Clément Beaune : pour battre le RN, une coalition allant de LFI jusqu’aux LR ?

Capture d'écran X
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Aujourd’hui, dans le dernier carré de l’ex-majorité présidentielle, une question semble se poser : comment affronter les prochaines échéances législatives et survivre à un macronisme moribond tout en tentant de lui redonner un dernier souffle ?

Clément Beaune, ancien ministre des Transports, paraît avoir la réponse. Et de déclarer, ce 25 juin, sur BFM TV : « Le 8 juillet au matin, il y a deux hypothèses : soit une majorité absolue ou relative du Rassemblement national, soit une majorité alternative inédite à construire. Le Nouveau Front populaire peut clamer sur les estrades qu’il aura la majorité, il ne l’aura pas. Et nous, nous ne l’aurons sans doute pas. »

 

 

Une solution à l’allemande…

 

Après l’entrée des artistes, l’issue de secours. D’où cette « majorité alternative inédite à construire » dont Clément Beaune dessine les possibles contours : « Je pense qu’il faut faire comme nos voisins européens, les Allemands, notamment. Je suis social-démocrate et je veux un projet social-démocrate. Mais ça ne suffira pas. Il faudra une coalition qui ira des socialistes aux écologistes tout en passant par les centristes jusqu’aux républicains modérés. Il n’y aura pas d’autre choix ! » Bref, de l’art de refaire du neuf avec du vieux.

Le journaliste de BFM TV a beau lui rétorquer que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, en est réduit à affirmer que le « pays est à droite et qu’il faut une autre offre politique et que c’est un peu la défaite du macronisme », rien n’y fait. Comme si, au bord du précipice, Clément Beaune avait décidé de faire un grand pas en avant pour mieux préparer l’avenir.

 

De fait, ces déclarations appellent plusieurs interrogations

 

La première, c’est que de sans cesse prendre les pays étrangers en exemple n’est pas une politique en soi. Jadis, ses homologues de droite assuraient que la France devait s’inspirer des politiques reaganiennes ou thatchériennes. Seulement voilà, nous ne sommes ni Américains et encore moins Anglais, nations dans lesquelles le système politique est par ailleurs largement différent du nôtre.

La seconde, c’est que la remarque vaut aussi pour l’Allemagne. Ce, d’autant plus que si les coalitions d’outre-Rhin sont possibles, même si étendues aux écologistes locaux, c’est parce que ces derniers demeurent de l’espèce raisonnable : Joschka Fischer n’est pas Sandrine Rousseau. Il ne démérita pas, quand exerçant les fonctions de ministre des Affaires étrangères, en pleine nouvelle guerre du Golfe. Même Die Linke, équivalent local de notre France insoumise, campe sur des positions cohérentes : défense de la classe ouvrière contre le libéralisme ambiant, alors que nos mélenchonistes se toquent désormais de revendications d’ordre sociétal, entre femmes voilées et femmes à barbe en pleine transition de genre. Rien qui puisse attirer l’électorat populaire, donc.

 

Bloc élitaire contre bloc populaire ?

 

Ces choses dites, les propositions de Clément Beaune sont finalement assez logiques. Député parisien et aspirant sans doute à remplacer un jour l’indéboulonnable Anne Hidalgo, il voit bien que dans la capitale, l’alliance anti-RN existe déjà depuis belle lurette, arc républicain façon arc-en-ciel allant de la gauche de la gauche à la gauche de la droite. La seule qui incarnait vaguement une opposition de droite crédible, c’était Rachida Dati, montée depuis dans ce boutre en perdition qu’est devenu le parti présidentiel. Bref, il parle de ce qu’il connaît, de ce qu’il voit, de ce qui lui est familier.

Seulement voilà, si Jean Gabin affirmait que, « passé la Loire, c’est l’aventure », il est à croire que, pour Clément Beaune, passé le périphérique, la France cesse d’exister ; à l’exception, toutefois, de quelques grandes villes universitaires : Nantes, Lyon, Grenoble, Toulouse et autres bastions de LFI et de Renaissance. Soit des endroits où la coalition appelée de ses vœux demeure possible contre les bouseux des zones périphériques, quitte à pactiser avec un Philippe Poutou ; voire une Nathalie Arthaud, tant qu’à faire… Mais que vaudront ces brillants calculs dans cette France déshéritée, cette province certes méprisée par les élites parisiennes mais qui représente tout de même une grande majorité du territoire ?

Il y a bien longtemps qu’une Marine Le Pen, désireuse de dépasser un clivage gauche-droite parfaitement obsolète, y a d’ailleurs substitué une ligne de fracture autrement plus pertinente : celle opposant un bloc élitaire, minoritaire dans les urnes mais majoritaire dans les médias et l’Éducation nationale, et un bloc populaire commençant à manifestement se réveiller, même si de longue date « invisibilisé » par ce même système politico-médiatique.

À croire que Clément Beaune n’a toujours pas compris qu’en démocratie, le peuple ne pouvait pas être éternellement une simple variable d’ajustement. Et qu’il existe une vie hors des beaux quartiers de Paris.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Il me semble qu ce monsieur doit avoir deux problèmes , le premier sa vue, le deuxième psychologique.
    Mais c’est vrai en France avec le Président Macron plus les gens sont incompétents ils ont des chances d’être ministres afin de pour les manipuler

    • vous pensez que l’attal et le mozart de la catastrophe financière sont compétent et sérieux ? Aucun des deux car ils ne pensent qu’à une chose : leur poste, leur carrière et le pouvoir mais certainement pas à la France

  2. « À croire que Clément Beaune n’ait toujours pas compris qu’en démocratie, le peuple ne pouvait pas être éternellement une simple variable d’ajustement. » Seulement, voilà, n’oublions pas que la France est un pays dont les élus, dans un bel ensemble, n’ont pas hésité à faire exactement le contraire de la volonté exprimée par le peuple lors du dernier référendum de 2005. Donc, pour la classe politique d’aujourd’hui, la démocratie n’est plus qu’un paravent derrière lequel on brade la souveraineté du pays et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

  3. Je pense que même Xavier Bertrand refuserait de s’allier avec Alexis Corbière. Clément Beaune n’est pas un animal politique. Dans 5 ans, lorsqu’il s’agira de nommer d’anciens ministres macronistes, les gens penseront avant à Le Maire, Darmanin, Attal, Dupond-Morretti, Hulot, Collomb, Schiappa voire Castaner.

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