Clément Beaune au Haut-Commissariat au Plan: les inutiles de la République

Clément Beaune, figure de la macronie, va succéder à François Bayrou à la tête du Haut-commissariat au Plan (HCP), un organisme administratif qui se fait remarquer par son inutilité. Quand la médiocrité devient une spécialité gouvernementale.
Echanges de bons procédés à la tête de l’État. Désormais Premier ministre, François Bayrou va, selon des informations du Figaro, céder la place qu’il occupait à la direction du Haut-Commissariat au Plan à Clément Beaune, ministre et député macroniste déchu, qui depuis plusieurs mois erre dans les couloirs des ministères à la recherche d’une bouée de sauvetage. Car depuis sa défaite aux dernières législatives, celui qui fut successivement secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, ministre délégué chargé de l’Europe, puis ministre délégué des Transports, se retrouve le bec dans l’eau. Fâcheux lorsque l’on a été habitué à jouer les pères la morale. Vexant, lorsqu’on a une certaine idée de soi-même, ses diplômes de Sciences-Po Paris et de l’ENA en poche. Quoi de mieux que d’aller toquer à la porte de François Bayrou, devenu faiseur de roi, que le jeune quadragénaire croisait régulièrement à l’Élysée, lorsqu’il était conseiller spécial d’Emmanuel Macron en charge des questions européennes ? Au palais présidentiel et à Matignon, on devrait donner quelques conseils à France Travail. Comme pour Stéphane Séjourné, Nathalie Loiseau, Richard Ferrand et François Bayrou, la macronie s’est spécialisée dans le recyclage.
Haut-commissariat au Plan, un nom barbare
Alors qu’est-ce que ce Haut-commissariat au Plan, dont le nom barbare donne déjà des hauts-le-cœur ? L’institution est créée en 2020, par Emmanuel Macron, pour répondre à la crise du Covid qui avait révélé de graves dysfonctionnements dans notre système de santé. Le HCP est chargé alors d’une mission très étendue : « animer et coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l’État » et « éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques et culturels » peut-on lire sur le site du gouvernement.
Une grosse machine qui, ô surprise, va accoucher d’une souris. Un rapport sénatorial, publié en septembre 2024 et dirigé par le Sénateur RN Christopher Szczurek, décrit un organisme à la « navigation sans boussole » qui « ne se distingue pas d’autres organes administratifs chargés de missions d’expertise et de conseils ». Et pour cause, on y découvre avec effarement, tout une liste d’institutions dont seule l’administration française a le secret. Elles se court-circuitent, se contournent, se superposent : le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, ou « France Stratégie », mis en place sous sa forme actuelle en 2013 ; le Conseil d’analyse économique (CAE), institué en 1997 ; le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), créé en 2022 ; le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), introduit en 2010. Sans compter, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et, pour le Parlement, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) et la Délégation sénatoriale à la prospective qui, indique le rapport, « produisent également des analyses dans des champs de compétences proches ».
Dix-huit notes publiées en quatre ans
Bilan des quatre années d’existence du HCP : dix-huit « notes stratégiques » publiées. Pour un budget de deux millions d’euros et quatorze personnes employées, à 100.000 euros la note, le contribuable a de quoi s’interroger.
Lors de son court passage à Matignon, Michel Barnier annonçait une fusion entre le HCP et France stratégie, organe fort d’une centaine de salariés et de 23 millions de budget, une aubaine pour Clément Beaune. Une « rationalisation » saluée par Christopher Szczurek. « Nous avons nous-mêmes beaucoup de difficultés à établir une cartographie complète des autorités administratives indépendantes et leur articulation » déplore auprès de BV, le sénateur RN du Pas-de-Calais. Alors que Clément Beaune s’était distingué à maintes reprises pour ses positions offensives à l’encontre du Rassemblement national qu’il qualifiait de « parti du vide » ou encore « d’ennemi politique numéro un », l’élu lepéniste temporise : « Je ne veux pas avoir de jugement a priori. Nous jugerons sur les actes. Le HCP peut devenir un outil véritable de planification, fournissant un travail de prospective sur les 15-20-30 années à venir ; à condition qu’il ne soit pas une instance qui favorise uniquement l’existence de Clément Beaune. » Que l’on nous permette d’être dubitatifs.
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Un commentaire
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