Comment le protectionnisme européen a sauvé l’industrie européenne du vélo
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En général, l'Union Européenne, et tous ceux qui la portent à bout de bras, soutiennent mordicus que le protectionnisme, même à dose contrôlée, est une plaie économique, une impasse qui condamnerait définitivement nos industries. Il lui est pourtant arrivé de pratiquer cette politique, et récemment. Ainsi, depuis plus de quinze ans, des droits de douane européens de l'ordre de 30,6 % frappent les importations venant de Chine, mais aussi des autres pays d'Asie. L'Association européenne des fabricants de vélos (EBMA) avait argué que la Chine fabriquait, à elle seule, cinq fois plus de vélos que le marché européen ne pouvait en absorber, et que la vaque qui avait commencé à s'abattre au début des années 2000 allait rayer de la carte les industries européennes dans leur ensemble. Le vélo emploie, en effet, plus de 100.000 salariés à travers le Vieux Continent.
C'est ainsi que, pour une fois, Bruxelles s'est décidée à agir, et à taxer durement les importations, considérant qu'elles relevaient d'une concurrence déloyale. Bruxelles a annoncé récemment le maintien de ces taxes jusqu'en 2024, au moins.
Résultat : les industries européennes sont florissantes, et continuent d'embaucher. Car le vélo est un marché dans l'air du temps, une réponse aux embouteillages dans les villes, et le vélo électrique séduit de plus en plus de clients. En Europe, c'est le Portugal qui est devenu, en quelques années, le premier fabriquant, avec 2,7 millions de bicyclettes produites, contre 2,1 millions pour l'Italie et seulement 900.000 en France… Le Portugal n'est pourtant pas un producteur historique de bicyclettes, comme l'Italie avec Bianchi ou Campagnolo, ou la France (Gitane, Peugeot,…). Mais ce pays a saisi les occasions plus vite que les autres, a monté la filière en deux ans à peine et profité à plein de coûts de production plus compétitifs, taillant des croupières à notre industrie nationale, lourdement pénalisée par les charges et les tracasseries bureaucratiques…
Le protectionnisme intelligent a donc parfaitement fonctionné dans le contexte de l'industrie du vélo. Que je sache, la Chine n'a jamais appliqué de sanctions, et quand bien même elle l'aurait fait, notre marché européen suffit amplement à faire vivre les industries européennes. Mais alors, pourquoi l'Union européenne s'acharne-t-elle ainsi à refuser la plupart du temps une méthode qui a fait ses preuves ? La concurrence chinoise serait déloyale pour le vélo, mais pas pour les motocyclettes, l'électroménager, l'électronique, le jouet, l'ameublement ? Tiens donc… Paradis des lobbys, Bruxelles a cette fois-ci cédé à celui du vélo, représenté par l'EBMA. Soyons sûrs que d'autres lobbys ouvertement libre-échangistes sont, dans bien des domaines, plus persuasifs que ceux qui défendent la protection de nos industries…
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