Comment économiser près de 100 milliards d’euros sans casse sociale ?
Patrice Huiban, 50 ans, saint-cyrien, est le président du mouvement patriote Nouvel Essor français. Ancien officier de l'armée de terre, il est devenu haut fonctionnaire, puis cadre dirigeant dans le secteur privé. Il enseigne l'économie de la Défense à Sciences Po Paris. Dans son livre Vers un nouvel essor français (VA Éditions), paru en septembre, il trace le chemin vers la fin des déficits abyssaux qui resteront la marque de la présidence d’Emmanuel Macron. À l’heure où les députés débattent du budget de la France, cette contribution met les points sur les i.
Les débats parlementaires sur le projet de loi de finances (PLF) font apparaître aux yeux du grand public la dérive des finances publiques longtemps mise sous le boisseau ou largement minorée, occultée par les gouvernements successifs. Cette dérive est d’autant plus incompréhensible pour les citoyens que notre pays est le champion de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’Union européenne (UE) en matière d’impôts, de taxes et de cotisations sociales. Pour autant, ces prélèvements record ne couvrent que les deux tiers des dépenses, on s’endette pour payer des factures avec, in fine, des services publics essentiels souvent en déclin ! La situation de la France, aujourd’hui, c’est comme si vous gagniez 3.500 euros et que vous dépensiez 5.000 euros avec des prêteurs majoritairement en dehors de votre cercle personnel qui peuvent vous envoyer l’huissier chaque jour et ponctionner votre épargne si nécessaire.
Si on n’enraye pas rapidement cette spirale, c’est le scénario grec qui nous attend, soit une mise sous tutelle financière du pays par Bruxelles, voire le Fonds monétaire international (FMI), avec un blocage de tout ou partie des 6.000 milliards d'euros d’épargne des Français pour couvrir les 3.200 milliards d'euros de dette publique, ce qui signifie des retraits au guichet plafonnés chaque jour le temps d’une remise en ordre des comptes de la nation.
Pourtant, des marges de manœuvre existent pour qui ouvre le capot de l’action publique pour identifier les fuites, les colmater, mettre de l’huile dans les rouages et serrer les boulons là où il le faut. Baisser de 10 % la dépense publique, soit 160 milliards d'euros par an, est largement atteignable, en sachant que revenir dans la moyenne de l’UE à 27 en matière de dépenses publiques signifierait un effort de plus de 200 milliards d'euros environ, l’écart avec la France étant de 7,9 points de PIB en 2023, 57,3 % contre 49,4 %.
26 milliards d'euros à court terme
Rapprocher les règles du public et du privé en matière d’arrêts maladie en alignant les jours de carence sur ceux du privé (3) et en passant le taux de remplacement du salaire de 100 % à 90 % (il est de 50 % dans le privé). Gain : 2 milliards d'euros et davantage, à terme, par une baisse de l’absentéisme.
Diminuer l’aide publique au développement (APD) en la ciblant davantage. L’APD augmentant régulièrement (de 10,3 milliards d'euros, en 2018, à 15,1 milliards d'euros, en 2022), diminuer ou supprimer purement et simplement certains versements plus justifiés aujourd’hui au regard du développement du pays concerné, de notre situation budgétaire et de nos choix diplomatiques (Turquie, Inde, Algérie, Afrique du Sud, Brésil, Mexique, Afghanistan, par exemple). Gain : a minima 1,5 milliard d'euros.
Supprimer les 2.000 aides ou dispositifs pour les entreprises (150 milliards d'euros) et diminuer d’autant les prélèvements nominaux. Gain : 7,5 milliards d'euros environ de frais de gestion, sans compter un choc de compétitivité par la simplification de l’environnement normatif des entreprises, soit des rentrées fiscales additionnelles à terme.
Supprimer les aides publiques à l’éolien terrestre et maritime, contre-productives écologiquement et économiquement. Gain : 2 milliards d'euros.
Négocier un rabais de la participation de la France au budget de l’UE comme l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède, notre contribution à l’UE étant passée de 18,1 milliards d'euros, en 2017, à 27,2 milliards d'euros, en 2023, soit +50 % sans motif crédible. Gain : 3 milliards d'euros.
Mieux encadrer les subventions aux organismes à but non lucratif en limitant les subventions publiques aux associations/fondations reconnues d’utilité publique (ARUP/FRUP), aux associations sportives uniquement si affiliées à des fédérations nationales et aux organismes reconnus d’utilité sociale. Gain : au moins 10 milliards d'euros sur les 23 milliards d'euros versés par an.
67,5 milliards d'euros à moyen terme
Privatiser le groupe France Télévisions pour ne conserver que des opérateurs publics qui apportent un autre service en complément du privé (Arte, LCP, FR3 en région, les stations de Radio France, l’INA et l’audiovisuel extérieur à fusionner dans une BBC à la française [France 24, RFI et TV5 Monde]). Gain : 2,5 milliards d'euros.
Rééquilibrer l’offre de soins entre la ville et l’hôpital en négociant avec l’Ordre des médecins, en contrepartie d’une consultation classique portée à 40 euros (moyenne UE, en sachant que chaque passage aux urgences coûte entre 200 et 250 euros à la collectivité) et sous peine de non-prise en charge de la consultation par l’assurance maladie (déconventionnement) pour :
- encadrer leur liberté d’installation pendant les premières années d’exercice (interdire l’installation initiale dans les zones surdotées comme les pharmaciens, les infirmiers libéraux et les kinésithérapeutes, pour lesquels il n’existe pas ou peu de « déserts ») ;
- imposer que le dossier médical partagé (« Mon espace santé ») soit rempli par les praticiens de ville et de l’hôpital ;
- rétablir une obligation de garde pour les médecins de ville, notamment à l’entrée des urgences ;
- sécuriser la carte Vitale, carte bleue publique sans même un code secret, via une authentification biométrique à chaque paiement.
Gain : 10 % de prescriptions médicales superflues en moins par le partage des données de santé entre praticiens (30 milliards d'euros) et moins de fraudes et d’erreurs par la sécurisation de la carte Vitale (10 milliards d'euros), soit un total de 40 milliards d'euros, sans compter des centaines de vies sauvées aux urgences !
Supprimer les conseils départementaux, simples boîtes aux lettres d’aides sociales nationales, et créer une allocation sociale unique gérée par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) avec des contrôles a priori à partir des données comme l’administration fiscale. Gain : entre la forte baisse des erreurs, des fraudes et les frais de gestion des conseils départementaux, 15 milliards d'euros environ.
Supprimer les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre en contrepartie d’un regroupement de communes (19.000 sur 35.000 ne dépassant pas 500 habitants). Gain : 10 milliards d'euros.
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33 commentaires
Ce prof de Sciences Po ne me dit rien qui vaille. Enormément de dirigisme dans ses propositions sur les médecins notamment, comme si on était en Union Soviétique.
« Gain : 2 milliards d’euros et davantage, à terme, par une baisse de l’absentéisme. » !!
Sauf que vu , cher ex officier, qu’au vu des bataillons, que dis-je des régiments de fonctionnaires en trop dans TOUTES les administrations, l’absentéisme ne se perçoit même pas.
Pour le reste tout est juste et parfait sauf que sur le million (voire plus) d’associations de tous ordres et de toutes idéologie, qui vont souvent à l’encontre du pays, il y a d’énormes économies à faire.
Mais, car il y a un MAIS, quel courageux politique prendra les excellentes décisions que vous préconisez ?
Vous préférez surement la gabegie et l’orgie des dépenses publiques ? Libre à vous, je vous souhaite bien du plaisir et …. beaucoup d’impôts à venir;
De très bonnes pistes, c’est certain. Mais le profil de ce monsieur m’interpelle : prof à Sciences Po ? Je croyais (je me trompe ?) que sciences po (et d’autres écoles dites grandes) était devenu le repaire de nos grands idéologues du moment, des wokistes et cie…. Les profs patriotes (qui plus est président d’un mouvement patriote) peuvent toujours y exercer librement ? Et y répandre leurs théories « subversives » ? Quelque chose m’a échappé ?
Et avec toutes ces économies possible nos énarques et Mozart de la finance trouvent le moyen de créer un déficit abyssal
Il a oublié : arrêter de payer des voitures avec chauffeur aux anciens ministres. Diminuer le train de vie de l’Elysée (5 maîtres d’hôtel pour les Macrons…) Regarder du côté de la Suède ou les élus paient leur logement et leurs courses, et se servent de leur propre voiture. Faire payer leur séjour aux prisionniers, et si non solvables, taxer leur famille. Ce sont peut-être des économies de bouts de chandelle, mais cumulées, ça peut faire une belle somme.
Il faudrait changer de fond en comble tout le fonctionnement de la France, sans quoi, à vouloir faire des « réformettes », les effets de la première seront annihilés, avant que la seconde soit mise en œuvre et si tant est qu’une partie des réformes réussisse, il faudrait trente ans pour les appliquer, résultat nul.
Ces bonnes pistes d’économie sont loin des projets idéologiques de nos dirigeants qui préfèrent taxer le Français qui travaille
La France compte 1254 structures intercommunales , mais toujours 34 935 communes dont 80% ont moins de 1 500 habitants , contre 11054 pour l’Allemagne .
Le personnel du bloc local a augmenté selon le rapport de la Cour des comptes d’octobre , à la fin de 2021 , le nombre d’agents des intercommunalités a augmenté e 112 100 en douze ans alors que les communes ne se sont séparées que de 38 200 agents .
Les magistrats de la CC estiment que les collectivités pourraient économiser 4,1 milliards d’euros chaque année .
Il faut réduire les effectifs qui atteignent 1,94 millions de fonctionnaires . Ces fonctionnaires travaillent moins que la durée légale , s’absentent plus .
Dans un rapport rendu en mai le maire de Charleville Mézière et président d’Ardenne Métropole évalue à 7,4 milliards d’euros au minimum le cout de l’enchevêtrement des compétences entre l’Etat et les collectivités locales Entre 2012 et 202.
Les indemnités des élus des quatre strates des collectivités sont passées de 1,58 à 1,91 milliards .
Je connais des communes qui ont seulement quelques dizaines d’habitants, avec le Maire sur son tracteur…En Belgique, les communes ont été regroupées et leurs territoires sont souvent très grands, surtout en Wallonie. On évoque même la suppression des provinces…En France, les régions ont été regroupées, avec quelques bizarreries, mais il y a des départements qui pourraient aussi être fusionnés avec un voisin.
C est à se demander si la faillite de notre pays n est pas leur projet.
C’est leur projet mondialiste, piloté par les USA. Il est en passe de réussir.
Il n’y a que du bon sens dans toutes ces mesures, mais l’idéologie et la corruption qui règnent dans la politique et la fonction publique française font partir le pays sur une toute autre trajectoire. Vous prenez juste l’exemple des millions de cartes vitales en trop, il y a forcément des complicités derrière les guichets de la Secu.
Enfin, un résumé des vraies économies à effectuer ! Merci pour le partage de cette liste qui donne les pistes à suivre pour le bien commun……
C’est fou les économies que la France pourrait faire tout les ans en appliquant ces idées , cela éviterait de taxer de plus en plus les citoyens citoyennes qui pour certains sont tombés ou tombes dans la précarité du fait du pillage de leur revenue ou retraite par cette état incapable de gérer correctement ce pays correctement.
Réformer l’AME
Soigner les étranger en situation irrégulière , malades ou blessés , est une question d’humanité .
Mais l’AME dont le budget prévisionnel est de 1,3 milliards d’euros en 2025 , en augmentation de 100 millions d’euros par an , un peu moins de 500 000 bénéficiaires , donne accès à un large panier
de soins remboursés à 100 % , dans la limite du plafond de la Sécurité sociale .
Un système trop généreux qui permet notamment aux étrangers en situation irrégulière de se faire opérer le nez , recoller les oreilles ou ppser un anneau gastrique .
Le panier de soins pourrait donc être revu et limité , ce qui permettrait d’économiser quelques dizaines de millions d’euros .
Il faudrait aussi supprimer ou réduire le titre de séjour pour soins , un dispositif largement détourné .
Et rien sur l’immigration, les mineurs isolés ? L’économie serait peut-être là ?
Vos propositions sont excellentes, on pourrait même envisager de supprimer tous les subventions pour la rénovation énergétique. S’il est rentable d’isoler ses combles, je ne vois pas pourquoi ça devrait être gratuit.
Etant propriétaire de « passoires thermiques », je suggèrerais à l’Etat de supprimer toutes ces mesures qui restreignent la vente, la location et l’augmentation des loyers de ces lots et de les remplacer par une majoration de 5 à 10% de la taxe foncière, de façon à ce que les caisses de l’Etat en profitent, et tant que l’isolation n’est pas faite. Un récent rapport qualifie la classification des logements de A à G de peu convaincante et les diagnostics de fantaisistes, et en attendant qu’on s’apercoive que tout cela n’est qu’une fumisterie, autant que l’argent parte au bon endroit. Isoler un appartement est ruineux pour le propriétaire, qui ne peut pas répercuter la dépense sur le locataire, ou très partiellement.
Et ce n’est qu’un minimum.