Confinement : l’horrible danger de la lecture…

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Malgré le nom de notre site, ce n’est pas Voltaire qui fait mes délices, même si certains textes ou passages sont délectables, mais le titre de ce pamphlet, De l’horrible danger de la lecture, m’est revenu en mémoire en ces jours où les livres deviennent objets rares, accessibles seulement par commande hors magasin, hors conseil, hors feuilletage… Ma librairie favorite sera fermée, et demain, même le rayon livre du supermarché voisin. Et le bureau de tabac qui offre un beau choix de livres à côté des journaux, revues et jeux divers, sans oublier les masques… Faut-il m’y précipiter ? Je tiens ostensiblement une boîte de cigares et j’empoche discrètement le dernier Femina ?

Dans ce court texte, Voltaire, soucieux comme toujours d’attaquer la France, a usé d’un camouflage fréquent, à l’époque : il vise apparemment le pouvoir ottoman, mais nul ne s’y trompe, bien sûr… C’est la censure en France qui est en jeu.

Donc, la lecture est dangereuse, à la différence de la presse, aisément contrôlable et propre à manipuler les cerveaux. Il suffit d’entendre des gens de bon sens rassis, amis de quarante ans, prêts à vous sauter à la gorge si vous ne traitez pas Donald Trump de fou dangereux ; ils ne sont pas liés à l’Amérique, n’y ont peut-être jamais mis les pieds, leur anglais est un souvenir, mais ils s’informent, journaux et réseaux sociaux ont formé/até leur jugement et ils sont prêts à la rupture si vous insistez.

Donc, les livres ne sont pas « essentiels » et si l’homme « ne vit pas que de pain seulement », il vit d’abord de pain et notre bienveillant gouvernement veille au pain. Pour l’esprit, on verra plus tard et Internet suffira bien à distraire les foules confinées le soir et en fin de semaine. Il suffit de voir, à la télé, les publicités pour les merveilleux jeux pratiqués en famille : pas besoin de terrain de sport, de sentier dans la forêt, de plage déserte où lancer le ballon : un canapé, une manette qu’on se partage, un grand écran et vogue l’enthousiasme. Papa, maman, fiston et fistonne sautent de joie et, bien sûr, maman gagne plus souvent ! Ah, le génie des femmes !

Donc si vous avez votre pain, votre télé, votre masque (il est quelqu’un pour recommander le port du masque à la maison et, bientôt, j’imagine qu’il découvrira que le regard transmet le Covid-19 comme le mauvais œil et nous passerons aux lunettes noires obligatoires ou le tchadri des femmes afghanes sera vendu au rayon des essentiels), les médecins prescripteurs d’interdits, à défaut de médicaments vraiment efficaces, sont contents comme nos politiques rusés qui font d’une pierre deux coups : les populations protégées à la fois de la maladie et des attentats, personne dans les rues, personne égorgé, nous avons pensé à tout. Qu’ils crèvent de dépression et solitude, peu importe, on le mettra sur le dos du Covid-19 et hop ! les statistiques monteront encore.

Ils ne pourront même pas trouver le réconfort des services religieux. Non mais ! Même avec un masque, prières et chants transportent allègrement le virus qui déteste les supermarchés et les transports en commun mais adore messes et cultes. L’homme vivra peut-être « de la parole de Dieu » mais de loin, chacun invité à devenir moine chartreux dans sa chambre.

Quand confinera-t-on, hors caméra, et hors micro, les personnels politiques et innombrables fonctionnaires à leur service ?

Olga Le Roux
Olga Le Roux
Professeur

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