Comment la guerre en Ukraine est en train de sauver le soldat Macron

Capture d’écran (59)

Emmanuel Macron peut remercier Vladimir Poutine. Sans bilan, sans programme et sans campagne, il bénéficie d’une image positive de chef de guerre, alors que la France n’est pas en conflit contre la Russie.

De son bilan, ce dernier mettra en avant la baisse des chiffres du chômage, certes redescendus par son « quoi qu’il en coûte » à 7,4 % de la population active, un taux toujours supérieur aux pays de la zone euro. Sa réforme des retraites a été abandonnée en 2020. La dette a explosé sous son mandat (plus de 115 % du PIB, selon Les Échos du 17/3/2022). Faut-il évoquer son bilan sécuritaire ? 67 % des Français ne lui font plus confiance sur ce sujet, selon le dernier baromètre Fiducial-Odoxa « Sécurité des Français » pour Le Figaro. Explosion de la violence, des attaques au couteau, des agressions sexuelles face auxquelles les délinquants jouissent d’un sentiment d’impunité, poussant policiers et juristes à alerter sur la situation dans une tribune publié dans nos colonnes. Pierre-Marie Sève, délégué général de l'Institut pour la justice, rappelle (Le Figaro, 21/2/2022) que « 15.000 places [de prison] étaient promises pour 2022, nous n'atteindrons pas les 3.000 ». Sur le plan éducatif, on retiendra le massacre des mathématiques suivi du rétropédalage de Jean-Michel Blanquer, les fermetures de classes, le décrochage scolaire et la déprime des adolescents, soldée par des chèques psy. Et sur le plan sociétal, Emmanuel Macron aura permis l’ouverture de la PMA aux couples de femmes, l’allongement du délai légal de l’IVG et une grande hypocrisie sur la gestation pour autrui.

Il y a peu, François Fillon tombait pour des costumes, le scandale Mc Kinsey aurait dû éclabousser la Macronie, mais comme les Français sont « en guerre » depuis 2019, ils ont besoin d’être rassurés. Ainsi François Rebsamen, le maire PS de Dijon, d’afficher son soutien. « Il a l’envergure et la crédibilité d’un chef d’État. Et la crise ukrainienne en est une nouvelle illustration » (Le Figaro, 6/3/2022). Tout comme Philippe Douste-Blazy : « Dans ces temps si sombres, nous avons besoin de stabilité et d’expérience » (JDD, 5/3/2022). Voilà pourquoi le candidat mise davantage sur la confiance de ses compatriotes que sur sa campagne. Ses propositions sur la retraite à 65 ans, le RSA ou la situation de l’école sont incomprises. Et tout comme sa déclaration de candidature s’était limitée à une simple lettre aux Français, RTL (23/3/2022) note que « dans son agenda, les jours sans campagne sont plus nombreux que les jours avec campagne ». La guerre en Ukraine a bon dos.

Alors ses ténors commencent à paniquer. L’absence du candidat se fait ressentir, la crainte est grande d’une démobilisation des électeurs pour qui le scénario de la réélection serait déjà acquis. Édouard Philippe, Christophe Castaner, Olivier Véran, Roselyne Bachelot et Christian Estrosi animaient un meeting à Nice, ce mercredi, sous de grandes lettres écrites en bleu, blanc, rouge : « Emmanuel Macron avec vous », sauf que le candidat n’était pas là ! Certains expriment leur inquiétude. Christian Estrosi déplore, dans La Croix (24/3/2022) : « S’il y a une érosion dans les sondages ces derniers jours, c’est parce que la présentation du projet n’est pas assortie d’une campagne. » Et le cœur n’y est pas, dans la salle, le quotidien décrit des « applaudissements tièdes, une vingtaine de drapeaux français et européens agités par moments et quelques sièges vides dans une salle pourtant loin de sa configuration maximale. C’était calme », euphémisait après coup l’un des orateurs du soir, précisant pourtant qu’il y a « parfois des ambiances formidables dans des meetings sans le candidat ». Un ministre glisse au Parisien (24/3/2022) qu’« il faut qu’on donne, grâce au meeting du 2 avril et d’ici là, un peu de positif, de souffle, de cohérence ».

Malgré les gilets jaunes, les scandales successifs et son mépris affiché, le candidat Macron est encore donné favori dans les sondages. À défaut de s'adresser directement à eux, il lui suffit d'arroser d'une main les électeurs de l'argent public qu'il leur reprendra de l'autre, ou d’apparaître mal rasé, trop affairé par cette guerre, pour se voir reconduit à l'Élysée. Il faut croire que les Français aiment être emmerdés.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

71 commentaires

  1. J’étais scotché de lire dans la presse gouvernementale, cette analyse d’un journaliste en passe d’être promu qui effectivement ne pouvait nier la présence des nazis dans les rangs de l’armée ukrainienne, mais bon , « ils »ne sont que 4 à 5000 sur une armée de 250000 hommes !!! Donc il faut raison garder d’après lui

  2. Ce va-t’en guerre porte sur sa combinaison de vol la « pucelle » . Cet insigne signifie que celui qui la porte a reçu son brevet de pilote de l’Armée de l’Air . J’aimerais savoir où et quand ce Tartarin a fait sa formation aérienne .

  3. Les medias veulent rejouer le duel de 2017 Macron Le Pen en nous matraquant de sondages. Mais »L’ancien Premier ministre Édouard Philippe a mis en garde mercredi le camp Macron contre tout excès de confiance en vue de la présidentielle, en appelant à ne pas se « retrancher derrière les sondages » dont « la valeur prédictive est nulle..C’est ceux qui votent qui décident, et pas ceux qui font, commentent ou commandent les sondages » Ne nous volez pas une nouvelle fois l’election.

  4. Et encore un pipeau de sondages que les gogos vont gober… Pour sauver macron il faudrait qu’il soit sauvable… il s’effondre même les sondages ne aprvienennt pas à le tenir même en inversant Zemmour, Marine et Macron… Pour le pipeau on n’a pas besoin de BV on a les JT … mdr

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