Conférences à l’université : Rouillan, c’est oui. Bergeaud-Blackler, c’est non

Florence Bergeaud-Blackler

Elle s’appelle Florence Bergeaud-Blackler. Elle est anthropologue, chercheuse au CNRS et titulaire d’un doctorat de sociologie. Depuis des années, elle étudie le fonctionnement des Frères musulmans, leur doctrine, leur histoire, mais aussi leur stratégie, leur duplicité et leurs réseaux pour étendre un soft power islamique tentaculaire en Europe, devenue cible privilégiée de leur entrisme. Elle vient de publier aux Éditions Odile Jacob Le Frérisme et ses réseaux. L’Enquête et ce livre, préfacé par Gilles Kepel, lui vaut, depuis plusieurs mois, de lourdes attaques de tous ordres, des menaces de mort et une protection policière. Le 12 mai prochain, elle devait donner une conférence au Collège de Philosophie Sorbonne Université sur ce sujet. Elle vient d'être informée - par un tiers - que la doyenne de la faculté de la Sorbonne avait demandé la « suspension » de cette conférence. Florence Bergeaud-Blackler fait part de sa surprise sur Twitter : la doyenne ne l’a pas contactée, aucune manifestation n'était prévue. 

Pas de bol. Si Florence Bergeaud-Blackler avait été une ancienne terroriste d’extrême gauche, condamnée pour complicité d’assassinat, si elle avait rendu hommage sur une radio au « courage » des djihadistes du 13 novembre, comme Jean-Marc Rouillan, elle aurait été reçue sans souci à l’université de Bordeaux.

Si elle dansait lascivement comme Bilal Hassani dans une église ou peignait des scènes pédopornographiques comme Miriam Cahn, elle aurait reçu le soutien du ministre de la Culture et du président de la République, qui en auraient appelé aux mânes de Jean Moulin : un attentat à « nos valeurs » ! C’est la « liberté » qu’on assassine ! Mais une chercheuse, anthropologue, titulaire d’un doctorat en sociologie enquêtant sur un sujet aussi grave que l’emprise islamique dans notre pays peut être annulée, censurée, congédiée sine die par-dessus la jambe sans qu’aucun membre du gouvernement n’y trouve à redire. Silence radio à tous les étages. Inutile, par exemple, d’aller scruter le compte Twitter du ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau : visiblement, la censure d’une chercheuse du CNRS ne l’intéresse pas plus que la vandalisation des universités. Rien à cirer.

Tout au plus, sinon du côté du gouvernement, au moins de celui de la majorité, peut-on noter la réaction de la députée Renaissance Caroline Yadan sur Twitter, demandant un éclaircissement sur les raisons de cette suspension. 

Mais cette annulation en cachette, sans explication et ne suscitant aucune réaction, est à elle seule une validation éclatante, une illustration parfaite, du travail de Florence Bergeaud-Blackler. La censure de la conférence vaut en creux conférence : « Le frérisme d’atmosphère » évoqué par Gilles Kepel dans la préface se manifeste déjà de mille façons, et notamment dans l’esprit de défaite - ou de complaisance - de nos élites politiques et universitaires. 

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

52 commentaires

  1. La Doyenne de la Sorbonne n’est qu’une fonctionnaire, de quel droit supprime t elle une conférence sans motif vraiment valable, il me semble qu’il y a une grave lacune dans la chaine de commandement, où est le ou la ministre de l’enseignement supérieur, c’est une trahison de l’esprit d’origine de la Sobonne, théoriquement lieu de savoir et de débats librement exprimés.

  2. Parler de l’islam ou des Frère Musulmans dans une université parait être une bonne idée. La Sorbonne où tout devrait-être étudié pour avoir des idées sur un maximum de domaines, mais qui, par idéologie a refusé Florence Bergeaud-Blackler. Car, dans les Facs seule l’islamo-gauchisme est digne d’être écoutée. Dérives, dérives à tous les étages, Dieu que c’est triste !

  3. Ah si j’étais Dieu, j’en ferai un fameux de nettoyage de printemps. Mais plus modestement, si je n’étais qu’Hercule, j’en nettoierai des quantités d’écuries d’Augias ! Hélas, je ne suis que l’un du vulgum pécus, de ceux avec qui les gouvernements se torchent, de ceux qui n’ont comme arme qu’un bulletin de vote à utiliser parcimonieusement.

  4. Président, ministres et autres responsables, une smala composée de couards et d’irresponsables.
    Et « si » quelque-chose de grave devait se produire demain, venant de la main de ces « frères » ; et je parle pas franc-maçonnerie, mais des autres, du style de ceux qui veulent être rapatriés en France malgré leurs méfaits ; s’ils devait arriver quelque-chose donc, tous les premiers sus-cités seraient les premiers à faire le gros dos, et à garder le silence.
    À force de jouer à tout voir, tout entendre et ne rien dire, la France n’a que les dirigeants et responsables qu’elle mérite.

  5. Des lâches, tous de pleutres et des lâches ! On aimerait bien connaître le nom de cette courageuse doyenne.

  6. « UNIVERSITE » j’aime ton nom mais je n’aime pas ce que l’on te fait faire en ton nom. Il n’y a pas une association de défense des droits de l’homme (même s’il s’agit en l’occurrence d’une femme) qui pourrait l’aider à faire sa conférence dans des locaux situés pas trop loin de ce « machin » appelé « université » ?

  7. L’islam a bien compris que la France est faible, qu’elle n’en a pas. Alors, il avance surement et prend la place non défendue. L’islam est dans le vrai, nous, nous sommes couards. Tout ça est logique quand on se rappelle comment notre société a eu peur d’une grippe et comment elle s’est ruée vers les injections sous la menace… d’être privée de restau. Alors vous pensez bien que devant l’islam…L’inclusivité, la bienpensance, les déviances bienaimées, l’auto culpabilisation, la peur du climat, l’appel de la mort (euthanasie, avortement) pour… vivre mieux. Ces doxas progressistes et totalitaires lui font la place belle.

  8. « Annulation en cachette », quelle lâcheté ! Mais c’est hélas le quotidien de tous ceux qui dérangent la bien-pensance ! Un jour, cette bien-pensance finira bien par payer très cher leur aveuglement !

  9. Toutes et tous des lâches c’est à vomir, elle est belle la France où du moins elle l’était, merci à nos gouvernements depuis l’après Pompidou il y a 49 ans…….où en serons nous dans 49 ans, ou en serez-vous car moi je ne serai plus là mais nos enfants et petits enfants les vôtres,aussi????

  10. La lâcheté et la complaisance se porteront amples et échancrées ce printemps .Les « katangais » qui tenaient La Sorbonne en 68 ont fait des petits , Pol pot qui y étudia plus tôt y a conservé des amitiés.

  11. « de complaisance » : à croire que « soumission » était bien vu, de nombreux dirigeants (et dirigeantes ?) n’attendent que cela ????

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