mondiales, principalement fondé sur la quantité et l’impact des travaux de recherche. Les bonnes places sont d'autant plus convoitées qu'elles permettent aux établissements sélectionnés de gagner en visibilité, d'attirer des fonds et des étudiants, voire d'augmenter les frais de scolarité. En tête, les universités américaines, dont l'indétrônable Harvard University, qui monopolise le premier rang. L'Arabie saoudite ne pouvait pas être en reste.
On apprend donc, dans cette enquête, que l'Arabie saoudite, pour gagner des places, a acheté – en toute discrétion, mais tout finit par se savoir – au moins onze chercheurs espagnols, six britanniques, six italiens, cinq allemands et douze chinois, tous auteurs de nombreuses publications. Comme la quantité de publications est un critère important, vous comprendrez que ce royaume ait grimpé dans le palmarès, déclarant cent douze chercheurs dans la liste des scientifiques les plus cités au monde, tandis que les établissements ainsi spoliés chutent inexorablement. Après tout, on achète bien des diplômes et des footballeurs, pourquoi n'achèterait-on pas une réputation et des savants ?
Tout cela n'est pas très éthique, me direz-vous, mais chacun sait à quel point l'argent peut être corrupteur. Si certains chercheurs ont résisté à la tentation, d'autres se sont laissés convaincre et ont accepté de signer de fausses déclarations, indiquant que leur premier employeur était une université saoudienne. Il est vrai que des contrats à plusieurs dizaines de milliers d'euros par an, avec « des nuits dans des hôtels de luxe, des voyages en première classe et jusqu’à 2.000 euros par conférence » pour quelques jours de présence sur place, ce sont des arguments de poids ! Beaucoup d'argent, qui peut servir à acheter du matériel scientifique... mais aussi des résidences secondaires.
Un des chercheurs espagnols, pour se justifier, donne une autre raison que l'appât du gain. Pendant cinq ans, il a rejeté les avances que lui faisaient des universités arabes. Mais quand il a appris que l'État espagnol ne financerait pas ses projets de recherche, alors que l'université du Roi-Saoud lui proposait 60.000 euros par an, il a fini par céder : « J’ai dit oui pour la survie », précise-t-il. Le financement de la recherche est un problème que nous connaissons aussi en France, où des chercheurs sont contraints de s'expatrier pour poursuivre leurs travaux et voir leurs mérites reconnus.
Que les Occidentaux se gardent cependant de faire la morale à la monarchie saoudienne, qui profite à la fois de la faiblesse des investissements et de la faiblesse humaine. C'est l'argent roi qu'il faudrait plutôt incriminer. Tenez, il paraît que Barack Obama, Bill Clinton et Tony Blair ont, après leurs mandats, donné des conférences pour des sommes astronomiques. Quant à Nicolas Sarkozy, il aurait, selon Le Point, déclaré dès 2007 : « Je fais ça pendant cinq ans, et ensuite, je pars faire du fric comme Clinton, 150.000 euros la conférence. » On attend impatiemment de savoir si Macron battra ce record !
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite
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23 commentaires
C’est le résultat de l’offre et de la demande.
C’est triste, et c’est aussi grave.
Car ça ressemble à une forme de trahison.
En effet, les diplômes sont obtenus dans les établissements scolaires français, et souvent avec de l’argent public
Même si l’argent n’a pas d’odeur, certaines monnaies sont tachées.
Ne parlez plus de petrodollars car bientôt et à juste titre ce sera plutôt petroroubles et/ou petroyuans.
Une grande chance pour les chercheurs, Faut leur souhaiter bon courage de vivre dans de tels pays.
Ben voyons… Quand des chercheurs français partent s’installer aux USA, c’est parce qu’on leur y offre des conditions de travail qu’ils n’ont pas en France. Quand ils signent un contrat avec l’Arabie saoudite, qui ne les oblige même pas à s’y installer à demeure, ce n’est pas parce qu’elle finance leurs recherches, c’est juste par appât du gain !
L’appât du gain… ben voyons… Admettons que vous soyez un étudiante (ou étudiante) brillant(e), après le bac, vous faites une prépa puis une grande école, ou vous passez un master (5 ans de fac), vous vous passionez pour une discipline scientifique, vous passez une thèse. Là vous êtes déjà bac+8. Et vous êtes loin d’avoir un poste fixe dans votre branche. Vous passez chaque année des concours, par exemple pour rentrer au CNRS (le Centre National des Ridicules Salaires). En général, il vous faut plusieurs publis d’importance, un ou deux post doc, vous arrivez à trente ans, vous n’avez jamais vécu, sinon de petites subsides. Si vous avez énormément de chance et que vous avez produit un travail déjà remarquable, vous arrivez à décrocher un poste. Alleluia… Vous faites partie des heureux élus, beaucoup changent d’orientation après avoir passé plusieurs années des concours sans obtenir de poste. La première année au CNRS, vous êtes à 1600€ mensuel :(. Ce qui, à ce niveau, s’appelle réellement du foutage de gueule. Vous allez enfin pouvoir travailler, et monter progressivement en salaire. En fin de carrière si vous n’avez pas fait d’étincelles, quasi automatiquement vous allez terminer à environ 3500€ mensuels (avec un bac+12). Si vous êtes brillant, vous sortez des résultats nouveaux, etc… au mieux vous allez tirer dans les 4000-5000€ en fin de carrière. Certes, c’est suffisant pour vivre, mais aux Etats Unis pour le même travail et les mêmes responsabilités, vous auriez au moins le double. Dans les grandes universités, les profs connus tapent facile dans les 20000$ mensuel. L’appât du gain, qu’elle dit… Si en sortant de la même formation initiale, vous travaillez dans le privé, même en France, vous pouvez facilement gagner le double ou le triple. Il me semble, mais je ne suis pas sûr, que la raison principale pour laquelle tout le monde a un travail, c’est pour avoir un salaire qui permet (éventuellement) de vivre décemment, et en rapport avec la formation que vous avez eu et le travail et les responsabilités qui sont les vôtres. Si par exemple on ne payait jamais les gens qui travaillent, il est probable qu’ils ne travailleraient pas… :), les gens sont vénaux… L’appât du gain… tssss…
Tous cela est parfaitement vrai bac + 12 pour un salaire de misère ce n’est pas acceptable cependant ce n’est certainement pas la longueur des études qui produit irrémédiablement le talent et comme disait De Gaule des chercheurs qui cherchent ont en trouvent mais des chercheurs qui trouvent ont en cherches
« La responsabilité en incombe aussi aux chercheurs qui se laissent acheter »
Ou, qui essaient d’être reconnus, non?
En effet, lorsque des entreprises françaises disent à un jeune hyper compétent : « vous êtes trop jeune, repassez dans 5 ans et on verra ce que l’on peut faire pour vous » et que si ce jeune arrive à être embauché il commence au SMIC avec Bac plus 10 ou 12…. Il me parait normal qu’il aille voir ailleurs!
Morale: les brillants chercheurs sont en Europe.
Les Arabes achètent des chercheurs … c’est bien .
Pourquoi, nous, on ne garderait pas nos trouveurs ?
Il serait temps de s’apercevoir que nos jeunes s’en vont de France après leurs études. Il se rait temps de voir que personne ni rien ne les retient et que la décadence dont tout le monde se plaint arrive à les dégoûter de fonder une famille dans un pays où tout se décompose. Les US font des ponts d’or aux chercheurs mais pas seulement car dans tous les corps de métier l’excellence est reconnue , en France l’avenir est bloqué et dans le présent on végète. Ceux qui restent en France voient leurs rêves se briser et des adultes révoltés ou résignés incapables de les retenir.
Exact! J’en ai plusieurs exemples dans mon entourage. Ils ont besoin de voir leurs compétences reconnues, à la fois par les compliments et à la fois par le salaire qui va avec (un jeune compétent fait rarement 35h!)
La première cause de la diffusion de l’islam sur la planète est la puissance financière des pays pétroliers du Golfe , qui financent avec des milliards de dollars cette religion.
absolument…
Il y a des chercheurs patriotes et des chercheurs mercenaires. Sans aucune conscience de qui a investi pour leur payer les études qui les ont conduits à la recherche. Ce peut être de l’argent public français du contribuable avec aussi l’argent des parents. vous avez raison : la responsabilité en incombe aussi aux chercheurs qui se laissent acheter et totalement à l’absence de valorisation de la recherche en France.
.
Les chercheurs vont aussi dans les pays où on leur donne les moyens de leur recherche ce n’est pas seulement une question d’enrichissement personnel mais aussi une facilité de travail.
Arrêtez de penser que notre pays dispense gratuitement les études’. Elles sont certes facilitées mais pas donnés et sans une aide parentale peu couronnées de succès , ensuite les parents les voient partir ou tomber dans la dépression ..au choix.
La France en décadence partout n’offre plus d’avenir à ses jeunes d’où l’actuelle déprime conduisant à une recrudescence des suicides.
Oui: Qui a investi dans leurs études, durant lesquelles, pauvres petits, ils ont tant souffert durant 8 ou 12 années ? La reconnaissance du ventre, le sens du bien commun, le respect des racines : non, rien, quésaquo ? Frustration, ambition, jalousie, envie => prévarication… et l’entourage et la « moitié » qui poussent au crime, non, un peu ?
Comment croyez-vous que Soliman le Magnifique était réputé pour s’entourer de grands savants.
Rien de nouveau sous le soleil, l’argent a toujours mené le monde.
Pour paraphraser feu Coluche, pourquoi, l’Arabie Saoudite ne recrute t’elle pas tous nos chercheurs d’emploi.
Très bonne question !
La réponse ne plairait pas à nombre de français se croyant aussi doués qu’un coq les pattes sur son tas de fumier. (en référence au Philosophe Diogène et à la mascotte de la France, le Coq… enfin l’ancienne mascotte, la nouvelle, pourtant « le bonnet phrygien » ressemble à tout et à rien)
l’Arabie saoudite, pour gagner des places, a acheté – en toute discrétion, mais tout finit par se savoir – au moins onze chercheurs espagnols, six britanniques, six italiens, cinq allemands et douze chinois,
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Et aucun Francais….hasard?
Ils ont raison, puisque nous vendons les nôtres plutôt que de les rémunérer correctement!