Concours enseignants : le niveau requis passe de bac+5 à bac+3 dès 2026…

Le niveau d’étude nécessaire aux concours des métiers d’enseignements est rabaissé alors que le niveau des élèves chute.
@Austrian National Library/Unsplash
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On n'arrête pas le progrès ! Ce 19 avril, Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé une nouvelle réforme, majeure, qui revoit les critères d’accès aux métiers de l’enseignement. À partir de 2026, les concours de recrutement pour devenir professeur ou conseiller principal d’éducation seront ouverts aux bac+3, alors qu'ils sont réservés aux bac+5 aujourd’hui. Cette mesure vise à attirer davantage de candidats, quitte à baisser singulièrement le niveau.

Le contenu des concours a été repensé : deux épreuves écrites d’admissibilité évalueront les connaissances disciplinaires (français, mathématiques, sciences humaines, etc.), tandis que deux oraux d’admission testeront la capacité à transmettre, la motivation, le sens du service public et les compétences relationnelles. format concerne le concours de professeur des écoles, mais aussi ceux du second degré (CAPES, CAPEPS, CAPET, CAPLP pour certaines sections) et le concours de CPE. Les lauréats suivront ensuite une formation professionnalisante en deux ans, au sein d’un institut spécialisé. Ils alterneront entre stages sur le terrain et cours théoriques. Les titulaires d’un master 2 auront un parcours allégé.

Pendant deux ans, une phase transitoire permettra de passer les concours aux niveaux bac+3 et bac+5. Si l’objectif affiché est de renforcer le vivier de recrutement, cette réforme marque une rupture symbolique : pour la première fois, le métier d’enseignant redevient accessible avec un diplôme de licence, soit un niveau moins exigeant sur le plan académique.

Pénurie de professeurs et niveau des élèves en chute libre

À la rentrée 2024, la pénurie d’enseignants était, une nouvelle fois, patente. Plus de la moitié des collèges et lycées déclarent manquer d’au moins un professeur, selon une enquête du SNES-FSU. Le ministère de l’Éducation nationale chiffre lui-même à 3.185 le nombre des postes non pourvus, malgré le recours accru aux contractuels. En parallèle, les inscriptions aux concours de l’enseignement poursuivent leur chute : près de 3.000 candidats de moins pour le CAPES et l’agrégation, en 2025. Cette crise du recrutement fragilise l’école publique et alimente les inégalités éducatives, constate le pouvoir façon Mac-Mahon : « Que d'eau, que d'eau... » Cette semaine, à Bordeaux, un père de famille a pris la place d’un professeur de mathématique, absent depuis trop longtemps, pour rattraper le niveau des élèves de troisième qui commençait à chuter.

 

Le ministère de l’Éducation nationale aurait pu s'interroger sur l'attractivité des salaires d'enseignants. Sur les inconvénients d'un métier en prise directe avec la société multiculturelle telle qu'on nous la vante depuis quarante ans. Et sur le sens d'une réforme qui rabaisse le niveau d’étude des prétendants aux concours des métiers d’enseignements alors même que les performances scolaires des élèves français continuent de chuter. D’après les résultats du classement PISA 2024, la France se situe, désormais, sous la moyenne de l’OCDE en mathématiques et en compréhension de l’écrit, avec une baisse marquée chez les élèves les plus faibles. Une étude OpinionWay, publiée en juillet 2024, révèle que 85 % des enseignants et 70 % des parents perçoivent un recul net du niveau général des élèves. Par ailleurs, l’évaluation TIMSS 2023 place les élèves français en queue de peloton européen en mathématiques et en sciences. Toutes ces problématiques témoignent d'une crise profonde de l'école publique, que les réformes du ministère de l'Éducation nationale ne semblent pas vraiment en mesure d'endiguer.

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

90 commentaires

  1. Devant cette xième réforme, je suis étonnée que les syndicats n’aient pas appelé à la grève ! Peut-être les vacances ?
    Ceci-dit 2 ans de glandouille en plus ne change pas le niveau des jeunes enseignants ! Les 3 ans après le bac n’améliorent déjà pas le piètre niveau des bacheliers !

  2. MdR comme dit l’autre. Quand je vois le niveau des étudiants en L3 (Bac+3), soit un quasi-analphabétisme, une incapacité à mettre en œuvre des maths les plus élémentaires (par exemple la proportionnalité) ou de se concentrer plus de deux minutes entre deux vidéos TikTok, la relève est assurée. Vive la France!

  3. Je ne vois l’inconvénient d’une telle mesure. Dans le temps, les instits étaient tout juste titulaires de certif. et les résultats étaient excellents Au contraire, c’est à partir du moment où on a exigé un bac+5 que les choses ont commencé à se dégrader. Ce qu’il faut aux profs, c’est du charisme et de l’autorité avant tout.

    • Ce n’est pas le niveau exigé qui a dégradé le niveau. C’est la dégradation du système scolaire (absence de sélection, 80% d’une classe d’age au bac) qui a produit des diplômés qui ne maîtrisent pas la langue, sont rarement compétents en français et maths. C’est pour cela qu’il a fallu les recruter avec une Licence, un Master. Quant à l’autorité, compliqué quand on voit des gamins violents, malpolis dès le primaire.

      • je me rappelle mai 81; Une palanquée d’enseignants ont débarqué (barbus pour la plupart) au palais-Bourbon avec une vision laxiste (ils pronaient le tutoiement entre les élèves et l’enseignant et se faisaient appeler par leur prénom). Ce sont aussi d’anciens enseignants, incompétents et donc retirés du service actif,mais ayant la garantie de l’emploi comme fonctionnaires, qui ont envahi les rectorats, académies et même ministère pour mettre en place cette dégradation du système scolaire dont vous parlez (maths moderne, lecture globale,…. et autres inepties)

    • C’est vrai, et cela pose un problème que les énarques ne comprennent pas:
      -Auparavant, c’était BAC + 4: une licence (+3) puis réussir au CAPES.
      -Maintenant, il faut faire une maîtrise et passer le CAPES.
      Mais voilà où git le problème: le CAPES exigeait une vision panoramique et approfondie de la littérature française. Il fallait bosser pour avoir une chance de réussir avec une licence.
      La maîtrise (on dit maintenant « master », évidemment), c’est le contraire! On étudie un problème étroit et on le creuse à fonds. Pour paraphraser Houelllebecq (Soumission), on, pouvait étudier le décadentisme chez Huysmans pour une maîtrise, ou l’utopie dans le nouvelle Héloïse (mon cas personnel) On pouvait par ailleurs, ne connaître que superficiellement la littérature française et s’étaler au CAPES :2500 candidats pour 150 postes).
      -Aujourd’hui, le titulaire à dû master a tant travaillé sur Huysmans, qu’il n’a souvent pas le temps d’étudier le reste !
      Mais attention! Rattrapage : là où il fallait 10/20 à l’ écrit pour être admissible à l’oral, 7 ou parfois 6 pour certain CAPES suffisent; et comme on a besoins de profs alors qu’il y a peu de candidats, le niveau des enseignants baisse fortement! CQFD;

  4. En résumé, la sélection des enseignants se fera à la tête du client. De gauche ou de droite ? Le pouvoir a baissé le niveau général des élèves afin qu’il s’adapte aux immigrés. Il baisse le niveau général des enseignants afin qu’ils s’adaptent à ce nouvel enseignement. « Ne pas trop en faire ». On ne peut pas lui reprocher un défaut de logique. Un personnage heureux dans cette évolution, Macron le maître d’œuvre en recherche de déconstruction sournoise de la France afin de mieux la soumettre aux dictats de l’U.E..

  5. Proportion de bachelier dans la population totale en 1914 : 1%.
    En 1960 : 20%.
    Aujourd’hui : 90%.
    Proportion de Bac+5 aujourd’hui : 20%. Donc bac+5 aujourd’hui correspond, en terme d’élitisme, au bac de 1960. Enseignant moi même de temps en temps pour des bacs+3 à 5, je constate les faiblesses de niveau écrit chez bon nombre d’étudiants bac+3. Quand j’étais étudiant, les concours pour être instit se faisaient à bac+2. Donc en soit, le concept n’est pas choquant. Sauf que « bac+2 » signifiait quelque chose. Aujourd’hui, tout le monde a un bac+2…

  6. Sans doute que, comme le fléau de la balance, ça va faire monter le niveau des élèves. Ils sont déjà brillants, ils vont devenir exceptionnels. Et pour trouver cette idée géniale. il a fallut nommer une ministre diplômée de l’école Polytechnique. Que se serait-il passé si elle n’avait eu que le baccalauréat ?

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