Communiqué de l’Élysée : Macron creuse encore 

Capture d'écran présidence de la République
Capture d'écran présidence de la République

On attendait une interview d'Emmanuel Macron. Il aurait pu expliquer où il en était, c'est-à-dire nulle part. Il aurait pu détailler ses options politiques, c'est-à-dire aucune. Bref, il aurait fait du Macron, devant des journalistes acquis, tout sourire, acquiesçant mollement à chacune de ses petites phrases. Il a peut-être bien fait, pour ne pas nous gâcher notre fin de vacances, de ne rien faire.

On n'a, finalement, eu droit qu'à un communiqué de l'Élysée dans lequel on apprend, pour ceux qui l’ignoraient, que le Président a reçu les partis politiques. Sauf le Rassemblement national, évidemment, puisque ce ne sont pas des républicains. Il apparaît que certains interlocuteurs seraient prêts à envisager quelque chose. Énorme surprise à la lecture des noms de ces formations politiques : Horizons, le Modem, l’UDI et le Parti radical, sans oublier Ensemble pour la République, énième avatar d’En Marche puis de Renaissance. En face, la gauche s'en tient à son scénario : elle censurera tout autre gouvernement que celui dont Lucie Castets serait Premier ministre. Cerise de ridicule sur ce gâteau de restes, les Insoumis vont lancer une procédure de destitution à l'encontre du Président. Elle n'a aucune chance d'aboutir, évidemment, et tout le monde le sait très bien, mais bon, que voulez-vous, c'est très gauchiste, ce goût de faire des moulinets dans le vide en attendant la révolution.

La droite républicaine, comme l'appelle l'Élysée, c'est-à-dire celle avec laquelle on peut parler, celle qui a plus d'élus que d'électeurs, a défini des lignes rouges. On est content. Du côté de la gauche de combat, celle des merguez sur les ronds-points et des acquis sociaux, on promet une rentrée sociale chargée. Bref, chacun est dans son rôle, tout va bien, rien ne change. Le bateau peut continuer de couler normalement, avec un gouvernement démissionnaire qui n'en finit plus d'expédier les affaires courantes, une vacance du pouvoir qui flirte avec les délais des gouvernements belges, une dette qui explose, une insécurité affolante. Les Jeux olympiques ont permis de jeter brièvement un voile pudique sur l'état du pays et de nous faire communier à peu de frais, grâce à nos champions, qui, eux, ont été admirables. Mais le retour au réel prend des allures de lendemain de cuite.

N'oublions pas de citer le Président lui-même, qui manie l'antiphrase comme personne : « Ma responsabilité est que le pays ne soit ni bloqué ni affaibli. Les partis politiques de gouvernement ne doivent pas oublier les circonstances exceptionnelles d’élection de leurs députés au second tour des législatives. Ce vote les oblige. » En revanche, comme Libération le révélait ce lundi, le Président, lui, ne se sent lié en aucune façon par le vote des Français.

Bref, avec ce communiqué qui ne dit rien, ces réunions qui n'aboutissent pas, ces consultations dignes des plus riches heures de la IIIe République, la Macronie creuse encore plus profond. Évidemment, le premier parti de France, le RN, n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour dire que c'est le chaos. Ce qui se prépare à moyen terme, pour 2027, c'est un second tour Le Pen/Mélenchon. On ne peut pas appeler ça autrement. Macron, le pompier pyromane, sera loin. Peut-être à Bruxelles, pour surveiller l'incendie.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

57 commentaires

  1. « communier à peu de frais dites-vous? » Combien a coûté l’organisation des JO au contribuable français ? Même s’ils ont été une « Seine » réussite.

    • Il creuse certainement pour trouver la réponse à sa question : « Qui m’a installé à ce poste? »

      • IL « fréquente » Davos depuis suffisamment longtemps pour savoir ce pour quoi il est « en place » ! …

    • Oui il creuse et cela me rappelle une histoire : Un jeune chirurgien opère un problème dans le ventre. A la fin il demande au professeur s’il a bien fait. Réponse : il ne faut pas aller si profond vous rayez la table !

  2. Le seul point positif est que nous ferons des économies forcées sans gouvernement ! Et on nous fichera la paix pour les votes de lois plus ou moins importantes ou carrément absurdes ! Pour moi, le « bateau » ne coulera pas plus vite, au contraire.

  3. A ce stade ce n’est plus de la politique, c’est comment encore garder son strapontin. Lamentable
    C’est la France du système contre la France qui travaille
    On supprimerai les subventions a tout va et on reformerai les aides d’État les profiteurs se retrousseraient les manches

    • Vous vous rendez compte que vous devenez Zemmourien ? Enfin, un début vers le bon sens. Au fait pourquoi Macron n’appellerait-il pas E. Zemmour.

      • Ou sarha knafo..c’est une femme jeune,de confession juive diplômée de l’ena.. elle  » coche beaucoup de cases…

  4. Melenchon est déjà hors circuit. On a malheureusement perdu
    Zemmour ;c’est le seul qui faisait face à nos problèmes.

  5. Macron rappelle aux partis de gouvernement, les circonstances exceptionnelles de l’élection de leurs députés au deuxième tour . Incroyable ! Un président qui rappelle publiquement que c’est grâce à sa grosse magouille qu’on en est là avec des élections que je considère comme truquées . Aucune honte , aucune dignité . Cette phrase suffit à elle seule à comprendre le personnage .

  6. Si ce n’était pas lamentable on pourrait rire …mais nous savons que cet homme aime creuser et profondément..

  7. Pourquoi notre France ne serait elle pas dirigée par un conseil d’administration comme une entreprise ? Ainsi plus de politique au sens des parties, puisque l’on arrête pas de nous parler de solidarité, de vivre ensemble, etc…tous ces mots qui ne veulent plus rien dire : ils sont usés ! Bien sûr quelques hommes politiques dans ce conseil. Il faut revoir tout le fonctionnement de notre pays pour sortir de ce marasme où nous ont plongé toutes ces  » élites « .

    • Voilà une superbe suggestion. Mais qu’allons nous faire de toutes ces intelligence suprêmes que nous avons fabriqué depuis des décennies dont une à l’initiative de de gaulle (ENA).

  8.  » Ensemble pour la république  » : EPR !! C’est un sigle pour le moins explosif ! Atomique ! Non ? EDF devrait faire un procès à Macron !!

  9. Edouard Philippe sera-t-il en embuscade pour sauver la France qui hésiterait entre Mélenchon et MLP ? A craindre

    • Changement dans la continuité avec ce ramasseur de balles. Autant dire que rien ne changerait nous aurions un macronisme déguisé.

    • Edouard Philippe est s’il se présente ,celui qui m’inquiète le plus, car les Français ont la mémoire courte et ont un peu tendance à se dégonfler au second tour des élections présidentielles, en cas de deuxième tour Philippe-Le Pen, j’ai bien peur que le RN se retrouve encore relégué au rang de spectateur.

  10. Elle aura au moins le mérite cette dissolution, de nous faire toucher du doigt l’inutilité des hommes et femmes politiques, et surtout que l’on peut se passer de la grande majorité des ministres, en fait ils ne servent à rien à par creuser les déficits, allez 5 ministres aux affaires pour les charges régaliennes de l’état suffisent, les 35 autres sont du superflu !!

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