Coco un jour, coco toujours : un collège de Vitry s’appellera Josette et Maurice Audin
Notre époque aime à réécrire l’Histoire. Elle aime, surtout, à flatter "les communautés", ce qui est un levier commode de l’électoralisme. Notre président de la République a fort bien compris ce ressort et, pour cela, décidé à lui seul, en septembre dernier, d’une vérité historique.
Alors qu’aucun de ses prédécesseurs ne s’y était risqué, Emmanuel Macron a donc reconnu la responsabilité de l’État français dans la mort de Maurice Audin, jeune communiste disparu après son arrestation en pleine bataille d’Alger, un jour de 1957. Comme nous le rappelions alors : "Auréolé de son appartenance et de son action militante, Maurice Audin était un communiste très actif en 1957. C’est trois ans après la mort de Staline, ce grand bienfaiteur de l’humanité, et un an tout juste après la révolution écrasée dans le sang en Hongrie… Il faut croire que, pour le saint martyr Audin, les Hongrois n’avaient pas le droit de rêver d’indépendance, eux !"
Devenu un héros national par la grâce d’Emmanuel Macron, le nom de Maurice Audin va, désormais, s’inscrire sur les places publiques et au fronton des collèges. Choisissant le nom de son futur établissement, Vitry-sur-Seine a, en effet, décidé de le baptiser « Collège Josette-et-Maurice-Audin ».
Vitry est un bastion de la « ceinture rouge » qui encercle Paris. Depuis 1925, son maire est communiste. Coco un jour, coco toujours : on trouve encore, à Vitry, des artères à la gloire des grandes figures du PC, et si le camarade Staline a été déboulonné, Saint-Just et Robespierre ont toujours leur place et avenue.
On me dira que tout le monde s’en fout, que la jeunesse ne sait même plus qui sont de Gaulle ou Mitterrand, qu’elle place Napoléon avant Louis XIV… Vrai et faux à la fois, parce que la jeunesse en question est régulièrement instrumentalisée pour demander – au nom de la morale – à ce que l’on débaptise des établissements que l’honneur lui interdirait de fréquenter.
On a vu, ainsi, les élèves de Barbezieux, douce commune de Charente de 4.500 âmes, demander à troquer le nom de Jacques Chardonne pour celui de Jean Moulin. L’écrivain que personne n’avait lu tombait, victime d’une délirante reductio ad hitlerum. Idem pour le compositeur Florent Schmitt, encore plus obscur pour le commun des mortels… Il faut dire que L’Humanité s’interrogeait encore, le 2 février 2008, sur cette épineuse question : « Faut-il sauver le compositeur Richard Strauss ? »
Gageons que si l’on reposait la question aujourd’hui, « la communauté éducative » – sans doute bien incapable, dans sa grande majorité, de citer une œuvre du compositeur – répondrait non. Cela, au nom de la morale, bien sûr, tout comme un collectif réclame, au nom de l’Histoire et de la morale, là encore, de débaptiser tous les lycées et collèges qui portent le nom de Colbert. Cela, au motif que le contrôleur général des finances de Louis XIV fonda « l’esclavagiste » Compagnie des Indes occidentales…
On pourrait croire ce prurit moralisateur en voie de guérison. Erreur. Non loin de Barbezieux, en Loire-Atlantique, cette fois, « la communauté éducative » de Carquefou demande, elle aussi, à débaptiser son lycée. Le nom d’Honoré d’Estienne d’Orves ne lui convient pas.
D’abord – ça n’est pas dit mais je le devine –, ce glorieux résistant affiche une particule que la mixité sociale ne saurait tolérer. Et puis, c’était un homme d’une droite bien droite et pire, que cela, un monarchiste revendiqué. La gauche morale ne saurait le tolérer. Alors… à la guillotine, d’Estienne d’Orves !
On n’enseigne plus l’Histoire, plus la chronologie. On feint d’aimer le régionalisme et les langues locales mais on passe sous silence le génocide vendéen. La Vendée, pourtant, est aux portes de Carquefou. S’ils ne veulent plus d’Estienne d’Orves, ils peuvent toujours appeler leur lycée Charette ou Marigny. Hélas, je crains qu’ils n’y préfèrent le général Turreau…
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