Commémoration du 11 Novembre : lettre d’un général à un maire de France
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Pour évoquer et commémorer comme il se doit l’armistice du 11 novembre 1918, partageons cette belle et profonde « Lettre à un Maire de France » du général (2S) Marc Paitier. Reconverti avec une passion contagieuse comme œno-conférencier, auteur à succès, nous lui devons déjà le remarquable ouvrage mémoriel La Mémoire du vin : entre héritage et transmission .
« Le monument aux morts au pied duquel nous sommes rassemblés nous rappelle que notre pays s’est forgé dans la douleur et le sacrifice et que la grandeur d’un pays se situe dans sa capacité à surmonter les épreuves. Cette leçon prend une signification très particulière, cette année. Nous redécouvrons que l’Histoire est tragique et que le "nouveau monde" qui devait changer notre société se trouve désarmé face à un simple virus, à une épidémie qui met en lumière nos déficiences.
Nous vivons dans un monde où la peur a raison de l’humain, un monde qui ne veut pas comprendre que la mort fait partie de la vie et que la protection de la vie biologique ne doit pas occulter ce qui fait le sel de notre existence : la vie affective et la vie spirituelle. Les supermarchés restent ouverts mais les librairies sont fermées et le culte interdit. Le ventre a la priorité sur l’esprit et sur l’âme. Ces mesures en disent long sur notre affaissement. Bernanos avait raison : "On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure." Nous en faisons l’amère expérience.
Tandis que le pays est figé dans le confinement, le combat que mène l’idéologie islamiste contre la France s’est manifesté à Conflans-Sainte-Honorine et à Nice par des attaques barbares qui ont provoqué une émotion considérable. Ces agressions abjectes ne sont pas nouvelles et nous savons qu’il y en aura d’autres, et sur de plus grandes échelles. Les discours, les hommages, les marches, les fleurs, les bougies, les larmes, non seulement ne suffisent pas, mais sont la manifestation stérile de notre impuissance.
Le péril le plus grand n’est pas d’abord celui que représente notre ennemi lui-même mais plutôt celui de la démission intérieure qui mène au désarmement moral et spirituel de notre société ; ce « déclin du courage » dénoncé, il y a plus de quarante ans, par Soljenitsyne. Il est effarant de constater que la réponse au radicalisme islamiste est une laïcité vide de sens, c’est-à-dire un nihilisme qui nie nos racines chrétiennes, notre culture et nous fait oublier le sens même de notre histoire. Le nouvel horizon, en France, serait celui des seules réalités matérielles et du droit au blasphème.
L’écrivain Denis Tillinac, récemment disparu, nous avait prévenus des conséquences d’une telle conception : « Aussi longtemps qu’on mettra la barre des aspirations à l’altitude zéro du mercantilisme, “républicain” ou autre, on lâchera dans une jungle sans foi ni loi des êtres intellectuellement, psychiquement, spirituellement invertébrés. Et on verra surgir de partout des candidats au djihad. » Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Daech publiait un communiqué par lequel il revendiquait les attaques à l’encontre du peuple qui « porte la bannière de la Croix en Europe » et se félicitait d’avoir pu tuer plus de cent « croisés ». En nous désignant ainsi, l’ennemi nous a cruellement rappelé nos origines. Il faut les assumer.
La réponse à l’islamisme conquérant ne se situe pas dans la défense de vagues valeurs humanistes mais dans l’expression d’une cause opposée de même envergure, qui est celle de notre civilisation chrétienne. Il faut retrouver ce que nous sommes et rejeter cette fausse générosité qui consiste à nous défaire de nous-mêmes au nom de l’ouverture aux autres. Dans les années 1930, la philosophe Simone Weil, face à la montée du péril nazi, indiquait la voie à suivre : "De remède, il n’y en a qu’un, disait-elle, donner quelque chose à aimer aux Français et leur donner d’abord à aimer la France."
Nous devons redécouvrir la fierté d’être Français. Nous le devons à ceux que nous honorons aujourd’hui. C’est la tâche la plus urgente car, cette fois, il s’agit de notre survie. »
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