Conférence de presse à l’Élysée : Reporterre accrédité, pas Boulevard Voltaire

Reporterre

Quels ont été les critères retenus par l’Élysée pour accréditer un journaliste à la conférence de presse du président de la République du 16 janvier dernier ? Pourquoi certains ont-ils été choisis, d’autres recalés ? Mystère. Une opacité floue règne sur le tri opéré.

Directrice de la rédaction d’un site officiellement reconnu par la CPPAP (Commission paritaire des publications et des agences de presse), titulaire d’une carte de presse depuis de nombreuses années, j’ai suivi la procédure et rempli le formulaire de demande d’accréditation. Il y est demandé, « le nombre de places étant limité », de n’« accréditer que deux personnes maximum par rédaction ». Cela tombe bien, chez nous, la petite équipe n’a pas que ça à faire et ne peut s’offrir le luxe d’envoyer deux journalistes. Je m’inscris donc seule. Mais je note que dans certaines rédactions, on pourra venir à deux.

Quels critères ?

Je reçois une fin de non-recevoir du service de presse 24 heures plus tard : « Nous ne pouvons malheureusement pas donner de suite favorable à votre demande d’accréditation en raison du nombre de places limité. Vous pourrez néanmoins suivre la conférence de presse via les réseaux sociaux de la Présidence. » Trop sympa. Quelle faveur ! Je peux suivre sur X.

Aimant comprendre, je renvoie une demande d’explication : j’ai bien compris que les places étaient limitées, mais sur la base de quels critères les choix sont-ils faits ? Deux places par rédaction sont potentiellement offertes, mais pas une seule n’est accordée à la nôtre. Pourquoi ?  Restant sans réponse, j’appelle le numéro de téléphone indiqué sur le document initial. La personne, assez aimable, me répond, un peu ennuyée, qu’elle ne sait pas sur quelle base la sélection est faite, qu’elle a bien reçu mon mail et qu’elle l’a transmis. Mais elle ne me garantit pas un retour… de fait, j’attends toujours. J’en conclus in petto que seules les grandes rédactions mainstream au positionnement plutôt consensuel font partie des élus.

De fait, celles-ci sont bien là, même si on peut saluer la présence de CNews/Europe 1 : la seule question réellement offensive et dérangeante est venue de Laurence Ferrari. Mais ces « grands » médias ne sont pas les seuls. L’une des premières questions est posée par une journaliste du média écologiste d’extrême gauche Reporterre, Justine Guitton-Boussion.

Extrême gauche accréditée

Reporterre est un média dont l’audience (source SimilarWeb) et le modèle (associatif), sont comparables à celui de BV, mais dont le positionnement est bien différent, avec tous les poncifs de l’extrême gauche mâtinée d’écologie (les pigistes passent de Reporterre à Arrêt sur images), et Justine Guitton-Boussion (il suffit de consulter son compte Twitter) retweete volontiers Edwy Plenel, fustige Stanislas Rigault, soutient la cause LGBTQI+ ; bref, bien loin de l’écologie. Les articles de Reporterre défendent aussi les militants d’Extinction Rebellion (promotion de leur journée portes ouvertes, par exemple), des Soulèvements de la Terre à Sainte-Soline (ne sont-ce pas ceux que Gérald Darmanin appelait « écoterroristes » ?), et depuis le 7 octobre, la cause palestinienne à de multiples reprises (le directeur de la rédaction, Hervé Kempf, parle, dans un édito daté du 16 décembre, de « massacre perpétré par l’État d’Israël »). L’un des tout récents articles, enfin, s’attaque aux « châtelains prêts à tout contre les éoliennes », évoquant un « alignement avec le RN ». Comme s'il n'y avait que les châtelains et le RN qui s'inquiétaient... Faut-il qu'ils n'aient jamais participé à une réunion en ruralité contre ces projets pour méconnaître l'hétérogénéité du public.

Bref, pour le service presse de l'Élysée, quand Reporterre a le droit de poser des questions au président de la République, BV n'est pas seulement admis à pénétrer dans la salle des fêtes de l'Élysée ?

En vertu du principe d’égalité de traitement et de transparence, BV réitère donc officiellement sa demande à l’Élysée :  quels critères ont été retenus pour choisir les journalistes ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

78 commentaires

  1. Deproge aurait dit « étonnant non ? » Enfin voyons, Les loups n’invitent pas les chasseurs à leur table… Pas de contradiction sinon ce serait la foire d’empoigne ! La démocratie ? Il y a belle lurette qu’elle est proscrite par ce roitelet ! Du reste, seules les questions autorisées sont adminses n’est-il pas ?

  2. « massacre perpétré par l’État d’Israël » ) peut être le seul point où les médias gauchistes ont raison. Auraient ils appris à compter? (23 000 morts palestiniens pour 1200 israéliens le 07 oct, et encore en comptant ceux tués par les militaires de Tsahal!
    Pour le reste, oui, anormal en démocratie de choisir les médias qui sont de l’avis du conférencier, mais normal en démocrassie.

  3. Ne cherchez pas, quand certains osent afficher que le président et son gouvernement sont à droite, c’est qu’ils ont les yeux et les oreilles bouchés. En réalité ils sont plus que jamais à gauche, tendance extrême même, mais il essayent de le cacher pour appâter les gogos; un désastre aux Européennes ferait tellement désordre.

  4. Seules les penseurs qui sont dans la fibre macronienne ont droit de citer , et notre Chef de l’ Etat n’a que faire des questions qui le dérangent , comme disent certains observateurs il vit dans une bulle . De toute façon j’observe que même sur les plateaux des rédactions pourfendeuses les intervenants palabrent , rabâchent inexorablement les mêmes propos à en lasser les téléspectateurs ; mais rien ne change , alors l’exécutif a encore de beaux jours devant lui. Les rédactions de la presse écrite comme de l’audiovisuel sont à l’image de la primauté que donne notre monde politique aux métropoles par rapport à la province , la splendeur pour les villes la désolation pour le monde rural.

  5. Je m’étonne que cela vous étonne ! Vous n’imaginiez quand même pas que ces gens là allaient devenir honnêtes ou impartiaux ? C’est exactement pareil pour les subventions accordées aux médias, tout particulièrement à la presse : qui décide ? Sur quels critères sont accordées ces subventions ? Malheureusement, les payeurs concrètement les con-tribuables spoliés n’ont pas droit à la parole quant à l’utilisation des sommes faramineuses qu’on leur subtilise.

  6. Un aveu face à la prétendue « droitisation »…non ? Après…il y a la méthode : dans certains pays, à une époque pas si éloignée que cela, on vous effaçait de la photo…le « nombre de places » étant alors également « limité ».

  7. Toutes déclarations sociales de nos politiques au pouvoir ne sont qu’enfumages obligatoires qui plus est devants des journalistes qui ont le pouvoir très important de donner leur avis par la suite a des réponses que ces responsables on donnés à leur questions. Ça toujours été ainsi de puis l’émergence des médiats largement diffusés nous en avons encore un exemple récent quant à certains qui ont osés poser questions au chef de l’état sur des sujets brulants où les citoyens sont majoritairement préoccupés (70 à 80%) mais éludés si rapidement sans réponse concrète.

  8. A mon avis vous n’avez rien perdu, au bout de 10 mn du monologue bien orchestré j’ai zappé !! comme d’habitude il se glorifie et veut monter son intelligence et ses facultés intellectuelles, les bonnes solutions telle que celle du rétablissement des frontières et revenir à notre tarif d’électricité propre à notre prix de revient , RIEN , du creux et de la poltronerie !!!

  9. De toutes façons vous n’auriez pas pu poser les questions qui fâchent :

    Conférence de presse d’E. Macron: ASI révèle que les questions étaient connues à l’avance.

    « Envoyez-nous une question par SMS ». ASI révèle que les questions de la conférence de presse d’E.#Macron étaient connues à l’avance des attachés de presse de l’Élysée. Ces derniers étaient les seuls à décider quel journaliste aurait la parole…
    Article FDS

  10. Bien sûr l idéologie d extrême gauche à les portes ouvertes mais celle de la droite qui dérange la Macronie c est fermé

  11. Hélas , Rien de surprenant , Bd Voltaire comme C News font partie des médias qui ne caressent pas la Macronie dans le sens du poil ! Pire , ils sont tendance  » extrême droite » suivant les critères de la dite Macronie. Mme Laurence Ferrari , elle aussi , bien qu’ayant eu l’autorisation d’assister à la conférence de notre Grand Timonier , regrette qu’elle fut limitée dans le nombre de questions , Limitée , le mot est sans doute assez faible ….Une consolation , malgré le comportement peu démocratique de Macron et de ses affidés , les médias comme Bd Voltaire , C.News et d’autres voient leur audience augmenter .

  12. Chère Gabrielle Cluzel, vous avez raison de protester, mais votre naïveté interpelle. Vous croyez encore au respect de la démocratie par Macron et à son honnêteté ? Il faut bien comprendre que ce n’est pas un adversaire, mais un ennemi, à qui tous les coups sont permis.

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