Confinement : taisez ce mot que nous ne saurions entendre
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Contaminé par le SARS-CoV-2, le gouvernement serait-il devenu normand ? Je m’explique : confinera ou confinera pas… p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non. Et en même temps… La valse hésitation qui ne dit pas son nom.
C’est devenu le jeu du jeudi soir : depuis quelques semaines, la France, rentrée au nid à 18 heures carillonnantes, contemple MM. Castex et/ou Véran dans un exercice de haute voltige syntaxique.
Il faut dire que la chose est complexe. À les entendre, la nécessité est là mais, comme l’écrivait Sophie Coignard, dans Le Point, ce vendredi 12 mars : « La menace plane, mais le mot est devenu tabou. Comme si, pour les politiques, évoquer le confinement attirait le mauvais œil. »
Les Français attendent le mot qui ne sort pas. C’est que nos politiques, en mal de vocabulaire sans doute, usent de périphrases alambiquées. Ainsi Olivier Véran qui, jeudi soir, commence par cette phrase alarmiste : « La situation est tendue et inquiétante. » Et donc ? Donc, « si l'épidémie se poursuit à ce niveau et à ce rythme, nous prendrions toutes les mesures qui s'imposent pour sauver des vies ». Mais encore ? Quelles mesures ? « La traduction ne demande pas d'efforts d'imagination surhumains », écrit Sophie Coignard.
Notre palette lexicale est pourtant riche. Si l’on ne veut pas confiner, on peut toujours boucler, enfermer, isoler, cantonner, cloîtrer… Après, quand la situation se complique, nous disposons d’un préfixe secourable : « re ». C’est simple, on prend le radical pour les situations radicales et l’on peut ainsi reconfiner, reboucler, renfermer, recantonner, recloîtrer…
Nos éminences usent de subtils dérivatifs : le couvre-feu national pour des soirées confinées avant les week-ends à la maison pour mieux se contaminer. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, préfère parler d’« approche territorialisée » quand Olivier Véran se penche sur l’« approche régionalisée ». Bref, un inavouable confinement à la carte. Mais après l’avoir fait réclamer par son premier fusible, Mme Hidalgo n’en veut plus. Pas question de confiner les Parisiens, son électorat bobo du canal Saint-Martin n’y résisterait pas.
Reste que l’application des « mesures appropriées » de Jean Castex via l’« approche territorialisée » d’Olivier Véran n‘est rien d’autre que le confinement ciblé. Sans effet notable à cette heure puisque planent sur nos têtes « les mesures qui s’imposent pour sauver des vies »...
Comme l’avait souligné Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, après le ballon d’essai de sa rivale : « Il est invraisemblable de confiner Paris sans confiner l'ensemble de la région. » À bien y regarder, il semblerait qu’en fait, on s’achemine vers une autre solution : boucler la France pour laisser Paris libre. Une belle idée, non ? Comprenez, dans la capitale de Mme Hidalgo, ça n’est pas comme ailleurs : à 18 h, on est juste en milieu d’après midi. Pas comme chez les bouseux qui se couchent avec les poules.
Déjà, on évacue les malades franciliens vers la province, alors, faire un cordon sanitaire autour de Paris ne serait qu’un petit pas de plus. Et ça laisserait aux bobos le loisir de s’ébattre.
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