Comment l’Union européenne est devenue nocive pour l’Europe 

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Tout système politique repose sur des principes qui orientent son développement. L’Union européenne n’y échappe pas. Si l’Union européenne est devenue nocive pour l’Europe, ce n’est pas le fruit du hasard.

Dès l’origine, Monnet conçut la « construction européenne » par la déconstruction des souverainetés nationales. Dans un mémorandum à Roosevelt de 1943, il écrivait : « Il n’y aura pas de paix en Europe si les États se reconstituent sur une base de souveraineté nationale. » Or, ceci revient à prétendre construire la « maison » européenne en détruisant ses fondations historiques : les nations.

Le deuxième vice du système réside dans le fait qu’il a été bâti en dehors d’un processus démocratique clair. Jacques Delors ne s’en cachait nullement : « L’Europe est une construction à allure technocratique et progressant sous l’égide d’une sorte de despotisme doux et éclairé » (Strasbourg, 7/12/1999). Son ami Padoa Schioppa, un des pères de l’euro, allait dans le même sens : « L’Europe s’est formée en pleine légitimité institutionnelle. Mais elle ne procède pas d’un mouvement démocratique » (commentaire n° 87). Pire encore, lorsque des peuples, en l’occurrence néerlandais et français, ont rejeté le projet de Constitution pour l’Europe par référendum, il leur a été imposé par voie parlementaire. Il s’agit de faire accepter par force ou par ruse : « Une fédération dans laquelle, suivant les rêves de ceux qui l’ont conçue, les pays perdraient leur personnalité nationale, et où, faute de fédérateur [...] ils seraient régis par un aréopage technocratique, apatride et irresponsable », comme l’avait si bien décrit de Gaulle (conférence de presse du 9/9/1965).

Le troisième vice est de vouloir une Union européenne qui soit « une économie sociale de marché » en même temps qu’un exemple d’exigence climatique et environnementale, et d’ouvrir largement cet espace à la concurrence de pays qui n’ont ni les mêmes exigences sociales, ni les mêmes exigences écologiques et produisent donc à des coûts très inférieurs aux nôtres. Ce primat donné au commerce mondialisé entraîne un saccage des industries européennes. Notons que la Chine, l’Inde, le Japon, le Brésil et les Etats-Unis n’hésitent nullement à protéger et soutenir leurs économies. L’idée même d’État stratège est une hérésie pour la Commission européenne qui semble toujours croire aux vertus de « la main invisible du marché ».

Le quatrième vice est que la Commission a pris l’habitude d’interpréter de façon extensive les compétences qui lui ont été attribuées par les États membres. Elle intervient ainsi, par des voies détournées, dans des domaines où elle n’a nulle compétence de par les traités. Ce fut le cas pour l’énergie par le biais de la politique de la concurrence ou les règles financières liées à la politique climatique, ou encore les questions d’organisation de la Justice ou les questions sociétales, comme la Pologne ou la Hongrie en font l’expérience. Tout cela avec la complicité du Parlement européen et la passivité du Conseil, ce qui manifeste un détestable système de connivence oligarchique.

Le cinquième vice est que jamais l’Union européenne n’a été conçue comme une force indépendante des États-Unis. Monnet était en effet très lié aux intérêts américains. Il en résulte que le suivisme de l’Union européenne par rapport aux États-Unis a fait perdre à l’Europe toute autonomie géopolitique et l’a entrainée dans le même discrédit aux yeux du « Sud » en raison des nombreux conflits engagés par les États-Unis qui ont déstabilisé des régions entières au Moyen-Orient et en Afrique et ont laissé l’Europe face des situations inextricables, notamment en matière migratoire.

À neuf mois des élections européennes, il est grand temps d’éclairer les yeux des électeurs et de proposer les moyens de reprendre le contrôle du système. En rester à l’application stricte des traités, rappeler à la Commission qu’elle n’a que des compétences d’attribution qui peuvent lui être retirées, rompre avec le système de connivence et ne pas hésiter à pratiquer la politique de la chaise vide, faire de l’Union européenne un outil porteur de projets stratégiques pour les nations européennes. Il faut pour cela envoyer le plus grand nombre possible de députés favorables à une Europe des nations, constituer un groupe unique au Parlement européen. Et préparer une vraie alternance nationale en France.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

27 commentaires

  1. tout est corrompu dans cette Europe, avec des technocrates qui s’en mettent plein les poches, cette Europe est devenue une dictature à la botte des USA !!

  2. Une construction en « jeu de quilles », si la France en sort, le système s’écroule, ou alors il faut tout renégocier, sans voix prépondérante des allemands. Ce ne serait pas gagné d’avance. Le couple franco-allemand, n’à jamais existé réellement, sauf à nous faire avaler des couleuvres, parfaitement néfastes à l’économie Française au profit de l’allemagne.

    • L’Allemagne n’a jamais été notre amie, sauf quand nos intérêts convergent. Ce n’est pas ma définition de l’amitié

  3. Est-il encore possible de prendre le contrôle d’un tel monstre depuis longtemps corrompu ? Il est temps d’en finir et ensuite reconstruire une autre structure Européenne mais ne sera t-elle pas rapidement corrompue ? Dès que l’argent public coule à flots sans comptes à rendre et sans responsabilité le problème reviendra très vite.

  4. l’Europe a toujours été nocive pour la France car voulue par les Allemands jaloux de nos réussites (indépendance énergétique grâce au nucléaire par ex)qui ont perdu la guerre et nous la refont économique….
    Pourquoi nos chefs d’état rampent-ils devant ? Là est la vraie question !

  5. Les institutions deviennent ce que les hommes en font. Après plusieurs rejets « démocratiques » nous avons obtenu une majorité de « NON » en 2005. Cette institution est plus que véreuse aujourd’hui et ses outrances quasiment criminelles pour les peuples d’Europe. C’est l' »Europe des Nations » ou le FREXIT. Il faut en finir…

  6. Schumann et Monnet, les pères fondateurs de l’Europe émargeant au budget de la CIA. On retrouve dans les instances européennes et nationales le smembres des Young Leaders de la french american association qui se réunissent régulièrement lors des conférences Bilderberg.

  7. Tout est dit; juste y ajouter ce que Juncker disait – sauf erreur : « Il n’est pas prévu de voter démocratiquement contre les institutions européennes ». Cela recoupe ce qui est dit dans l’article: une dictature insidieuse s’est installée. Comme le Despotisme Eclairé; qui n’a jamais éclairé personne.

  8. Je doute que la commission européenne se laisse ainsi couper les ailes qu’elle a immenses. Mais il n’est pas interdit de rêver. Les français ne se sont pas encore réveillés

  9. Excellent article. Encore que trop gentil avec Monnet. L’essentiel est dit. Sauf une chose. Tous les vices décrits voient leurs effets aggravés par la faiblesse de la France (dans tous les domaines) et par l’idéologie macronienne mondialiste qui voudrait intégrer un peu plus la France dans une UE encore plus vicieuse qu’elle ne l’est déjà.

  10. Citation : >>>… ils seraient régis par un aréopage technocratique, apatride et irresponsable », comme l’avait si bien décrit de Gaulle (conférence de presse du 9/9/1965)…<<<
    Mais il a pire encore !
    C'est que cet "aréopage technocratique" est inconditionnellement à la botte d'une caste mondialiste, dictatoriale et occulte (quoique de moins en moins occulte). Le but caché de cette caste est l'omnipotence planétaire, à son seul profit, et pour la satisfaction de son besoin maladif de domination.
    Sa justification officielle est l'établissemnt de la Paix par l'unification des peuples.
    Si elle gagne, son résultat factuel sera la terreur perpétuelle pour le maintien des peuples dans la soumission.

    • Exact !
      Et le « Marché Commun », quel que soit le bien-fondé de son idée de base, ne peut plus être considéré que comme une étape intermédiaire logique conçue pour faciliter l’administration de la purge européenne sous sa forme mondialiste à venir !

    • Peut-être pas les 2 premières années mais oui très vite l’UE est devenue un monstre corrompu. C’est ainsi lorsque l’argent public coule à flots sans comptes à rendre et sans responsabilité. C’est le problème de la politique et comme les migrants plus ils sont nombreux plus il y a de services autour d’eux moins ils travaillent et plus il y a de taxes, charges et contraintes. On peut vivre ces dérives sans limites depuis qu’ils ont décrété que « la démocratie a un coût ».

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